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Faible écart mais sondages favorables, les forces et faiblesses de son programme

Faible écart mais sondages favorables, les forces et faiblesses de son programme


Malgré le bon début de campagne de Kamala Harris, face à un Donald Trump frustré et nostalgique de son ancien rival Joe Biden, la course à la Maison Blanche reste extrêmement serrée.

Une première sortie controversée ? En pleine campagne pour l’élection présidentielle, Kamala Harris a participé à une émission avec Oprah Winfrey, jeudi 19 septembre. L’animatrice vedette a interrogé la candidate démocrate sur son programme avant que la vice-présidente ne fasse une confession inattendue. Elle a révélé qu’elle « possède une arme », tout comme Tim Walz, son colistier. « Si quelqu’un entre par effraction chez moi, il va se faire tirer dessus », a-t-elle déclaré en riant. Et elle a conclu, toujours en riant : « Je n’aurais probablement pas dû dire ça, mon équipe devra gérer ce problème plus tard ». Un certain malaise s’est installé au fil de l’émission.

Mais Kamala Harris mène une campagne quasiment sans faille depuis son investiture officielle par son camp, après le retrait de Joe Biden. La vice-présidente, qui a désormais le Bureau ovale de la Maison-Blanche dans son viseur, a redonné un peu de couleur au parti démocrate dans les sondages en dépassant son rival Donald Trump au niveau national, mais pas seulement.

L’élan de la démocrate n’a pas souffert du débat qui a opposé Kamala Harris à Donald Trump le 10 septembre, bien au contraire. Si les qualités de débatteuse de la démocrate restaient à prouver, et laissaient certains sceptiques, l’ancienne procureure n’a pas cédé face au républicain et à son apparence aguerrie ou à ses attaques agressives. D’ailleurs, de l’avis général de la presse américaine, elle est sortie victorieuse de ce duel qui pourrait être le seul de la campagne. A moins que Donald Trump ne réponde favorablement à la proposition de Kamala Harris d’organiser un nouveau débat, et qu’elle ne mette ses idées à exécution.

Si Kamala Harris est décidément bien engagée dans la campagne présidentielle et semble en mesure de remporter l’élection, tout est encore possible à moins de deux mois du scrutin. Les tendances ont encore le temps de s’inverser, la démocrate doit donc consolider son électorat et l’élargir. Deux publics sont visés en plus de la gauche : les indécis et les républicains modérés.

Kamala Harris fonde une partie de sa campagne sur des points choisis de son programme. La candidate démocrate a fait de la défense du pouvoir d’achat des classes moyennes son cheval de bataille au même titre que le droit à l’avortement, prenant toujours soin de se démarquer de la politique de Donald Trump. Mais plusieurs commentateurs politiques lui reprochent de rester en surface en citant des mesures phares sans aborder le fond de certains sujets. La vice-présidente, en proposant un programme démocrate, fait aussi campagne sur des points déjà présents dans la campagne de Joe Biden, mais doit chercher à se démarquer, en apparaissant parfois plus centriste que le président américain.

