Le bras de fer ne fait que commencer entre la direction de Carambar & Co et les représentants du personnel de Poulain. Pour soutenir leurs représentants dans ce combat, les salariés ont décidé d’investir, ce mardi, la salle où s’est ouvert le comité social et économique extraordinaire (CSE) à l’usine de Villebarou. « Comme la direction n’a pas voulu nous confronter ce matin à notre arrivée, nous sommes allés les rencontrer au moment de l’ouverture du CSE, expliquent les salariés. Nous sommes restés cinq minutes, juste pour marquer le coup. »
« Pas d’accord avec les chiffres de la direction »
Après un premier round rapidement expédié le 13 juin pour vices de procédure, la direction a réuni à nouveau les partenaires sociaux ce mardi 25 juin pour engager la procédure d’information concernant le projet de fermeture du site Poulain. A la pause déjeuner, seul un point sur les six à l’ordre du jour avait été discuté. « Nous parcourons tout le livre II sur l’aspect économique. Cela prend beaucoup de temps », » précise Cédric Tournois, délégué syndical central CFDT Poulain. Nous nous arrêtons souvent pour recadrer nos positions. Nous ne sommes pas d’accord avec les chiffres de la direction. Ce projet de fermeture n’a aucune raison d’exister. »
A l’issue du CSE, conclu en milieu d’après-midi, Olivier Dupont, FO local et secrétaire central du CSE, n’a pas souhaité s’exprimer directement. L’intersyndicale a donné son accord : elle ne communiquera pas avant d’avoir fait le point avec son avocat Thomas Hollande.
Selon les informations glanées tout au long de la journée, c’est bien un projet de relocalisation qui a été dévoilé aux membres du CSE. On a appris que la production de chocolat liquide devrait être sous-traitée au fabricant européen Barry Callebaut. L’usine strasbourgeoise appartenant à Carambar & Co et qui fabrique la marque Suchard recevrait alors le chocolat liquide pour fabriquer des moules et des packagings pour la marque Poulain. De plus, la poudre de chocolat serait sous-traitée à Kruger en Allemagne. C’est ce même groupe qui a repris, un an plus tôt, la production de poudres de chocolat (marques Kaba et Benco) destinées au marché européen que fabriquait le site de Villebarou. Quant aux barres dites gourmandes, elles seraient fabriquées en Belgique.
Un acheteur potentiel toujours sur la table
Dans un communiqué, la direction de Carambar & Co justifie sa décision par une sous-activité structurelle – « les lignes de production (comprimés et poudres) de l’usine de Villebarou ne tournent qu’à 25% de leur capacité ». Face à cette situation, elle réaffirme avoir recherché des partenaires industriels dans les secteurs du chocolat et de l’agroalimentaire, mais « que personne ne voulait aller plus loin. Cependant, si un projet industriel à long terme devait être présenté, la direction l’examinerait attentivement. » Si l’idée d’un repreneur est potentiellement encore sur la table, les délégués syndicaux restent dubitatifs : « Nous avons l’impression que l’acheteur potentiel est variable en fonction des sujets abordés. Nous ne voyons rien de concret. »
La direction du groupe indique que les partenaires sociaux seront consultés pour donner un avis sur ce projet de fermeture à l’automne prochain. En attendant, elle se dit déterminée à « poursuivre un dialogue social constructif afin d’accompagner au mieux les 109 salariés concernés ». Les négociations sur le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi semblent démarrer, comme le mentionne la direction : « Nous veillerons à favoriser au maximum la mobilité professionnelle au sein des autres sites du groupe en France ou dans d’autres entreprises de la région opérant dans le secteur agroalimentaire. »
La direction de Carambar & Co précise qu’elle réservera la première de toute information complémentaire à l’ensemble de ses salariés.