C’est une petite entreprise, mais elle consomme beaucoup d’énergie : l’entreprise exploite huit fours qui chauffent et moulent des feuilles de plastique selon les souhaits du client. Le plus grand four a la taille d’une petite pièce, avec suffisamment d’espace pour accueillir plusieurs personnes faisant des sauts.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le coût de fonctionnement de ces fours est devenu bien plus élevé. Avant la guerre, la facture annuelle d’électricité était d’environ 80 000 euros. Elle a presque doublé depuis, explique le directeur général Christoph Keim, fils du fondateur de l’entreprise, un chimiste qui a débuté après la Seconde Guerre mondiale dans une entreprise de fabrication de désinfectants. Les prix pour les clients ont augmenté, tandis que les marges bénéficiaires ont diminué.
Les coûts ont fini par baisser. Le soulagement est arrivé. Mais la situation n’est pas revenue à son niveau d’avant-guerre. Au contraire, Keim est entré dans une nouvelle normalité inquiétante, où les prix de l’énergie sont deux fois plus élevés que ceux de ses concurrents étrangers.
Cette réalité érode lentement des milliers d’entreprises similaires dans le cœur industriel de l’Europe. L’Allemagne, puissance manufacturière européenne, est tombée dans une récession qui devrait se prolonger jusqu’à la fin de l’année. Même des piliers allemands mondiaux comme Volkswagen, un nom presque synonyme de puissance La voiture elles-mêmes, sont confrontées à des fermetures d’usines sans précédent.
Plus généralement, dans l’ensemble de l’UE, la production des principaux secteurs à forte intensité énergétique, comme la chimie et l’acier, est en baisse. Des usines ferment leurs portes. Les champions industriels annoncent des licenciements.
Cette économie à faible consommation d’énergie a poussé les responsables politiques à émettre des avertissements existentiels : si les choses ne changent pas, disent-ils, l’industrie européenne va se réduire à néant. Lundi, Mario Draghi, gourou économique de l’UE et ancien président de la Banque centrale européenne, a délivré un message tout aussi alarmant, en utilisant les factures d’énergie élevées pour défendre son argument en faveur d’une refonte massive de la manière dont l’Europe fait des affaires.
Politico En2Fr
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