Faible participation, moins de 50%, Tebboune devrait gagner
Les électeurs se sont peu déplacés à l’élection présidentielle en Algérie samedi, avec un taux de participation inférieur à 50%, bien que la participation ait été l’enjeu principal de ce scrutin dont le président sortant Abdelmadjid Tebboune devrait sortir vainqueur.
Avec trois heures de retard sur son point de presse, le président de l’autorité électorale Anie, Mohamed Charfi, a annoncé « un taux de participation moyen de 48,03% à 20h00 » (19h00 GMT), sans préciser le nombre d’électeurs par rapport aux plus de 24 millions d’inscrits. « d’un chiffre préliminaire »a-t-il déclaré. Les résultats du vote sont attendus dimanche.
En décembre 2019, M. Tebboune avait été élu avec 58% des voix mais avec un taux de participation de seulement 39,83% (60% d’abstention), dans un contexte marqué par l’hostilité des manifestants pro-démocratie du Hirak et des appels au boycott des partis politiques.
Samedi, la participation a été très timide alors que les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures (7 heures GMT) et que les images télévisées ne montraient que quelques bureaux avec de longues files d’attente. En fin de journée, l’Anie a retardé la fermeture d’une heure, à la demande de « quelques coordinateurs » du vote.
Dans un bureau de vote du centre d’Alger, des femmes ont grossi dans l’après-midi les rangs des électeurs, qui n’étaient initialement que des hommes, à l’image de Sidali Mahmoudi, un commerçant de 65 ans venu voter « Il est tôt pour faire son devoir dans toute démocratie ».
Taous Zaiedi, un retraité de 66 ans, et Leila Belgaremi, une comptable de 42 ans, ont déclaré qu’ils voteraient « pour que le pays s’améliore ».
Face au président sortant, deux candidats étaient en lice : Abdelaali Hassani, ingénieur de 57 ans, patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste) et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, patron du Front des forces socialistes (FFS, doyen des partis d’opposition).
M. Tebboune est le grand favori, bénéficiant du soutien de quatre grands partis dont le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique).
Hasni Abidi, du Centre d’études Cermam de Genève, a expliqué la faible participation en « une campagne médiocre » avec deux concurrents qui « n’étaient pas à la hauteur » et un président qui « a organisé à peine quatre réunions »Pour les électeurs, « à quoi bon voter si tous les pronostics sont en faveur du président », ajoute l’expert.
« crédibilité »
Environ 24,5 millions d’électeurs, dont un tiers avait moins de 40 ans, sur 45 millions d’habitants, étaient appelés aux urnes.
Après un vote matinal, M. Hassani avait appelé à une « forte participation » OMS « donne plus de crédibilité » aux élections, tandis que M. Aouchiche a également exhorté « Les Algériens participeront à la force » sortir « boycotter définitivement et désespérer ».
Sans parler de la foule, M. Tebboune a jugé essentiel que « le vainqueur poursuit (son) projet, décisif pour l’Algérie afin d’atteindre un point de non-retour dans le développement économique et la construction d’une démocratie ».
Les trois candidats ont déclaré vouloir améliorer le pouvoir d’achat et relancer l’économie, afin qu’elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).
Aidé par la manne du gaz naturel, dont l’Algérie est le premier exportateur africain, M. Tebboune a promis d’augmenter les salaires et les retraites, de créer deux millions de nouveaux logements et 450 000 nouveaux emplois, pour faire de l’Algérie un pays prospère. « la deuxième économie d’Afrique »derrière l’Afrique du Sud.
« Manque de soutien populaire »
Cherchant à séduire la jeune génération, M. Tebboune a demandé cinq années supplémentaires pour achever les projets entravés par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il était pourtant ministre.
Ses rivaux ont promis plus de libertés. En particulier le candidat du FFS qui s’est engagé à « Libérer les prisonniers d’opinion par l’amnistie et réviser les lois injustes » sur le terrorisme ou les médias.
Pour M. Abidi, le mouvement Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement liées au Covid et l’arrestation de ses dirigeants, a « a montré un haut niveau de maturité politique » Algériens.
S’il remporte les élections, M. Tebboune « survivra à un manque de soutien populaire mais à condition de revoir complètement son mode de gouvernance et d’apporter des changements à son équipe ».
Sinon le « déficit démocratique » dans son dossier pourrait constituer un handicap pour un nouveau mandat.
L’ONG Amnesty International a accusé cette semaine le gouvernement de continuer à « étouffer l’espace civique en maintenant une répression sévère des droits de l’homme », « nouvelles arrestations arbitraires » Et « une approche de tolérance zéro à l’égard des opinions dissidentes ».
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