Fervent soutien à l’Ukraine, « Dame de fer » en Estonie… Qui est Kaja Kallas, choisie pour diriger la diplomatie européenne ?

Elle est une opposante déterminée au Kremlin et une Européenne convaincue. Le Premier ministre estonien Kaja Kallas a été choisi par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, réunis jeudi lors d’un sommet, pour être la voix de la diplomatie de l’Union européenne (UE), sur fond de guerre en Ukraine. Elle succédera à l’Espagnol Josep Borrell.

Celui qui a apporté un soutien résolu à l’Ukraine dès le début de l’invasion russe en février 2022, a d’emblée souligné que « la guerre en Europe » et « l’instabilité croissante dans notre voisinage et dans le monde » constituaient les principaux défis de la politique étrangère européenne.

Fille de l’ancien chef du gouvernement estonien et commissaire européen Siim Kallas, cette avocate de profession est née alors que l’Estonie faisait encore partie intégrante de l’Union soviétique. Agée de 47 ans, elle a été élue une première fois députée en 2011 pour le Parti réformateur, parti libéral fondé par son père, avant d’obtenir un siège au Parlement européen, apparaissant à plusieurs reprises sur les listes des députés européens les plus influents.

Un intérêt pour le chef de l’OTAN

Le pays balte, qui ne compte que 1,3 million d’habitants, est devenu, proportionnellement, l’un des donateurs les plus généreux de l’Ukraine, son aide dépassant 1 % de son PIB. «Si une telle agression s’avère payante en Ukraine, elle pourrait encourager la même chose ailleurs. Il faut discréditer totalement l’outil d’agression”, déclarait le dirigeant lors d’un entretien à l’AFP en décembre 2023.

Kaja Kallas, qui parle couramment l’anglais, le russe et le français en plus de son estonien natal, avait ouvertement exprimé son intérêt pour remplacer le Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de l’OTAN. Son attitude combative à l’égard du président russe Vladimir Poutine lui a valu le soutien de plusieurs pays de l’UE, dont la Pologne, mais a peut-être freiné un instant ses ambitions, comme elle l’a elle-même admis.

« Le souci (pour les pays baltes) est que l’année prochaine cela fera vingt ans que nous sommes membres de ces organisations, l’UE et l’OTAN, mais que nous ne sommes pas considérés comme des candidats égaux pour des postes de haut niveau », a-t-elle déploré. fin 2023. « Et si j’entends cet argument selon lequel je serais une provocation pour la Russie, alors je rétorque que nous donnons trop de pouvoir à la Russie pour nous dicter nos décisions », a-t-elle ajouté.

Recherché par la Russie

De ce point de vue, celle que l’on surnomme « la Dame de fer » en Estonie n’a jamais eu peur de provoquer Moscou. Dans un geste symbolique de rupture avec son passé, le gouvernement estonien a retiré les monuments de guerre de l’ère soviétique de l’espace public, un processus qui s’est accéléré après l’invasion de l’Ukraine.

« Lorsque nous avons retrouvé notre indépendance, nous avions bien d’autres soucis. Lorsque la guerre a commencé, elle a en fait rouvert toutes les blessures », a déclaré Kaja Kallas. Cette fermeté lui a valu d’être inscrite sur la liste des personnes recherchées par Moscou en février dernier, officiellement pour « destruction de monuments aux soldats soviétiques ».

Malgré sa popularité, elle a dû faire face à une crise de confiance en 2023 après que les médias locaux ont rapporté qu’une entreprise détenue en partie par son mari continuait d’opérer en Russie. Rejetant les appels à la démission, Kaja Kallas a été réélue à la tête du Parti de la réforme, son image internationale n’ayant pas été ternie par le scandale.