Le département des Bouches-du-Rhône est celui où l’on compte le plus de morts sur les routes en 2024, notamment à Marseille où ce nombre explose. En réponse, les autorités promettent une plus grande sévérité et un renforcement des contrôles.
Le Figaro Marseille
Il s’appelait Andy et il n’avait que 28 ans. Habitant à Allauch, dans les Bouches-du-Rhône, l’infirmière s’est mise au travail tôt dimanche matin pour prendre son service à la clinique Beauregard de Marseille, commune voisine. Son deux-roues a croisé la route d’une voiture qui lui a coûté la vie. Le conducteur récidiviste conduisait sans permis et sous l’emprise de drogues et d’alcool. Dimanche prochain, une marche blanche sera organisée en l’honneur du jeune infirmier à Allauch, à la demande de sa famille. Après avoir tenté de prendre la fuite, le conducteur a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
Le cas du jeune Andy est loin d’être isolé à Marseille. Selon le préfet de police des Bouches-du-Rhône, le département est devenu le plus meurtrier de France sur la route. Depuis janvier 2024, les autorités ont déploré pas moins de 85 morts dans des accidents, soit 23 de plus qu’en 2023 à la même période. « A Marseille, il y a eu 26 morts sur les routes depuis le début de l’année, alors qu’à la même époque l’année dernière, il y en avait 11 », calcule Pierre-Edouard Colliex. On assiste à une explosion des accidents à Marseille.»
Récemment, un sexagénaire, Philippe, a été arrêté sur un deux-roues à 182 km/h sur une voie limitée à 110. Dans les Bouches-du-Rhône, un quart des décès routiers en 2024 sont liés à la vitesse, tandis que que 14 % sont dus à l’inattention, notamment à l’utilisation du téléphone au volant. Particularité marseillaise : la conduite sous drogue est la troisième cause de décès sur la route, devant l’alcool au volant. Les autorités constatent également une augmentation des refus d’obtempération dans la région, principalement pour conduite sans permis ou parce qu’ils transportent de la drogue.
150 chèques par semaine
« Il est important qu’on n’accepte pas cette exception culturelle à Marseille »réprimande le préfet de police, qui regrette que « Ces comportements criminels sur la route sont largement ancrés dans la population ». Pour « mettre fin au sentiment d’impunité sur la route »les autorités promettent un « choc de la répression »tel que défini par le procureur de la République de Marseille. « Il faut que la population sache que quand un comportement est grave et répété, ça finit à la prison des Baumettes »insiste Nicolas Bessone.
Pour cela, la police et la gendarmerie vont augmenter le nombre de « contrôles du flash » avec un objectif de 150 contrôles par semaine dans les Bouches-du-Rhône et de 20 000 dépistages d’alcool et de drogues d’ici la fin de l’année. Dans le département, sept radars supplémentaires seront installés en 2024 et 15 en 2025, venant renforcer les 85 déjà en place. De son côté, le parquet de Marseille vient de désigner un itinéraire de référence pour « donner le ton et faire avancer les enquêtes ».
Les contrevenants les plus graves effectueront un stage dans une clinique accueillant des victimes de la route pour « une conscience de la souffrance des autres », selon le procureur de la République. Pas moins de 1 544 accidents ont été recensés dans le département depuis janvier 2024, soit une augmentation de 6,4% par rapport à la même période en 2023.