Faire face – L’éditorial de Maurice Ulrich – 17 septembre 2024

A quoi sommes-nous appelés à faire face ? C’est le nous des forces de gauche, c’est aussi le nous des centaines de milliers d’hommes et de femmes de tous âges qui ont partagé cette grande Fête de l’Humanité. C’est le nous de la France du mal-logement, des fins de mois qui arrivent le 15 ou avant, des déserts médicaux, des services publics, du racisme sous toutes ses formes, des discriminations, dans la vie et dans l’emploi. Nous, pour qui les choses doivent changer et qui l’avons dit aux législatives.

A quoi sommes-nous appelés à faire face ? A un pouvoir manipulateur et sans scrupules, dont le détournement du vote populaire, la nomination d’un Premier ministre sans aucune légitimité, sous surveillance, selon les mots de Marine Le Pen et Jordan Bardella du Rassemblement national, n’ont d’autre but que de mener une politique au service du capital. Car il faut appeler les choses par leur nom.

Qu’il s’agisse des « Républicains », du RN, de la Macronie, du président comme des députés, on le voit bien avec les deals entre « amis et ennemis » en cours : pas question de remettre en cause cette politique. Pour ne prendre que cet exemple, le total cumulé des 500 plus grosses fortunes de France a doublé depuis 2017, s’élevant à plus de 1 200 milliards d’euros. Cette politique pèse non seulement sur la vie quotidienne, mais aussi sur l’avenir du monde.

Face à cela, la gauche devrait-elle se déchirer ? Pour elle, c’est du profit ! A quoi bon les anathèmes, les insultes diffamatoires, les exclusions ? Oui, il y a des débats à mener. Mais comment la lutte contre le racisme s’opposerait-elle aux luttes sociales ? Ce n’est pas automatique, mais c’est dans les luttes communes que se forge la solidarité et que s’effacent les différences volontairement attisées par les tenants du désordre établi.

Oui, il est vrai qu’une partie de l’électorat ouvrier a déserté la gauche, que peut-être « nous » n’avons pas fait tout ce qu’il fallait. Il ne s’agit pas plus d’en venir à bout que d’abandonner les luttes sociétales et féministes contre les discriminations et la haine de l’autre. Nous avons la responsabilité de le rappeler, quand l’esprit de division l’emporte : à quoi sommes-nous confrontés ?