Face aux épizooties, les vétérinaires de campagne en première ligne
Les brumes matinales se dissipent autour du plateau de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et la semaine des vétérinaires de campagne peut commencer. A la clinique vétérinaire Gypaète, la salle d’attente est déjà presque pleine. « Chaque jour, entre consultations, opérations et visites inopinées, près d’une centaine de personnes viennent chez nous »assure Clément Mestdagh, l’un des dix vétérinaires, assistés de neuf assistants, qui officient dans ce groupe situé en zone rurale, face au massif des Pyrénées.
Un café vite avalé, Vivien Philis, une « vétérinaire » de 41 ans, consulte l’application spécialisée sur son téléphone. « Aujourd’hui, ce sera relativement calme »il pense. Au menu, quelques visites dans un rayon de 35 kilomètres, où nous identifions 450 éleveurs de ruminants, dont 250 éleveurs de moutons. « Les animaux, les grands espaces, le contact avec les éleveurs, c’est ce que j’aime. »
Comme tout pratiquant, ses études ont duré six ans. A la fin de la cinquième année, les étudiants obtiennent le certificat d’études de base vétérinaires, puis, après une année d’approfondissement et leur soutenance de thèse, ils obtiennent le diplôme d’État de docteur vétérinaire.
Résurgence des virus
Veaux, vaches, moutons, cochons et, ici, le cochon noir de Bigorre, sont le quotidien de ce natif de Dordogne, féru de rugby : vaccinations, vêlages, membres cassés ou blessés, surveillance des troupeaux et des maladies. Et surtout, ces dernières années, l’apparition ou la résurgence de certains virus ou épizooties. « Depuis 2023, il y a une propagation de la maladie hémorragique épizootique (MHE)qui affecte le bétail. Il faut admettre que nous n’y étions pas vraiment préparés. »explique le spécialiste. Maladie virale non transmissible à l’homme et transmise par les moucherons, elle touche les ruminants sauvages et domestiques.
Chez les moutons, c’est la fièvre catarrhale (BCF), qui se propage dans les champs et fait des ravages depuis l’été. Selon le ministère de l’Agriculture, le nouveau virus est présent dans plus de 10 % du cheptel français, avec un taux de mortalité de 10 à 30 %. En Ariège, dans l’Aude et dans les Pyrénées-Orientales, les chambres d’agriculture faisaient état de 6 000 animaux morts fin août. Selon Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale du mouton, liée à la Fédération nationale des syndicats d’agriculteurs, ce chiffre atteindrait 50 000 au niveau national. Les vétérinaires sont en première ligne.
Ce matin de septembre, pour sa première visite, Vivien Philis se rend chez un éleveur de vaches laitières Holstein. Durant le week-end, une de ses soixante-dix vaches a présenté une inflammation rouge au niveau du museau, des signes de fatigue et un début de conjonctivite. « Soupçons de MHE, mais on fera aussi du FCO »diagnostique le vétérinaire. Des échantillons de sang sont prélevés sous la queue de l’animal. Les résultats du laboratoire d’analyses sortiront deux jours plus tard. « En 2023, nous avons perdu 10 % de la production laitière, notamment parce qu’il y avait beaucoup de veaux mort-nés. Pas de veaux, pas de lait pour les vaches”se désole l’éleveur, Ghislain Laran.
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