Face à Martin Fourcade et Ole Einar Bjoerndalen, où se situe Johannes Boe parmi les plus grands biathlètes de l’histoire ?

Johannes Boe a annoncé samedi qu’il prendrait sa retraite à la fin de la saison. Voici le Norvégien de 31 ans sur le point d’entrer dans l’histoire. Il est, avec son compatriote Ole Einar Bjoerndalen et le Français Martin Fourcade, l’un des trois plus grands biathlètes de tous les temps. Mais lequel des trois est le plus grand ? Impossible à dire. Il est cependant possible de lister les éléments qui les caractérisent.

Pas la liste la plus complète

Chacun des trois cannibales a son point fort. Bjoerndalen possède le plus de titres et de victoires olympiques, Fourcade a le plus de Globes de cristal et Boe a le plus de victoires en Coupe du monde en une saison (16). Pour l’instant, ce dernier est le 3ème biathlète le plus titré en Coupe du monde (5 gros globes, contre 6 pour Bjoerndalen et 7 pour Fourcade), le 2ème en nombre de victoires (88, contre 95 pour Bjoerndalen), le 2ème en le nombre de médailles olympiques (9 dont 5 titres, contre 14 médailles dont 8 titres pour Bjoerndalen) et 3ème en nombre de titres mondiaux (10, contre 11 pour Bjoerndalen et Fourcade).

Avant le départ groupé de Ruhpolding dimanche, il lui reste encore 14 courses à disputer. Pour égaler Bjoerndalen en nombre de victoires en Coupe du monde, il lui faudrait en remporter une sur deux. Difficile, mais pas impossible. La longue carrière de Bjoerndalen (25 ans) fausse néanmoins les critères.

Une belle rivalité avec Fourcade

Quand on est français (mais pas seulement) et qu’on parle de Bjoerndalen, ce qui vient à l’esprit, c’est sa rivalité avec Raphaël Poirée. C’est oublier que le Norvégien a aussi côtoyé d’autres grands noms comme Sven Fischer, Emil Svendsen ou encore Martin Fourcade. Ce dernier a succédé à Bjoerndalen comme patron incontesté de la discipline, mais il a dû se heurter à la fin de sa carrière à la poussée de Boe, qui a dû attendre 2019 pour lui voler le Globe de cristal. Depuis la retraite du Français, Boé n’a plus eu d’adversaire de son gabarit sur le long terme (« Martin me manque », confiait-il un jour), à l’exception d’un Quentin Fillon Maillet stratosphérique lors de l’année olympique 2022.

Tir inégal, sprint impressionnant

Pour gagner à ce niveau, les trois hommes devaient être parmi les plus rapides en ski. Ce fut donc le cas, même si à l’approche de la quarantaine, Bjoerndalen voyait ses performances décliner. Au tir, ce dernier devait constamment être à son maximum pour contrer Poirée. Tout au long de sa carrière, il s’est montré perfectionniste, cherchant des innovations pour gagner le plus de temps possible au stand (ou sur les skis). Fourcade a la particularité d’avoir vu sa moyenne augmenter régulièrement tandis que Boé a été plus inégal au tir, à l’exception de sa belle année 2023 où il culminait à 88% de réussite. Le Norvégien a été impressionnant dans les sprints tandis que Fourcade a régné en maître sur les trois autres épreuves.

Une personnalité à part

Inutile de préciser que pour les trois hommes, des qualités intrinsèques et une extrême rigueur ont toujours été essentielles. Au-delà de cela, Bjoerndalen était entièrement concentré sur son sport. Il était respecté de tous mais pas forcément amical. Vincent Jay se souvient que le Norvégien a commencé à vraiment s’intéresser à lui lorsqu’il est devenu champion olympique en 2010. Fourcade avait un tout autre caractère. Le catalan était (et est toujours) une machine intellectuelle impressionnante. Et il avait d’ailleurs compris que son image était importante pour la popularité de son sport. Il s’est ainsi montré bien plus ouvert que ce soit dans le monde du biathlon ou en dehors, aimant bien plus communiquer que son prédécesseur.

Quant à Boe, à l’écoute de ses adversaires et de ceux qui le connaissaient, il avait un petit grain de folie en plus. « Ce qui vient immédiatement à l’esprit, c’est le personnage, sa personnalité, son charisme »» a déclaré à son sujet son entraîneur Siegfried Mazet. «  Vraiment un bon gars », a ajouté Fourcade. Le ton des réactions à l’annonce de sa retraite a été celui de la tristesse. Mais ce fut aussi le cas en 2020 pour Fourcade.