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Fanny Blankers, la « mère indigne » devenue quadruple médaillée d’or et modèle

A quelques mois du début des Jeux Olympiques, franceinfo : sport vous entraîne dans les petites histoires qui font la grande histoire des Jeux. Quatre titres en huit jours lors des JO de Londres en 1948, un refus d’obéir aux diktats de l’époque : telle est l’épopée de celle qu’on surnommait crûment « la ménagère volante ».

France Télévisions – Éditorial Sport

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Fanny Blankers franchit la ligne d'arrivée du 200m avec une avance considérable lors des JO de Londres, le 8 juillet 1948 (-/INTERCONTINENTALE)

Son nom ne vous dit peut-être rien. Fanny Blankers était cependant un Carl Lewis avant l’heure. Avec l’Américaine, la Néerlandaise est la seule athlète à avoir remporté l’or dans quatre disciplines lors des mêmes Jeux Olympiques. Un exploit retentissant qui n’a cependant presque jamais eu lieu, car aux Pays-Bas, à cette époque, on considérait encore que la place des femmes n’était pas sur une piste d’athlétisme, mais à leur domicile.

La misogynie n’ayant aucun souvenir, elle avait oublié que Fanny Blankers, à son arrivée à Londres en 1948, détenait six records du monde d’athlétisme. Mais, à 30 ans, on estime qu’elle est trop vieille et surtout qu’elle ferait mieux de retourner à Amsterdam pour s’occuper de ses deux jeunes enfants. Et la délégation néerlandaise a reçu lors de ces Jeux des dizaines de lettres exhortant l’athlète à quitter le sol britannique.

Après sa première course, et sa première médaille d’or sur 100 m, Fanny Blankers a failli céder à la pression sociale de l’époque. Mais, soutenue par son mari, qui est aussi son entraîneur, elle décide finalement de poursuivre son défi sportif et de faire fi des diktats nauséabonds. Un défi au début de l’après-guerre, où les femmes étaient rarement encouragées à être compétitives. Et même lorsqu’ils étaient à un niveau aussi élevé que celui de Fanny Blankers, il existait encore des réglementations archaïques pour empêcher ces athlètes d’atteindre leur plein potentiel.

Ainsi, en 1948, il était impossible pour une femme de concourir dans plus de trois épreuves individuelles aux Jeux olympiques. Détenteur du record du monde de saut en hauteur et de saut en longueur, Blankers a donc été contraint de faire l’impasse sur ces deux épreuves. Si elle avait pu participer, la Néerlandaise serait certainement encore seule sur le toit de l’Olympe aujourd’hui.

Enfin, elle bouclera ses Jeux avec quatre titres (100 m, 200 m, 80 m haies et relais 4 x 100 m), une performance historique mais qui aurait pu l’être encore plus sans ces limitations d’un autre âge. Signe des temps, la surdouée Batave a même hérité d’un surnom totalement inapproprié après ses quatre médailles d’or et son refus de rentrer chez elle : « la ménagère volante ». Sexiste et condescendant à souhait. Ô tempora, ô mœurs.

Mais celle qui a été désignée « athlète féminine du siècle » en 1999 par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) (article en anglais) a fait plus que remporter des titres. Elle a, par son courage et sa volonté, inspiré des milliers de femmes en surmontant les barrières machistes et discriminatoires. Aux Pays-Bas, où elle est considérée comme la plus grande sportive de l’histoire du pays, il existe encore un trophée prix annuel décerné à l’athlète qui a le plus contribué à l’amélioration du sport féminin. Et si c’était là la plus grande victoire de Fanny Blankers ?

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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