Face aux mauvais sondages, l’écologiste Marie Toussaint veut « forcer les portes du destin »
A une semaine des élections européennes, la candidate écologiste Marie Toussaint a appelé dimanche à « forcer les portes du destin électoral » confronté au risque de ne plus avoir de députés au prochain Parlement européen, lors de son dernier meeting de campagne à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
Devant quelque 1 600 personnes, elle a appelé à » la mobilisation « alors que les sondages lui créditent entre 5 et 7 % d’intentions de vote, très loin des 13,4 % recueillis par Yannick Jadot en 2019.
« Saisissez cette élection et déjouez tous les pronostics »dit-elle. « Écartez-vous, dépassez-vous, multipliez-vous et forcez ainsi les portes du destin électoral ».
De plus en plus d’élus écologistes s’inquiètent ces dernières semaines : la liste de Marie Toussaint constituera-t-elle plus que les 5 % nécessaires pour avoir des élus européens ?
« Si on fait autour de 5 % ou moins de 5 %, c’est la Bérézina. Si on fait 7 ou 8% ce sera plus mitigé, même si on sera loin des objectifs fixés » qui devaient réitérer le score de 2019, explique un cadre, qui considère que « le mouvement va traverser une crise ».
« Après 4,5% à la présidentielle, nous allons avoir encore un mauvais score, même si c’est normalement une élection qui nous est favorable ».
Notamment la dynamique du candidat PS/Place publique, Raphaël Glucksmann, qui a largement séduit l’électorat écologiste, y compris sur les sujets environnementaux.
« Le futur désirable de l’écologie, Glucksmann le fait très bien »remarque un autre écologiste.
Mais Marie Toussaint tacle : « Certains reprennent nos idées dans une version fanée, prétendant nous aider à sortir du ghetto dans lequel ils rêvent pourtant de sceller notre incarcération à vie ».
Elle a également lancé une perquisition auprès de la tête de liste LFI Manon Aubry, dénonçant ces « des amis qui nous souhaitent bonne chance et vont même jusqu’à prétendre sauver les écologistes en vous suppliant… de ne pas voter pour les écologistes ».
L’Insoumise avait affirmé que « le moyen le plus sûr d’envoyer des députés verts au Parlement européen est de voter » pour sa liste.
Un responsable socialiste juge cependant que le parti conserve une base électorale : « ceux qui votent Toussaint maintenant dans les sondages voteront Toussaint le 9 juin et tant mieux pour elle et pour la gauche ».
« Pris dans un étau »
Marie Toussaint, qui a lancé sa campagne en décembre alors qu’elle était inconnue du grand public, a surpris après un premier meeting qui a provoqué moqueries et incompréhension, par une séance de « Thérapie du butin »une sorte de danse en piscine.
« Nous n’avons pas tout bien fait, nous ne sommes pas parfaits, mais y a-t-il une équipe de remplacement, une équipe B ? Non, c’est juste nous »a lancé sur scène l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot.
Il a interpellé les « 3,55 millions d’électeurs qui, il y a cinq ans, ont glissé un bulletin vert dans l’urne » et les jeunes « qui peut maintenant voter » pour choisir la liste de la Toussaint.
La tête de liste, qui avait prôné « douceur » en politique, conseil « un contexte d’attaque permanente contre l’écologie » par le gouvernement, la droite, l’extrême droite et les lobbies, bien loin de la conjoncture favorable de 2019 marquée par de nombreux « marches pour le climat ».
« Le 9 juin, ce sera le pacte vert des écologistes pour une transition socialement juste, ou le pacte brun, mélange de climato-scepticisme assumé et de fascisme revisité »a-t-elle dit aux militants.
Pour Aymeric Farron, Bordelais de 25 ans qui vient de prendre sa carte de parti, « envoyer beaucoup d’eurodéputés verts au Parlement permettra de consolider tout ce que nous avons fait avec le Green Deal et de ne pas laisser l’extrême droite ou la droite défaire tout ce qui a été fait ».
Mais pour le framework cité ci-dessus, il y a un problème de positionnement : « le mouvement ne sait pas quelle écologie il défend »entre « le radicalisme et un côté plus social-démocrate, plus modéré. Du coup, on est coincé entre Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann”.
La patronne des Écologistes Marine Tondelier jure que rien n’est plié, affirmant qu’elle a « Plus de confiance dans les électeurs que dans les sondeurs »OMS « sous-évalué » les écologistes.
En interne, « ça chauffe pour Marine », analyse un Écologiste, alors que deux courants minoritaires au sein du parti viennent de réclamer un Congrès anticipé pour fin 2024 ou mars 2025.