SMême si de nombreuses ressources sont consacrées à la prévention des complications physiques de la grossesse, la santé mentale des jeunes mères reste un aspect crucial de notre politique de santé publique et encore insuffisamment pris en compte. Cependant, le post-partum, la fatigue de la grossesse et de l’accouchement, l’isolement, le manque de soutien et de rencontre avec l’enfant peuvent engendrer une vulnérabilité importante.
Dans un silence assourdissant, les troubles psychologiques périnatals constituent la principale complication périnatale en France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : deux mois après l’accouchement, plus d’une femme sur quatre présente des symptômes d’anxiété importants, une sur six souffre de dépression post-partum et une sur vingt a des idées suicidaires, selon un rapport de Santé publique France, publié en septembre. 2023.
Ce manque de considération peut entraîner de graves conséquences pour les familles. Un premier épisode dépressif périnatal augmente de 50 % le risque de récidive dépressive, selon une étude de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni). La dépression chez l’un des parents augmente le risque que l’autre parent souffre d’un trouble de l’humeur. Enfin, la difficulté qu’ont les mères en détresse psychologique à assurer des interactions de qualité, fondamentales pour le bon développement de l’enfant, peut engendrer de nombreux problèmes à court, moyen et long terme.
Plusieurs études montrent également que les filles dont les mères ont souffert de dépression post-partum courent elles-mêmes un risque accru de troubles émotionnels et psychologiques après l’accouchement. Identifier précocement les troubles de l’humeur et traiter la mère, c’est donc prévenir les troubles psychologiques chez les enfants et, plus tard, chez les futures mamans.
Poursuivre l’effort de sensibilisation
La santé mentale périnatale bénéficie d’un véritable coup de projecteur depuis le Covid-19, avec des avancées bénéfiques comme la mise en place d’un entretien postnatal précoce obligatoire depuis 2022 ou l’allongement du congé de paternité ou de coparentalité. Mais compte tenu de l’ampleur des problèmes identifiés et de leur impact, ces mesures ne peuvent être considérées comme suffisantes.
A l’heure où la santé mentale est identifiée comme une cause nationale majeure à l’horizon 2025, faisons de la santé mentale périnatale l’un des points forts des politiques de santé publique. Si des ressources existent déjà, comme la psychothérapie, les unités mère-bébé, les traitements médicamenteux adaptés, il faut absolument renforcer la volonté collective d’agir.
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