CRITIQUE – Se déroulant 10 000 ans avant les films de Villeneuve, cette série raconte l’ascension du mystérieux Bene Gesserit. Un jeu de pouvoir aussi machiavélique que Game of Thrones.
Besoin de machinations au Game of Thrones ? La plateforme Max propose à partir de ce lundi Prophétie des dunesqui rassemble les mêmes ingrédients (familles régnantes rivales, fanatiques, une touche de surnaturel) tout en revenant aux sources de l’univers de Frank Herbert. Surfant sur le succès en salles des films de Denis Villeneuve, emmenés par Timothée Chalamet (Paul Atréides) et Zendaya (Chani), cette série se déroule il y a 10 000 ans dans un empire où l’intelligence artificielle vient d’être bannie. Et éclaire sous un autre angle la haine ancestrale entre les Atréides courageux et idéalistes et les Harkonnens cruels et totalitaires.
Prophétie des dunes raconte l’ascension des mystérieuses prêtresses de l’ordre mystique du Bene Gesserit. Drapés de noir, ces conseillers des familles nobles, sorcières sur les bords, sont réputés pour leur capacité à détecter les mensonges. Encore à ses balbutiements, l’organisation est dirigée par les intraitables sœurs Harkonnen, Valya et Tula, qui tentent de racheter l’honneur familial perdu dans la guerre contre les machines. Leur influence auprès de l’empereur, dans une situation politique et matrimoniale difficile, est ébranlée par l’irruption d’une figure à la Raspoutine. Ancien soldat ayant survécu à une attaque contre Arrakis, Desmond Hart (Travis Fimmel, Vikings) déteste le Bene Gesserit et son agenda eugénique caché. Ses pouvoirs mortels rivalisent avec ceux des prêtresses.
Décorations oppressantes
Jeu d’échecs et de pouvoir brutal et époustouflantProphétie des dunes se délecte de personnages amoraux, animés par la rage et la vengeance, convaincus d’œuvrer pour le bien de l’humanité. Assassinats, massacres, combustion spontanée ponctuent ces six épisodes aux connotations horrifiantes. Aux combats spectaculaires des longs métrages succèdent une guerre mentale insidieuse et feutrée. Plutôt que d’explorer les paysages luxuriants ou désolés des nouvelles planètes qu’elle dévoile, la showrunner Alison Schapker tisse une atmosphère indépendante de celle de Villeneuve et enferme ses personnages dans des couloirs et des appartements oppressants.
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« Je voulais explorer la relation entre les individus et les institutions auxquelles ils se soumettent et comment, au fil du temps, ces organisations façonnent la société. Dans quelle mesure les Bene Gesserit adhèrent aux principes de leur ordre ou poursuivent leurs propres objectifs à travers eux ? Les divergences d’opinions associées aux liens familiaux complexes promettent un terrain fertileconfié à Figaro le scénariste. Valya et Tula ont un passé tragique qui a aiguisé leur colère, leur désir de reconnaissance. Le Bene Gesserit leur offre le cadre idéal. En même temps, ils croient sincèrement qu’ils œuvrent pour un avenir meilleur et qu’ils influencent les dirigeants de demain. La science-fiction ne cesse de nous ramener à la même question : quel est le moindre mal ? »
Cette plongée dans la mythologie de Dune provoque un surprenant renversement des valeurs. Les Atréides constituent les chiffres. Les Harkonnens détestés deviennent des héros lésés mais visionnaires. L’interprétation shakespearienne d’Emily Watson (Valya) et d’Olivia Williams (Tula) y est pour beaucoup. Le premier a tout du gourou endiablé « prêt au pire pour une paix et une prospérité qui transforme la vérité en une marchandise comme une autre et déséquilibre les rapports de force en diffusant des rumeurs ». La soumission et la réserve du second sont encore plus glaçantes. « Tula a un esprit scientifique et sait faire preuve de créativité pour éliminer ses cibles. C’est une cadette qui a appris à se retirer et à intérioriser sa fureur. Mais il faut se méfier des eaux stagnantes, prévient Olivia Williams. Ce n’est pas parce que votre conscience vous assaille et que vous pleurez en donnant le coup final que vous êtes une bonne personne. »