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Face à Valérie Hayer, Jordan Bardella se moque de « l’Europe de Macron »

Le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, et la macroniste, Valérie Hayer, avant le débat sur BFM-TV, jeudi 2 mai.

Il s’agissait de leur premier débat en face-à-face, très attendu par les deux camps, à près d’un mois des élections européennes. Le candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, et la tête de liste macroniste, Valérie Hayer, tous deux députés européens depuis 2019, ont présenté pendant plus de deux heures sur BFM-TV, jeudi 2 mai, deux visions diamétralement opposées, qui que ce soit sur l’agriculture, l’Ukraine ou même l’immigration.

Tout au long de ce débat, l’élu d’extrême droite, jusqu’ici favori dans les sondages, n’a cessé de nationaliser les enjeux de l’élection, visant avant tout le président de la République. «Le 9 juin, il faudra à la fois sanctionner la politique d’Emmanuel Macron car c’est la seule élection nationale du quinquennat avant la prochaine élection présidentielle et évidemment sanctionner l’Europe de Macron qui, il y a quelques semaines à peine, a mis des milliers d’agriculteurs au chômage. les rues du pays »dit-il, croyant que Mmoi Hayer «représente le pouvoir politique en France ce soir».

Railleur « duplicité » par Jordan Bardella – « il dit ce pour quoi il ne vote pas, il ne vote pas pour ce qu’il dit » – et lui reprochant régulièrement de lui avoir coupé la parole, Mmoi Hayer s’est présentée comme candidate « profondément européen ». « Je crois profondément que c’est en renforçant l’Europe qu’on renforcera la France et qu’on renforcera les Français »s’est-elle défendue, alors que sa liste est menacée dans les sondages par celle menée par le socialiste Raphaël Glucksmann.

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Interrogé en préambule de l’émission sur la récente succession de faits divers, dont la mort de Matisse, 15 ans, tué à Châteauroux le 27 avril par un mineur de nationalité afghane, le candidat macroniste a dénoncé « indignité » du RN qui « exploite systématiquement les tragédies pour en tirer un profit politique » : « Vous choisissez vos victimes, vous choisissez vos auteurs quand il y a des tragédies. » « Vous êtes les acteurs de la montée de la fièvre en France, vous contribuez à diviser notre pays », » a-t-elle ajouté, faisant ainsi un parallèle avec la série « La Fever », qui dépeint une société fragmentée. « La France d’Emmanuel Macron connaît une insécurité record, il n’y a plus un seul endroit dans notre pays où les Français soient à l’abri de la violence, de l’insécurité »a répondu Jordan Bardella, préconisant « fermeté, encore fermeté, toujours fermeté ».

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Sur l’Ukraine, Bardella juge « dangereux » les propos de Macron

Au cours de l’émission, les deux candidats ont débattu de la guerre en Ukraine, l’un des sujets majeurs de cette campagne européenne. Alors qu’Emmanuel Macron a réitéré sa position au sujet d’un éventuel déploiement de troupes terrestres en Ukraine, dans un entretien publié jeudi par L’économistecroyant que « il ne faut rien exclure », M. Bardella a considéré ces remarques  » dangereux « .  » (Ils) nous font prendre un risque majeur, celui de l’escalade. Aujourd’hui, l’Ukraine a besoin d’équipements pour assurer sa défense, notamment antimissile et antichar. Le président Zelensky n’appelle pas de troupes », a assuré M. Bardella. Avant de rappeler la position du Rassemblement National : « Apporter concrètement aux Ukrainiens ce dont ils ont besoin pour tenir le front et permettre à la France d’éviter toute escalade en consolidant notre architecture de sécurité en Europe de l’Est notamment. »

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Valérie Hayer a, elle, « assumé l’ambiguïté stratégique du président de la République qui est utile ». «Poutine ne fixe aucune ligne rouge et les dépasse même. Il les traverse les uns après les autres. Il ne comprend que l’équilibre des pouvoirs. »s’est-elle défendue, avant d’interroger Jordan Bardella sur ses votes au Parlement européen lors du dernier mandat.

« Pas une seule fois vous n’avez soutenu l’Ukraine, pas une seule fois vous n’avez condamné les conditions de détention de l’opposant russe Alexeï Navalny. (décédé en prison en février) »elle a attaqué, croyant qu’il « a fini par le faire le lendemain de sa mort, lorsque sa veuve est venue au Parlement européen ». « Comment as-tu pu la regarder dans les yeux? » « , elle a demandé. En réponse, M. Bardella a accusé M.moi Hayer et son camp « jouer à des jeux, se moquer du Parlement en votant des résolutions qui ne sont que symboliques ». Le candidat d’extrême droite a alors réaffirmé son opposition « à tout élargissement européen »et notamment à l’entrée de l’Ukraine, qui signerait, selon lui, « la fin de l’agriculture française ».

