Nouvelles

Feu vert des eurodéputés à une vaste réforme de la politique migratoire

Après des années d’âpres négociations, les députés ont adopté mercredi une profonde réforme de la politique migratoire européenne, qui renforce les contrôles aux arrivées aux frontières du bloc et met en place un système de solidarité entre les États membres.

Lors d’une séance plénière à Bruxelles brièvement interrompue par les protestations des militants des droits de l’homme, les dix textes de ce « Pacte sur la migration et l’asile », fruit d’un compromis difficile, ont tous été approuvés.

« Le meilleur compromis possible »

« C’est un grand pas pour l’Europe », a réagi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après le vote, saluant un « jour vraiment historique ». Le même adjectif a été utilisé par plusieurs dirigeants et responsables, à Berlin comme à Athènes. Le chancelier allemand Olaf Scholz a salué une « mesure historique indispensable » qui « limite l’immigration irrégulière et soulage enfin les pays particulièrement touchés ».

Parmi ces pays d’arrivée, la Grèce, par la voix de son ministre des Migrations Dimitris Kairidis, a salué « une avancée majeure ». Et le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, s’est félicité que les députés aient trouvé « le meilleur compromis possible, qui tienne compte des besoins prioritaires de l’Italie ».

La présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a estimé que le Pacte permettait de « sécuriser les frontières extérieures de l’Europe, apportait de la clarté sur les règles applicables et garantissait un équilibre entre solidarité et responsabilité, dans le respect des droits de l’homme. fondamental ». Le président français Emmanuel Macron a également salué l’adoption du Pacte, affirmant que l’Europe agissait à la fois « efficacement et humainement ».

Un autre « clou dans le cercueil »

Les trois principales familles politiques européennes – PPE (droite), Socialistes et Démocrates (S&D) et Renew Europe – ont globalement soutenu l’accord, qui a suscité l’opposition d’une grande partie de l’extrême droite, mais aussi des Verts, de la gauche radicale et de certains socialistes. .

Du côté des mécontents se trouve le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour qui la réforme est « un autre clou dans le cercueil de l’Union européenne ». « L’unité est morte, les frontières sûres n’existent plus. La Hongrie ne cédera jamais à la frénésie migratoire de masse ! Il faut du changement à Bruxelles pour stopper l’immigration ! “, a-t-il écrit sur X.

Son homologue polonais Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, a assuré que son gouvernement « protégerait » la Pologne contre le programme de relocalisation des migrants. Ce Pacte sur les migrations s’appuie sur une proposition de la Commission présentée en septembre 2020, après l’échec d’une précédente tentative de réforme, au lendemain de la crise des réfugiés de 2015-2016.

« Pacte de honte »

La réforme, qui a fait l’objet d’un accord politique en décembre, devra désormais être formellement validée par le Conseil (Etats membres), probablement à la fin du mois. L’objectif des négociateurs était d’aboutir à une conclusion avant les élections européennes de juin, de peur de voir le projet enterré par la prochaine législature.

Parallèlement à cette réforme, qui ne s’appliquera qu’en 2026, l’UE multiplie les accords controversés avec les pays d’origine et de transit des exilés (Tunisie, Mauritanie, Egypte) pour tenter de réduire le nombre d’arrivés à ses frontières. L’UE est confrontée à une augmentation des demandes d’asile, qui ont atteint 1,14 million en 2023, leur niveau le plus élevé depuis 2016, selon l’Agence européenne pour l’asile. Les entrées « irrégulières » dans l’UE sont également en augmentation, pour atteindre 380 000 en 2023, selon Frontex.

La réforme met en place un « filtrage » obligatoire des migrants arrivant aux frontières de l’UE, consistant à les enregistrer dans la base de données commune Eurodac. Une « procédure aux frontières » est prévue pour ceux qui sont statistiquement les moins susceptibles d’obtenir l’asile : ils seront retenus dans des centres pendant que leur dossier sera examiné de manière accélérée.

Quelque 161 organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, Amnesty International, l’International Rescue Committee, avaient appelé les députés européens à rejeter le Pacte, s’inquiétant des « détentions de familles avec enfants » et de la « criminalisation » des exilés. « Le pacte tue, votez non », scandaient certains militants présents dans les tribunes de l’hémicycle lors de la séance.

Chez les Verts, l’élu français Mounir Satouri a critiqué « un effondrement des valeurs ». « C’est un pacte de honte, car il supprime le droit individuel à l’asile », a dénoncé la députée allemande Cornelia Ernst (GUE, gauche radicale).

Système de solidarité obligatoire

La règle actuelle selon laquelle le premier pays d’entrée d’un migrant dans l’UE est responsable de sa demande d’asile est maintenue avec quelques ajustements. Mais pour aider les pays où arrivent de nombreux exilés, comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, un système de solidarité obligatoire est organisé.

Les autres États membres doivent contribuer en prenant en charge les demandeurs d’asile (délocalisations) ou en apportant une contribution – financière ou matérielle – au profit du pays sous pression migratoire. Cette alternative visait à surmonter l’opposition de la Hongrie et de la Pologne à tout quota de réfugiés, mais les deux pays restent hostiles à la réforme.

Ces propositions sont critiquées par l’extrême droite. L’eurodéputé français Jordan Bardella (groupe Identité et Démocratie) a accusé l’UE d’avoir choisi « la voie de la faiblesse et celle de l’appel aérien ».

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
Bouton retour en haut de la page