Faut-il craindre une explosion des prix en magasin ?
En raison de l’épidémie de fièvre catarrhale qui touche les exploitations agricoles, les prix de gros du beurre avoisinent les 8 200 euros la tonne. Un niveau record qui devrait pousser fabricants et distributeurs à importer massivement pour limiter la hausse des prix à la consommation.
Faut-il craindre une nouvelle crise du beurre ? Après celle de 2017 marquée par une envolée historique des prix et une pénurie sans précédent dans les rayons, l’état actuel du marché montre de sérieux signes d’inquiétude.
Une crainte qui se traduit par une nouvelle hausse des prix des matières premières, encore pire que la précédente. Comme l’a noté Les marchésle prix spot de la tonne de beurre a battu ce jeudi un record historique en atteignant 8.180 euros. A la rentrée 2023, la tonne de beurre se négociait à 4.260 euros. En un an, le prix a grimpé de 92 %.
Épidémie de fièvre catarrhale
Après le pic inflationniste de 2022 qui a vu la tonne de beurre approcher les 8 000 euros, elle a baissé jusqu’à fin 2023 avant de repartir à la hausse depuis.
La faute du fièvre catarrhale (FCO), une maladie virale transmise par un moucheron, qui se propage à grande vitesse dans les élevages. Le nombre de foyers enregistrés a atteint 2.800 en France selon le ministère de l’Agriculture, soit quatre fois plus en deux semaines.
Ce risque sanitaire fait peser la menace d’une baisse brutale de la collecte du lait, ce qui est déjà le cas dans d’autres pays européens où l’épidémie est déjà présente.
«La maladie peut entraîner une baisse importante de la production pendant plusieurs semaines, ainsi que des cas d’avortements et de vêlages précoces, explique Idele, l’institut de l’élevage, sur son site Internet. En Europe, la collecte de lait reste modérée et est en déclin à l’échelle mondiale. »
Le beurre européen 25% plus cher
La production de beurre n’avait déjà plus été flamboyante depuis plusieurs mois avec un repli de 1,6% en 2024. Les agriculteurs privilégiant la filière crème, bien plus rentable que le barattage, pour écouler leurs stocks de lait.
Dans le même temps, la demande reste élevée à l’échelle mondiale, notamment aux États-Unis et en Asie. Une distorsion qui fait mécaniquement augmenter les prix.
Quel sera l’impact sur les prix à la consommation ? La galette de beurre dans les rayons et le croissant du boulanger vont-ils prendre feu dans les prochains mois ? Probablement en partie, selon les experts du secteur, mais pas dans les mêmes proportions que la hausse des prix des matières premières.
Les fabricants et les distributeurs se tourneront vers les importations pour amortir le choc sur les prix finaux. Les prix du beurre européen sont en effet 19 % plus élevés qu’aux États-Unis et même 25 % plus élevés qu’en Océanie. La tonne de beurre néo-zélandais coûte actuellement 2 300 euros moins cher que le beurre français, ce qui le rend bien plus compétitif, voire ajoute des coûts logistiques.
Alors que la campagne de vaccination contre le FCO est entrée ces derniers jours dans une phase d’accélération dans les élevages avec 5,3 millions de doses fournies gratuitement pour les bovins, le secteur attend désormais avec impatience le retour du froid. Les moucherons culicoïdes qui sont les vecteurs du virus sont très sensibles aux températures. Vers 15°C, ils arrêtent de voler et donc de propager la maladie.