  • Défense du pouvoir d’achat : Alors que l’économie est une préoccupation centrale des Américains, à l’heure où l’inflation continue de se faire sentir et pèse sur les secteurs de l’emploi et du logement, Kamala Harris se pose en défenseur du pouvoir d’achat. Elle assure vouloir « redonner de l’argent aux familles de la classe moyenne et ouvrière » tandis que Donald Trump se bat « pour les milliardaires et les grandes entreprises ». Et pour convaincre, elle cite trois mesures fortes : un crédit d’impôt pour les naissances, une aide aux primo-accédants en matière de logement et un coup de pouce à la création d’entreprises. Elle promet aussi de réduire l’inflation à 3 % et de contrôler les prix des produits de première nécessité et des médicaments. Pour les plus riches, la donne est différente puisque Kamala Harris prévoit de taxer les plus-values ​​des ménages gagnant plus d’un million de dollars par an à 28 %. C’est plus que le taux actuel, mais moins que les 39 % souhaités par Joe Biden.
  • Mesures écologiques : le volet écologique n’est pas le volet le plus étayé du programme de Kamala Harris, mais la candidate investit le sujet pour se démarquer de Donald Trump qui a rompu avec les accords de Paris pendant son mandat présidentiel. Si elle défend « le droit de respirer un air pur, de boire de l’eau propre et de vivre sans la pollution qui alimente la crise climatique », elle ne précise pas comment. Dans le même temps, elle fait volte-face sur plusieurs mesures qu’elle défendait par le passé : plus question de s’opposer à la fracturation hydraulique, une technique qui permet de fissurer les roches pour en extraire des hydrocarbures, plus question d’interdire les pailles en plastique et autres déchets du type pourtant remplaçables. Suivant les traces de Joe Biden, Kamala Harris se dit favorable à l’Inflation Reduction Act (IRA), un ensemble de mesures écologiques, économiques et sociales.
  • Politique migratoire :L’immigration est un autre gros volet de la campagne présidentielle sur lequel Kamala Harris joue les équilibristes. Elle veut paraître ferme pour attirer la droite modérée, mais pas trop fermée pour ne pas effrayer la gauche. La candidate a toutefois annoncé un durcissement de la politique migratoire impliquant des « conséquences » pour les migrants illégaux et des investissements dans des barrières physiques à la frontière avec le Mexique.
  • Mesures sociales :Kamala Harris a principalement placé les questions sociales au cœur de sa campagne, à commencer par le droit à l’avortement face à un camp républicain à l’origine du durcissement de l’accès à l’IVG dans plusieurs États. La défense des minorités est également un point central de la campagne.
  • International : en matière de politique étrangère, Kamala Harris se positionne principalement sur l’Ukraine et le conflit israélo-palestinien. Sur ce dernier, elle a réitéré son engagement à défendre l’État hébreu et précisé qu’elle ne suspendrait pas les livraisons d’armes américaines à Israël en cas de victoire, mais elle veut aussi apparaître moins pro-israélienne que Joe Biden et a condamné les violences perpétrées contre les civils palestiniens. Elle a déclaré que « beaucoup trop de Palestiniens innocents ont été tués » et a appelé à « un cessez-le-feu ». Quant à l’Ukraine, elle a réaffirmé le soutien des États-Unis au pays après l’invasion russe. Par ailleurs, elle a épinglé Donald Trump sur ses bonnes relations avec les dirigeants Vladimir Poutine et Kim Jong Un et a assuré qu’elle ne se lierait pas « d’amitié » avec des dictateurs.

La candidature de Kamala Harris pour remplacer Joe Biden a placé la vice-présidente en tête des intentions de vote, alors que le locataire de la Maison Blanche peinait à s’affirmer face à Donald Trump. Selon l’agrégateur de sondages statistiques 538, à l’échelle nationale, Kamala Harris a une avance de 2,8 points avec 48,3 %, contre 45,5 % pour Donald Trump. Publié ce mercredi 18 septembre, un sondage de l’université Quinnipiac estime que la candidate démocrate a pris une avance d’au moins cinq points sur son adversaire en Pennsylvanie et dans le Michigan.

Mais les résultats des sondages d’État sont très serrés, et ce sont eux qui comptent. Selon le système électoral américain, chaque État remporté garantit un certain nombre de voix sur les 538 grands électeurs qui votent pour élire le président américain. La plupart des 50 États sont remportés par un parti politique, mais les « swing states » penchent à droite ou à gauche selon les sondages. Ces derniers, au nombre de sept (Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin), doivent être remportés pour s’assurer l’accès à la Maison Blanche.

Kamala Harris se construit une petite avance dans le Michigan et le Wisconsin avec 2 à 3 points de plus que son adversaire dans les sondages collectés par le site 270 pour l’emporter. Mais Donald Trump est mieux placé avec 1 à 4 points d’écart en Arizona et en Géorgie. Dans les trois autres, c’est la démocrate qui semble en bonne position, mais l’écart, qui est inférieur à un point, est encore trop serré pour assurer une victoire.

Le parcours personnel de Kamala Harris est impressionnant et la vice-présidente sait le rappeler. « Je suis la preuve empirique de la promesse de l’Amérique », explique-t-elle régulièrement. Afro-américaine, d’origine jamaïcaine du côté de son père et indienne du côté de sa mère, et issue d’un milieu universitaire, elle est devenue la première femme à être élue procureure de San Francisco, avant de devenir procureure générale de Californie de 2011 à 2017. En tant que femme, Kamala Harris a toutes les chances d’obtenir un meilleur score que Joe Biden, mais surtout que Donald Trump, auprès des électrices américaines. Les démocrates enregistrent historiquement de bons scores auprès de cet électorat et espèrent capitaliser davantage sur ces votes avec leur candidate.

Si Kamala Harris est une pure démocrate venue de Californie qui convainc dans les États historiquement démocrates, elle aura peut-être plus de mal à convaincre dans les États du Midwest qui penchent du côté républicain ou oscillent d’un camp à l’autre en fonction des sondages. Pour séduire cet électorat, son colistier Tim Walz pourrait être un bon atout. Gouverneur du Minnesota, l’homme politique est populaire dans le Midwest au point qu’il a été nommé à la place de Josh Shapiro, un autre démocrate populaire dans cette région des États-Unis. Le candidat à la vice-présidence permet également d’équilibrer et de rassurer l’électorat masculin en étant un homme blanc aux côtés d’un candidat féminin et noir.

GrP1

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