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Faut-il utiliser de la crème solaire ou des vêtements anti-UV pour se protéger du soleil ?

Faut-il utiliser de la crème solaire ou des vêtements anti-UV pour se protéger du soleil ?

TuUne vague de chaleur va toucher la France pour les derniers jours du mois de juillet. Le soleil est de sortie et avec lui ces fameux rayons ultraviolets (UV) dont il faut se méfier. En effet, une dose excessive d’UV attaque les cellules de la peau et peut provoquer des dommages irréversibles comme l’apparition de cancers cutanés.

Selon l’Institut National du Cancer, le nombre de nouveaux cas de cancer de la peau a doublé entre 1990 et 2023. Il est donc essentiel de se protéger en appliquant les mesures de protection solaire adaptées.

Les filtres, les « écrans » des crèmes solaires

Quand on parle de protection solaire, on pense généralement aux crèmes solaires. Mais comment fonctionnent-elles exactement ?

Avant de poursuivre, il est utile de rappeler la composition des rayons UV. La lumière solaire contient trois types de rayons UV : les UVA, les UVB et les UVC. Lorsqu’ils traversent l’atmosphère, tous les UVC et la plupart des UVB sont absorbés par la couche d’ozone. Seuls les UVA ne sont pas filtrés efficacement par l’atmosphère et représentent 95 % des rayons UV qui atteignent la surface terrestre.

Les rayons UVA ont un effet à long terme, jouant un rôle majeur dans le vieillissement prématuré de la peau et augmentant le risque de cancer de la peau. Les rayons UVB atteignent l’épiderme et provoquent à court terme des coups de soleil et un bronzage. Cependant, l’accumulation de leur action contribue également au vieillissement prématuré de la peau et au développement de cancers à plus long terme.

Les crèmes solaires bloquent les rayons UV avant qu’ils ne pénètrent dans la peau. Elles contiennent des filtres UV qui peuvent être de deux types : des filtres chimiques (organiques) et des filtres physiques (minéraux).

Les filtres organiques, molécules contenant des atomes de carbone, absorbent les rayons UV à la place de la peau et transforment l’énergie du rayonnement reçu en faible chaleur, qui est ensuite dissipée.

Ces filtres ont l’avantage d’être transparents une fois appliqués sur la peau. Cependant, les filtres organiques ne sont pas toujours efficaces sur l’ensemble des longueurs d’onde du spectre UV. Pour obtenir une protection adéquate, il est souvent nécessaire de les combiner. La composition d’un produit solaire peut donc contenir plusieurs molécules chimiques complémentaires, comme indiqué sur l’étiquette.

Les filtres minéraux, quant à eux, agissent comme une barrière physique en réfléchissant les rayons UV loin de la peau, un peu à la manière d’un miroir. Ces filtres sont principalement constitués d’oxydes, comme l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane. Les filtres minéraux ont l’avantage d’être moins allergisants et plus actifs sur toutes les longueurs d’onde, sur toutes les longueurs d’onde UV, que les filtres organiques. Cependant, ils forment souvent un film blanc sur la peau, qui peut être inesthétique.

De plus, certains de ces écrans minéraux sont controversés en raison de leur formulation sous forme de nanoparticules (pour éviter l’aspect blanc sur la peau). Nous reviendrons sur ce point plus loin.

Quelle quantité d’UV la crème solaire bloque-t-elle ?

Dans les deux cas, comme leur nom l’indique, ces crèmes solaires agissent comme des « écrans » et ne bloquent pas tous les rayons UV du soleil. Certains de ces rayons peuvent traverser la crème solaire et se frayer un chemin jusqu’à notre peau. Pour mesurer la quantité de rayons UV qui échappe à la crème solaire, on utilise le facteur de protection solaire ou FPS (notez que l’emballage affiche parfois l’acronyme anglais SPF). Plus le FPS est élevé, moins les rayons UV parviennent à traverser la crème solaire.

Si elle est appliquée correctement (en quantité et en fréquence), une crème solaire avec un SPF 15 absorbe 93% des rayons UVB, et avec un SPF 30, 97% des rayons UVB sont filtrés, selon une recommandation de la Commission européenne. Et enfin, le niveau de protection entre une crème solaire SPF 30 et SPF 50 (qui arrête 98% des rayons UVB) sera finalement très proche…

Cependant, bien que les crèmes solaires soient très efficaces dans des conditions optimales d’utilisation, leur efficacité diminue avec le temps et varie en fonction de plusieurs paramètres tels que la quantité de crème appliquée, les frottements qui l’enlèvent, la transpiration, l’eau, etc.

