Edouard Martial, avocat de la famille Narjissi, nous explique le sens de la plainte qu’il a déposée auprès du procureur d’Agen après la disparition du joueur en mer le 7 août.
Que pouvez-vous nous dire à propos de votre action en justice au nom de la famille de Medhi Narjissi ?
J’ai déposé plainte mercredi au parquet d’Agen. Le procureur de la République d’Agen est compétent pour enquêter sur les causes de cette disparition, puisque Medhi, mineur, vivait chez ses parents dans cette ville, alors qu’il était en internat à Toulouse. Cela signifie que le procureur a la possibilité de recueillir d’abord la plainte des parents. Il peut ensuite ouvrir une information judiciaire pour rechercher les causes de la disparition et désigner ensuite un juge d’instruction qui aura carte blanche pour entendre les encadrants, éventuellement la personne morale, la FFR, et les joueurs. Il pourra obtenir la procédure sud-africaine, mais aussi l’enquête administrative de la FFR et les enquêtes administratives du ministère des Sports.
Mais les événements ont eu lieu ailleurs qu’en France ?
Le fait que les événements se soient déroulés à l’étranger n’empêche rien puisque les acteurs de l’affaire du 7 août sont tous des citoyens français.
Quel est ton objectif ?
L’objectif pour moi est que le juge d’instruction nous dise quelles fautes peuvent être imputées à certains encadrants sur le plan individuel et, sur le plan collectif, à un environnement général qui pourrait être défaillant en termes d’organisation. Pour reprendre les mots de Florian Grill, nous allons essayer de comprendre l’absurdité qui a conduit ces jeunes à se retrouver sur une plage dont personne ne pouvait ignorer le danger.
Une fédération, une personne morale, peut-elle être condamnée pénalement ?
Oui, bien sûr. Mais il faut qu’il y ait eu violation délibérée des normes ou des règlements. C’est peut-être difficile, mais c’est possible. Les sanctions peuvent être financières, mais une peine de prison avec sursis peut être demandée.
Le fait que le corps de Medhi n’ait pas été retrouvé change-t-il quelque chose pour vous ?
C’est ce que les gens ont du mal à comprendre. Je ne peux pas entrer dans le domaine de l’homicide involontaire ou de la mise en danger de la vie d’autrui. C’est pour une raison très simple. Dans l’esprit de la famille, Medhi n’est que disparu. Il n’est pas mort. Je ne peux pas porter plainte pour un décès que je n’ai pas vu et que je n’ai pas le droit d’évoquer.