Une affiche bien visible, en gros caractères, accueillait les clients de l’Intermarché de Redon, en Ille-et-Vilaine, mi-août. Mais ici, pas de promotion ni d’offre particulière : elle contenait surtout un avertissement aux éventuels voleurs du magasin. « Dans certains pays, on ampute les voleurs… Ici, ils paient trois fois le prix des dégâts. » L’histoire, repérée par nos confrères de Ouest-France, a fait réagir. Si le voleur refuse de payer, la gendarmerie de Redon sera contactée. Puis, une plainte sera déposée ; et enfin, le nom et la photo du voleur seront affichés, à la vue de tous.
Une technique particulièrement virulente, mais que le gérant du magasin assume pleinement. « Les gens volent tout », explique-t-il à Ouest-France. High-tech, maquillage, alcool : selon lui, les produits volés ne concernent pas des fournitures de première nécessité.
Une affiche en contradiction avec la loi
Si le geste du gérant du magasin témoigne de son exaspération, il n’en demeure pas moins illégal : aux yeux de la loi, il est interdit de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en capturant, enregistrant ou transmettant l’image d’une personne sans son consentement. Il est donc impossible d’afficher la photo d’un individu identifié comme voleur sans son consentement.
Sur les réseaux sociaux, l’affiche a suscité la polémique. « Au-delà de la question juridique, c’est surtout la question morale qui doit nous interroger », a réagi le collectif Cerveaux non disponibles, suivi par près de 545 000 personnes.
Alors que le directeur affirme avoir sollicité un conseil juridique concernant l’affichage, le groupe Les Mousquetaires se désolidarise désormais de cette initiative. Dans un communiqué transmis au Télégramme, le groupe précise que « la démarche est une initiative personnelle du directeur du point de vente de Redon » et que « l’affichage ne reflète pas la politique actuelle d’Intermarché en matière de lutte contre le vol ».
« Le chef d’entreprise propriétaire de ce magasin présente ses excuses pour cette initiative à laquelle il n’a pas participé », a indiqué l’entreprise, ajoutant que « l’adhérent Intermarché Redon a rappelé à ses équipes l’importance de suivre les procédures légales pour lutter contre ces agissements ». L’affiche incriminée a été retirée le 14 août.