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Félix Lebrun bronzé, un vrai coup de soleil pour le tennis de table français – Libération

Le joueur de 17 ans a facilement remporté le match pour la troisième place, dimanche 4 août, face au Brésilien Hugo Calderano, confirmant qu’il est capable de rivaliser avec le Chinois.

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Que dire qui n’a jamais été dit des frères Lebrun en général, du cadet Félix en particulier ? Leur enfance à Montpellier, leur biberonnage au ping-pong, leur père bon joueur français, leur oncle Christophe Legoût pongiste international. On pourrait aussi citer les séances d’entraînement dans le garage familial, les simulations de ping-pong avec tout et n’importe quoi, l’émergence soudaine de la 1 068e place mondiale il y a deux ans à la 5e place aujourd’hui. Ce qui lui donnerait le titre honorifique de meilleur joueur du monde, sur une planète où la Chine n’existerait pas.

On a souligné la ressemblance avec son frère Alexis, qui les ferait passer pour des jumeaux s’ils n’avaient pas trois ans d’écart. La coupe de cheveux très sage, les lunettes. Le regard plus rat de bibliothèque que champion. On a aussi parlé de sa prise en main « porte-plume », généralement l’apanage des Chinois. L’incroyable laxité du poignet qui lui donne un revers mortel et lui permet de créer des effets fous sur la balle. Ses services (on dit qu’il en a plus de 100 différents en stock) qui mettent ses adversaires à la torture.

Félix Lebrun et Hugo Calderano, têtes de série numéro 3 et 4 avant le début du tournoi

Ce qui n’avait pas été dit, et pour cause : depuis ce dimanche 4 août, en début d’après-midi, la belle histoire s’est enrichie d’une médaille de bronze olympique. Après le ballon du match, Félix Lebrun, du haut de ses 17 ans, est monté sur un podium olympique. Il ressemblait diablement à celui qu’il s’était projeté, douze ans auparavant, en jurant qu’un jour, il monterait dessus.

Il n’a pas eu besoin de lever la jambe très haut à l’Arena Sud pour monter sur « la boîte », puisqu’il a dominé son adversaire, le Brésilien Hugo Calderano, dans ce match pour la troisième place. Un match on ne peut plus logique, puisque le Français et le Brésilien étaient respectivement têtes de série numéro 3 et 4 avant de débuter le tournoi parisien. Pour atteindre le dernier carré, le Brésilien a l’air aussi joyeux qu’un soldat nord-coréen qui enterrerait le « Grand Soleil du XXIe siècle » (aka Kim Jong-un) et avec autant de tics au service que Rafael Nadal, avait notamment éliminé Alexis Lebrun en huitièmes de finale.

Depuis la fessée cul nu infligée vendredi en demi-finale par le Chinois Fan Zhendong (et lui aussi médaillé d’or après son succès contre le Suédois Moeregaardh), Félix Lebrun avait eu le temps de se remonter le moral et d’élaborer avec son entraîneur, Nathanaël Molin, la tactique qui lui permettrait d’annihiler la puissance du Brésilien. Autre enjeu clé : trouver le moyen de surprendre encore un adversaire avec lequel il s’entraîne régulièrement. Le match n’a pas été très riche en ces échanges spectaculaires qui tirent des « ooooooh » et des « aaaaaah » de la gorge des spectateurs. Lebrun a fait cavalier seul, pour l’emporter 4 sets à 0 (11-6, 12-10, 11-7, 11-6). Il n’a eu qu’une petite alerte en sauvant une deuxième balle de set.

« C’est la première fois de ma vie que je pleure de joie, normalement je ne suis pas une personne hyper-émotive, a avoué Félix Lebrun après sa victoire. Il n’a pas fait le meilleur match de sa vie, mais c’est grâce à ce que j’ai fait tactiquement. J’ai mis la pression sur lui sur chaque ballon et j’ai très bien géré son stress. » Et le nouveau médaillé de bronze a continué : « Nathanaël a un rôle énorme. Cette médaille était un rêve pour nous deux. Il mérite ce moment autant que moi. »

Vous êtes prêt à jouer à ce jeu depuis douze ans, nous allons vous expliquer comment vous allez y jouer.

— Nathanaël Molin, l’entraîneur de Félix Lebrun, s’entretenant avec lui avant son match pour la troisième place

Quel entraîneur racontait une scène de la veille. « Je l’ai pris en face et je lui ai demandé : « Dis-moi vraiment comment ça se passe ». Il m’a répondu que bien sûr il avait un peu peur. Je lui ai dit : « C’est normal. Maintenant, ça fait douze ans que tu es prêt à jouer ce match, on va t’expliquer comment tu vas le jouer, il n’y aura pas de problème ».

Avant de revenir à la compétition par équipes ce lundi, tout en évoquant l’ambiance incroyable qui a porté son frère et lui toute la semaine, Félix Lebrun a déclaré : « C’est une immense source de fierté de savoir que j’ai touché un peu les gens. Parents, tenez-vous bien : après ces Jeux, votre enfant aura peut-être envie de jouer au ping-pong. Bonne chance. Les places en club vont coûter cher.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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