Ce week-end, Lucien, le rockeur de banlieue préféré des Français né dans Métal hurlant sous la plume de Frank Margerin, vous donne rendez-vous au festival Aux quatre coins du mot à La Charité-sur-Loire.
Grand admirateur de Goscinny et d’Hergé, Margerin a toujours rêvé de bande dessinée. Son Graal fut Pilote mais c’est dans Métal hurlant qu’il fit ses débuts. « Au début, c’était bohème, c’était dur mais j’ai eu beaucoup de chance d’arriver au moment où plusieurs magazines publiaient des BD et cherchaient des auteurs. Aujourd’hui la part du gâteau est beaucoup plus limitée », raconte celui dont le seul but dans la vie est de « faire rire les gens » et de raconter des histoires d’amis. En 1987, Dennis’ Twist, dont il fait partie avec d’autres auteurs de BD dont Dodo, Vuillemin et Jean-Claude Denis, voit son premier single Tu dis que tu l’M inspiré de Hungry Heart de Bruce Springsteen atteindre la dixième place du Top 50 : « On ne sait pas par quel miracle parce que franchement ce n’était pas le cas… mais c’était populaire, on a fait toutes les émissions de télé Drucker, Sabatier, Jacques Martin, Canal+… Nos potes qui faisaient vraiment de la musique étaient verts ! Après, c’est devenu complètement ingérable pour le label parce que sur les neuf membres, sept voulaient chanter… Personne n’a survécu à Dennis Twist musicalement mais on s’en fichait, on avait tous un boulot. C’est une parenthèse dans notre carrière dont je me souviens avec tendresse. »
En 2008, Lucien quitte Humanoïdes associés et rejoint Fluide Glacial qui publie la suite de ses aventures de pater familias quinquagénaire, vendeur de guitares et en pleine crise existentielle… Sur un scénario de Marc Quadrado, Frank entame alors la série « Je veux une Harley » : « Ça a marché, on a continué ». Depuis, il n’a plus rien publié mais, pour le plus grand bonheur de ses fans, le dessinateur répond sans qu’on le lui demande aux invitations de festivals. « La plupart ne m’ont jamais vu, ils ne viennent pas pour la nouveauté mais pour me voir. Je signe alors des autographes avec que les bons côtés : des gens super sympas qui m’offrent des livres, du chocolat, une bonne bouteille… En retour, je leur fais de beaux dessins et tout le monde est content ! » Le 9 mai, Margerin sera avec ses collègues dessinateurs Charles Berberian et Hervé Bourhis sur la scène du festival Aux quatre coins du mot pour un spectacle dessiné. La Charité-sur-Loire se situe non loin du village d’Entrains-sur-Nohain où vit sa sœur, chez qui il a passé le confinement. Scoop, il vient d’y acheter une petite maison et sa sœur « qui sait tout le monde a organisé un week-end Lucien avec la mairie » les 3 et 4 août avec une exposition, un défilé de voitures anciennes, de mobylettes et un concours de pin-up ! « Là-bas, c’est encore la France des années 60 avec des grands-parents vraiment cools, des artistes, des parias, des gens qui travaillent à domicile. Dans les endroits plus chics, c’est le bazar car certains veulent ce qu’ils n’ont pas. Je ne me suis jamais intéressé à l’argent ou aux apparences », explique celui qui s’envole deux fois par an pour le Chili. Où sur une île, dans une petite maison en bois au cœur de la forêt, il rejoint sa chère et tendre : « L’été, il fait 23 degrés et on mange du poisson pêché au petit matin. Il n’y a pas internet, je me reconnecte une fois par semaine. Le bonheur. » En attendant, c’est sur les bords de Loire qu’il vous invite à la rencontre de Nick Kent, Laurence Romance et Nicolas Richard.
À ne pas manquer
Léa Rouquerol
Le programme :
Samedi 11
14h30 rock’n’Bd : main dans la main
La bande dessinée française est largement rythmée par des riffs de guitare. D’où vient cette passion pour la musique chez les auteurs de bande dessinée et comment se manifeste-t-elle chez Frank Margerin, Magali Le Huche, Hervé Bourhis ou Charles Berberian ?
16h30 Slumberland : un DJ en quête du jazzman ultime
Une conférence sonore imaginée par le traducteur-auteur Nicolas Richard et le musicien Rubin Steiner. Un DJ noir américain s’installe à Berlin pour concocter le beat parfait, ou presque… quand Paul Beatty détruit à tout prix les clichés sur la musique, l’amour, l’alcool, la drogue et l’Allemagne.
21h Les Girls ont inventé le punk rock !
En 2019, dans sa chanson Girls, Rubin Steiner énumérait toutes les musiciennes qui ont changé l’histoire et sa collection de disques. Samedi, il sera aux platines avec Hervé Bourhis, DJ occasionnel, tandis que les dessinateurs Frank Margerin, Magali Le Huche et Charles Berberian improviseront sur Kim Gordon, Debbie Harry ou les punkettes de The Slits.
Dimanche 12
14h30 : Le Grand Salon de la Critique Rock
Belkacem Bahlouli, rédacteur en chef de Rolling Stone, réunit un panel de choix avec Nick Kent, témoin privilégié de l’effervescence musicale britannique de David Bowie aux Sex Pistols ; Laurence Romance, chroniqueur acerbe de Libération dans les années 1980 et figure de Rock Express sur M6 dans les années 1990 ; et Nicolas Richard, écrivain et traducteur de Hunter S. Thompson, Patti Smith, Nick Cave et Bruce Springsteen.
Sans oublier le spectacle de Renaud Cojo, l’homme qui a vu David Bowie en concert 37 fois ; une table ronde avec les fans professionnels Michka Assayas, Maud Berthomier et Frédéric Lemaître ; l’exposition des couvertures de Rolling Stone, Zoon Besse et sa passion pour Jacques Higelin et les hommages à Angela Davis, Nina Simone, Patti Smith, Bérurier noir, Georges Brassens, Rachid Taha, Anaïs Nin, Henry Miller et Coluche !
Réservations via le site officiel – tél : 03 86 70 15 06
Grb2
