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Faut-il craindre le virus Chandipura, propagé en Inde par les moucherons ?

Faut-il craindre le virus Chandipura, propagé en Inde par les moucherons ?

Depuis début juin, l’Inde connaît sa pire épidémie de virus Chandipura depuis plus de 20 ans. Au moins 38 personnes sont mortes des suites de l’infection, la plupart étant des enfants et des adolescents.

Ce virus en forme de bâtonnet appartient à la même famille que le virus de la rage. Il est principalement transmis par les phlébotomes, de petits moucherons dont les femelles se nourrissent de sang. Cependant, les moustiques et les tiques peuvent également le transmettre.

Les premiers symptômes sont similaires à ceux de la grippe, mais peuvent évoluer rapidement (en 24 à 48 heures) vers une encéphalite, c’est-à-dire une inflammation et un gonflement du cerveau pouvant conduire au coma, voire à la mort. Les enfants de moins de 15 ans sont les plus vulnérables à l’encéphalite.

Le mode exact par lequel le virus pénètre dans le système nerveux central (cerveau et moelle épinière) et provoque l’encéphalite est encore mal connu. On pense que le virus se transmet par la salive de l’insecte infecté, lorsqu’il pique pour se nourrir de sang. Le virus se propage ensuite dans la circulation sanguine, infectant des cellules immunitaires appelées monocytes (un type de globule blanc). Là, il se multiplie, à l’abri des regards du système immunitaire. Il est ensuite transporté jusqu’au système nerveux central, où il pénètre dans le cerveau, perturbant la barrière hémato-encéphalique, le bouclier censé protéger cet organe essentiel (ainsi que la moelle épinière).

Six heures après le début de l’infection, le virus Chandipura sécrète une protéine appelée phosphoprotéine dans les cellules cérébrales, ce qui peut expliquer pourquoi la mort survient si rapidement.

Malheureusement, il n’existe actuellement aucun traitement antiviral ni vaccin.

Une menace relativement récente, accentuée par le changement climatique

Le virus Chandipura doit son nom à un village de l’État du Maharashtra, en Inde. Il y a été identifié pour la première fois en 1965. Cependant, la première épidémie majeure n’a eu lieu qu’en 2003 dans le sud de l’Inde (État d’Andhra Pradesh). Cette année-là, 329 enfants ont été testés positifs au virus et 183 sont décédés des suites de l’infection. En 2005, lors d’une épidémie dans l’État du Gujarat (nord-ouest de l’Inde), 26 cas ont été identifiés, avec un taux de mortalité élevé (78 %).

La dernière épidémie, également au Gujarat, a touché 100 personnes. Elle a eu des conséquences particulièrement graves sur les enfants de moins de 15 ans infectés. À l’époque, la propagation rapide du virus et la gravité des symptômes ont suscité l’inquiétude des autorités de santé publique.

Depuis la découverte du virus en 1965, la plupart des cas se sont produits dans le sous-continent indien. Mais la situation pourrait changer : la répartition géographique du virus s’étend au-delà de l’Inde. Il a été identifié chez des phlébotomes en Afrique de l’Ouest en 1991 et 1992, et chez des hérissons au Sénégal (entre 1990 et 1996). Des anticorps contre le virus Chandipura ont également été détectés chez des singes sauvages au Sri Lanka en 1993, ce qui suggère qu’ils ont eux aussi été en contact avec le virus.

Macaques dans un arbre.
Au Sri Lanka, des macaques ont été infectés par le virus Chandipura.
Photo d’archive geogphotos/Alamy

L’émergence du virus Chandipura est probablement liée au changement climatique, sa propagation étant facilitée par la hausse des températures.

Plusieurs autres maladies virales transmises par des insectes (les arbovirus, pour « ARthropod-BOrne VIRUSes » en anglais) ont également progressé ces dernières années en raison du changement climatique. C’est notamment le cas de plusieurs maladies causées par des virus transmis par les moustiques, comme le virus Zika, le virus de la dengue et le virus Nipah.

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