Fiasco, un (vrai) désastre en série servi sur un plateau
CRITIQUE – Co-auteur de cette création pour Netflix, Pierre Niney patauge dans le rôle d’un réalisateur dont le premier tournage tourne au cauchemar. Sept épisodes paresseux qui font à peine rire.
« Fiasco ». Quelle folie de titrer une série comme ça ! Autant donner un tronc d’arbre pour se faire tabasser. Plus périlleux encore d’imaginer cette fiction en sept épisodes comme « The Office » à la française. Espérons que Steve Carell n’apprenne jamais que le réalisateur Igor Gotesman (à qui l’on doit la série Affaire de famille avec Jonathan Cohen) revendique une telle source d’inspiration. Ce serait embarrassant. Comme il est gênant de voir Pierre Niney, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, dans les atours de Raphaël Valande, un espoir du cinéma français dont le premier long métrage entend rendre hommage à sa grand-mère Huguette (Marie-Christine Barrault), résistante lors la seconde Guerre mondiale. Sauf que rien ne va se passer comme le réalisateur l’avait prévu.
Du premier coup au dernier plan, c’est une véritable déconfiture dans laquelle se plonge le jeune réalisateur à corps perdu et souvent bêtement. C’est en fait le seul visage proposé par Niney. Celui d’un sous-Barton Fink, d’un dur à cuire qui n’arrive pas à s’affirmer face à son acteur principal, Vincent Cassel, ne peut pas déclarer son amour à son actrice (Leslie Medina) et ne sait pas dire non à son meilleur ami, prêt à faire n’importe quoi (vraiment n’importe quoi) pour obtenir un rôle (François Civil).
En série, trop de crétinisme n’est pas l’ennemi du bien. Larry David lui doit sa gloire. Tout comme Steve Carell. Mais si la naïveté est la grâce des grands hommes, elle est ici la farce d’un grand acteur coincé dans une histoire totalement répétitive, au point d’en devenir éprouvante. Une histoire qui rebondit lourdement et qui, plus grave encore pour une soi-disant parodie, n’est jamais drôle. Tout est laborieux ici, même le maniement du second degré qui aurait pu mitrailler un à un les clichés qui, à la veille du Festival de Cannes, règnent sur le cinéma français.
Seules Géraldine Nakache et Juliette Gasquet sauvent leur peau dans ce désastre que nous sert Netflix en plateau. La première en assistante à la limite de la nymphomanie. Le second en tant que stagiaire chez l’assistante qui, à peine sortie de l’adolescence, apporte un peu de raison à ce gâchis. Comme s’ils essayaient, mais en vain, de donner un peu de corps à cette pochade. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. Cette série ressemble à une mauvaise idée née à la fin d’une soirée bien arrosée. Igor Gotesman et Pierre Niney sont très amis. Trop sûrement, à vrai dire : ce fut un échec.