Les deux candidats sont ensuite revenus sur les propos d’Emmanuel Macron qui s’est dit prêt à « ouvrir le débat » d’une défense européenne qui inclurait également les armes nucléaires. « Je suis favorable à l’ouverture de ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes à longue portée, les armes nucléaires pour ceux qui les possèdent ou qui ont des armes nucléaires américaines sur leur sol »a déclaré le chef de l’Etat dans un entretien dimanche aux quotidiens régionaux.

Pour moimoi Hayer, cette proposition vise à « permettre à nos partenaires européens de bénéficier de ce parapluie nucléaire dont nous bénéficions parfois ». «Mais on ne va pas décider à Vingt-Sept d’activer le bouton (nucléaire). Cela restera la décision du Président de la République », a-t-elle assuré. A l’inverse, pour Jordan Bardella, à travers cette proposition, « Emmanuel Macron ne défend pas les intérêts français » considérant que la France « n’aurait alors plus son droit de veto » au Conseil de sécurité des Nations Unies.

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Pour Hayer « sans l’Europe, notre agriculture française ne serait pas aussi forte »

Ces deux visions de l’Europe se sont également affrontées sur l’agriculture plusieurs semaines après la mobilisation des agriculteurs sur une grande partie du continent. Jordan Bardella a notamment dénoncé les accords commerciaux, dont celui avec le Canada, le CETA, qui fragilise selon lui les agriculteurs en « mettre en concurrence avec la terre entière ». « Vous organisez donc une concurrence déloyale contre laquelle nos agriculteurs ne peuvent pas lutter. Vous multipliez les normes environnementales avec toujours plus de contraintes et parfois avec des interdictions de produits phytosanitaires sans alternative »il a continué.

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La candidate du camp présidentiel – Renaissance, MoDem, Horizons et UDI – a quant à elle défendu la Politique Agricole Commune qui « a permis d’assurer dix milliards d’euros d’aides qui viennent chaque année aux agriculteurs français »appelant cependant à « accélérer la lutte contre la concurrence déloyale ». « Ma conviction personnelle est que sans l’Europe, notre agriculture française ne serait pas aussi forte »dit-elle.

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Enfin, les deux députés ont été interrogés sur l’immigration. Ils ont notamment discuté du pacte migratoire adopté par le Parlement européen en avril. Le texte prévoit notamment le renforcement des contrôles sur les arrivées de migrants au sein de l’UE et la mise en place d’un système de solidarité entre États membres dans la répartition des réfugiés. « Avec ce pacte, nous avons enfin une solution concrète sur la table pour réguler l’immigration irrégulière »a salué Valérie Hayer, selon laquelle cela permettra « pour la première fois pour enregistrer les personnes arrivant aux frontières de l’UE. Nous prendrons leur identité, leurs empreintes digitales, leur passeport, leur photo… ».

A l’inverse, Jordan Bardella, qui a voté contre ce pacte au Parlement européen, estime qu’il impose « une équation très simple : c’est la répartition obligatoire des migrants dans les Etats membres ou la sanction financière ». L’eurodéputé d’extrême droite a ensuite défendu « le principe de la double frontière ». «Je pense que la liberté de circulation dans l’espace Schengen ne devrait être accordée qu’aux ressortissants de l’Union européenne. Arriver en Italie et obtenir un quelconque permis de séjour ne devrait pas vous donner le droit de voyager dans tous les pays européens.a-t-il proposé, en prenant l’exemple des aéroports « où si vous êtes ressortissant non européen, vous devez vous soumettre à un contrôle ».

Par ailleurs, Valérie Hayer a tenté d’attaquer Jordan Bardella sur les alliés du RN au Parlement européen et sur l’histoire du parti d’extrême droite. Le candidat macroniste a notamment demandé à l’eurodéputé de déclarer que « Jean-Marie Le Pen était une honte » de sa formation politique « depuis cinquante ans ». M. Bardella avait alors reconnu que le fondateur du RN avait tenu des propos dans sa vie « éminemment antisémite ». « Mais si une fois de plus, dix ans plus tard, vous appelez à l’aide Jean-Marie Le Pen, c’est probablement parce que vous n’avez pas grand-chose à dire sur ce qui intéresse nos concitoyens »il a alors répondu.

Les deux candidats se retrouveront lors d’un prochain débat télévisé qui réunira les principaux dirigeants le 21 mai sur LCI, près de deux semaines avant le vote.

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Cammile Bussière

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