Des filtres chimiques toxiques pour les coraux

D’autre part, plusieurs études scientifiques démontrent que la crème solaire n’est pas neutre pour l’environnement. En effet, les filtres UV ont un effet délétère et agressif sur les récifs coralliens et sont responsables de leur blanchissement.

En France, les coraux des territoires d’outre-mer de Guadeloupe, Martinique, La Réunion et Mayotte sont également concernés. Après avoir passé en revue la littérature scientifique disponible sur la question avec le soutien de l’Office français de la biodiversité, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mis en évidence la toxicité de trois filtres UV présents dans les crèmes solaires pour les coraux. Il s’agit de l’oxybenzone, de l’octinoxate et de l’octocrylène.

Comment identifier les crèmes solaires respectueuses du milieu marin ? Les services de l’Anses mettent en garde contre la présence sur certaines crèmes solaires de pictogrammes ou de mentions mettant en avant un supposé respect du milieu marin :

« Ces marquages ​​doivent être appuyés par des études menées sous la responsabilité des fabricants qui les commercialisent. La présence d’une des substances citées ci-dessus (oxybenzone, octinoxate et octocrylène) paraît incompatible avec la possibilité de bénéficier de telles allégations. »

En pratique, la solution est donc d’examiner la liste des ingrédients qui composent la crème solaire pour vérifier qu’elle ne contient pas l’un de ces trois filtres UV.

Et notre santé ?

Les crèmes solaires, notamment en raison de la présence de nanoparticules (dioxyde de titane, oxyde de zinc), posent également des questions sur notre santé.

Les nanoparticules sont de très petites particules inférieures à 100 nm (soit 10 000 fois plus petites qu’un pépin de framboise). Leur utilisation dans les crèmes solaires améliore l’absorption du produit et réduit l’effet « couleur blanche » sur la peau. En bref, elles offrent un confort et une esthétique recherchés, voire exigés par les consommateurs, dont beaucoup hésitent à appliquer une « pâte blanche ».

Le problème de ces nanoparticules est qu’elles ont la capacité de traverser les membranes biologiques. Aujourd’hui, la science n’a pas beaucoup de recul sur leurs effets sur notre santé. Cependant, différentes études s’accordent à dire que l’utilisation de crèmes solaires contenant du dioxyde de titane est sans danger sur une peau saine, mais pas sur une peau abîmée ou pour les personnes souffrant d’une maladie cutanée.

Des vêtements anti-UV pour se protéger du soleil

Alors, les vêtements, une alternative ? Attention, n’importe quel vêtement d’été ne fera pas l’affaire… Un simple t-shirt blanc en coton léger laisse passer 20 % des UV. Cela peut donner la sensation d’être protégé, mais une brûlure peut survenir, plus ou moins rapidement selon le phototype de la personne.

De plus, lorsqu’il est mouillé, son efficacité diminue encore plus. D’autre part, il existe des vêtements anti-UV spécialement conçus pour protéger des rayons UV du soleil.

Les propriétés anti-UV d’un vêtement dépendent notamment :

  • sa couleur (les rayons UV sont mieux bloqués par des couleurs vives ou foncées),

  • le tissage du textile (le coton ayant un tissage aéré protège moins bien que le polyester qui a un tissage plus dense),

  • l’ajout d’additifs réduisant la pénétration des rayons UV (par exemple des particules de céramique).

La meilleure protection UV : associez textiles adaptés et crème solaire

Comme pour les crèmes solaires, l’efficacité de ces vêtements comme protection UV est déterminée par un indicateur, l’UPF (Ultraviolet Protection Factor), qui mesure la proportion de rayons UV bloqués.

Lorsque les vêtements anti-UV affichent un UPF de 50+, cela signifie qu’ils bloquent plus de 98% des rayons UV (comme une crème solaire avec un SPF de 50). Il faut tout de même penser à renouveler régulièrement les vêtements anti-UV (de préférence à chaque nouvelle saison), car leur efficacité peut diminuer lorsqu’ils sont usés ou étirés.

En revanche, même en portant des vêtements avec un UPF élevé, toutes les parties du corps ne sont pas protégées, notamment le visage. Il est donc recommandé de les protéger avec une crème solaire adaptée. De plus, le port d’un chapeau à large bord et de lunettes de soleil est fortement recommandé.

Finalement, pour se protéger efficacement du soleil, rien de tel qu’un peu d’ombre…

Coralie Thieulin, enseignante-chercheuse en physique à l’ECE, docteure en biophysique, ECE Paris

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