Ferme sur 64 ans, Borne ouvre le jeu sur les droits à la retraite des femmes

Publié le 29 janvier 2023 à 17:26Mis à jour le 29 janvier 2023 à 18:52
La journée de mardi risque d’être « difficile, voire très difficile » dans les transports, a prévenu le ministre de tutelle, Clément Beaune, sur RTL dimanche, avant la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Pour le gouvernement, c’est toute la semaine qui s’ouvre qui risque d’être très difficile sur le front des retraites : car il y a, à la fois, après la journée de mobilisation réussie du 19 janvier, celle de mardi, mais aussi la Début, ce lundi, des discussions sur le projet de loi en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Et ils ne ressemblent pas à une promenade de santé, loin de là, y compris avec la majorité. Enfin et surtout, il y a des Français dont l’opposition à la réforme ne faiblit pas.
« Plus négociable »
Ainsi, en ce début de semaine cruciale, avec la Première ministre Elisabeth Borne, les quelques poids lourds du gouvernement sont montés au créneau pour « assumer », selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans un entretien au « Parisien », à » travailler davantage « pour » remettre notre système de retraite en équilibre ». « On n’obtient rien pour rien », poursuit celui qui tente, dans la division, d’enfoncer un coin dans le front anti-réforme : il distingue « les syndicats, la gauche traditionnelle », et « la paresse et le gauchisme bobo » ou encore les Nupes, qui ne « cherchent qu’à border le pays ».
Mais, comme le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et dans les mêmes termes exactement, il assure, face aux « améliorations » demandées même dans la majorité, que le débat parlementaire « doit permettre de répondre à ces inquiétudes. »
La cheffe du gouvernement, interrogée par franceinfo en marge d’une réunion publique dans sa circonscription, a été ferme sur les grands paramètres de l’équilibre financier de la réforme. Elisabeth Borne a rappelé que le relèvement de l’âge légal à 64 ans « n’est plus négociable ». « Ce qui n’est plus négociable, c’est le bilan en 2030 », ajoute son entourage. « La retraite à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine, c’est ce que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires », a encore martelé le Premier ministre.
Elle « se bombarde la poitrine », a torpillé le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur BFMTV. « Une provocation quarante-huit heures avant la manifestation », a tranché le dirigeant communiste Fabien Roussel sur Europe 1. Un « coup de menton », a ajouté le député LR Aurélien Pradié. Sans cela, « il n’y aurait plus de réforme », s’est défendu le patron du Modem, François Bayrou, sur France Inter.
Femmes avec de petites pensions ou de longues carrières
Cela n’a cependant pas empêché Elisabeth Borne d’envoyer des signaux et d’entrouvrir une porte sur certaines évolutions, hors du « cœur du réacteur de la réforme », selon l’expression de Clément Beaune. Car le gouvernement le sait, s’il ne veut pas donner l’impression de vouloir lâcher prise, il sera tout de même obligé, s’il veut faire passer sa réforme au Parlement sans 49.3, de bouger, tant les revendications dans sa majorité , et notamment au Modem allié, mais aussi chez LR, sur les carrières longues où les femmes sont importantes.
Sur une clause de révision en 2027, réclamée par LR et le Modem, Elisabeth Borne, si elle souligne que la présidentielle et les législatives ne font qu’un « par nature », ne se ferme pas sur un « point d’étape » sur le « retour à l’équilibre ». Surtout, sur les femmes, sujet qui a fait polémique toute la semaine et qui concentre les amendements de la majorité comme de LR, Elisabeth Borne a assuré qu’une analyse était en cours sur les quartiers à la maternité et à l’éducation.
« Aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser pleinement. On voit qui c’est. Petites retraites ? Les femmes qui ont commencé à travailler tôt. […] ou lorsque vous êtes un cadre supérieur avec la perspective d’une bonne retraite, peut-être faites-vous partie de ceux qui devront peut-être travailler un peu plus longtemps ». Le rapporteur du texte à l’Assemblée, Stéphanie Rist, n’a, à ce stade, déposé aucun amendement. Les cabinets ministériels phosphorent sur ces points avant la bataille de l’Hémicycle.
Borne sur France 2 jeudi soir
Le gouvernement, qui jure que « rien n’est décidé », cherche à bouger sur ces sujets des carrières longues et des femmes. Avec, si possible, des mesures qui peuvent faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire toucher les femmes aux carrières longues et/ou aux petites retraites. Et sans que ces modifications coûtent trop cher…
Ce sera au menu du déjeuner ce lundi entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne et sans doute à l’émission politique « L’Evénement » de France 2 jeudi soir à laquelle participera le Premier ministre. D’ici là, et sur ces évolutions possibles, la dynamique de mardi sera bien entendu cruciale.