L’Italie connaît un ralentissement dans son secteur de la mode, crucial pour son économie, avec des prévisions annonçant une baisse de 3,5% du chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’année par rapport à 2023.
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Fendi a donné le coup d’envoi de la Fashion Week milanaise pour la saison printemps/été 2025, mardi 17 septembre, avec une collection inspirée de l’esprit festif des années 1920, contrastant avec l’état morose du secteur. La collection élégante et discrète de Kim Jones est un préambule au centenaire que la maison romaine célébrera l’année prochaine.
En référence à Gatsby le Magnifique ou à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925, la collection fait la part belle aux robes chasubles, taille basse, agrémentées de franges, de perles et de fines broderies. Les formes les plus simples en apparence sont en fait réalisées avec l’excellence du savoir-faire de la maison : ici, un tee-shirt en daim façon crocodile, là, un manteau peignoir en peau de mouton ou encore une combinaison à la forme élémentaire en soie ou en organza recouverte de broderies faites main. Le prêt-à-porter flirte avec la couture dans une légèreté insouciante.
Une légèreté qui fait presque oublier le ralentissement du secteur de la mode, pourtant crucial pour l’économie italienne. Le chiffre d’affaires de la mode transalpine a chuté de 6,1% au premier semestre et les prévisions prévoient une baisse de 3,5% pour l’ensemble de l’année par rapport à 2023, selon les chiffres de l’institut Fashion Economic Trends publiés par la Chambre nationale de la mode italienne.
Les résultats semestriels des grands groupes de luxe confirment ce ralentissement après des années de croissance à deux chiffres. Le géant français du luxe LVMH, qui possède les maisons italiennes Fendi et Loro Piana, a enregistré un chiffre d’affaires en baisse de 1%, à 41,7 milliards d’euros. Son rival Kering, propriétaire de Gucci et Bottega Veneta, a vu ses revenus plonger de 11%, à 9 milliards d’euros, et Richemont a bouclé le premier trimestre de son exercice 2024 (avril-juin) avec des ventes en baisse de 1%, à 5,27 milliards d’euros.
Cette situation oblige les maisons à se restructurer (un changement qui a conduit à la première grève chez Gucci en novembre 2023), à réorganiser leurs équipes (d’où un mouvement de chaises musicales des PDG et directeurs artistiques des grandes maisons) et à diversifier leurs activités (notamment dans l’hôtellerie de luxe).
Le calendrier de cette Fashion Week reste dense, avec une journée de plus par rapport aux éditions précédentes. Jusqu’au 22 septembre 2024, 174 événements sont programmés : 57 défilés physiques, 8 en ligne, 76 présentations et 33 événements. Avec les shows de Prada, Gucci, Bottega Veneta, Versace et Dolce & Gabbana à l’honneur.
Giorgio Armani a exceptionnellement choisi New York pour présenter ses collections femme le 17 octobre prochain. Le créateur de 90 ans sera néanmoins présent avec deux shows le jeudi 19 septembre pour sa ligne Emporio Armani suivis d’une grande fête dans le théâtre futuriste de son QG milanais.
Moncler délaisse également Milan au profit de Shanghai pour son défilé événement du 19 octobre. MSGM, Blumarine et Tom Ford ne sont pas non plus au calendrier, ces deux derniers venant d’annoncer les noms de leurs nouveaux directeurs artistiques – David Koma chez Blumarine, Haider Ackermann chez Tom Ford.
L’industrie de la mode représente 5 % du PIB (produit intérieur brut) de l’Italie. « Le secteur de la mode, avec un chiffre d’affaires de 108 milliards d’euros et des exportations de 81,6 milliards, est celui qui contribue le plus que d’autres à la consolidation de l’image d’excellence de notre pays à l’étranger », a rappelé Lorenzo Galanti, directeur général de l’Agence ICE (Agence pour la promotion à l’étranger et l’internationalisation des entreprises italiennes) lors de la conférence de presse de présentation de la Fashion Week.
Outre le défi qu’elles représentent pour l’industrie de la mode, les Fashion Weeks ont également des répercussions économiques importantes pour les villes qui les organisent. La capitale lombarde a ainsi révélé l’impact touristique important généré par ses fashion weeks en février et septembre : 396 millions d’euros de chiffre d’affaires. Des résultats induits par la venue de 245 000 personnes (mannequins, journalistes, acheteurs, influenceurs… sans compter tous ceux qui travaillent dans l’ombre), dont 56% sont italiens et 44% étrangers, selon une étude réalisée par l’association des commerçants milanais Confcommercio Milano.
Grb2