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Face à l’offensive russe sur Kharkiv, où est l’aide militaire promise par les alliés de Kiev ?

L’armée ukrainienne manque de munitions, d’armes et de soldats, et souffre notamment du déblocage tardif d’une nouvelle enveloppe par les Etats-Unis.

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Un soldat ukrainien transporte un drone vers Bakhmut, Ukraine, le 10 mai 2024. (DIEGO HERRERA CARCEDO / AFP)

L’armée ukrainienne est en difficulté. Comme le craignait Kiev, Moscou a lancé vendredi 10 mai une offensive terrestre dans la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine. Ce territoire frontalier avec la Russie, particulièrement disputé depuis le début de la guerre, a été largement repris par l’armée ukrainienne en septembre 2022. Samedi et dimanche, la Russie a annoncé la prise de neuf villages de la région, dont plus de 4 000 habitants ont été évacués, selon le gouverneur.

« Perturber les plans offensifs russes est désormais notre tâche numéro un »assuré samedi soir Volodymyr Zelensky, assurant que les troupes ukrainiennes avaient mené des contre-attaques dans les villages frontaliers. Mais le président ukrainien a également exhorté, une nouvelle fois, ses alliés à accélérer les livraisons d’armes, qui tardent à arriver au front.

Washington tente de compenser des mois de procrastination

Ces difficultés d’approvisionnement proviennent en partie de divisions aux Etats-Unis. Le 20 avril, Les parlementaires américains ont finalement accepté d’accorder 61 milliards de dollars pour aider l’Ukraine militairement et économiquement. Demandé par Joe Biden, cette aide a longtemps été bloquée par une partie des Républicains, au point que Le Congrès n’avait pas voté une enveloppe importante pour son allié depuis près d’un an et demi.

Toutefois, la livraison des armes promises prendra un certain temps. Citant des analystes et des responsables militaires, le New York Times Il est entendu que les livraisons seront effectives au plus tôt au cours de l’été. « Les Russes savent qu’ils ont moins de deux mois pour attaquer. Après, nous avons les moyens promis par les Américains »espère le commandant ukrainien Yuri Fedorenko.

En attendant, Washington tente de compenser en multipliant les initiatives. La Maison Blanche a annoncé vendredi une aide de 400 millions de dollars, dontt les armes dont l’Ukraine a besoin « urgent », notamment les systèmes anti-aériens Patriot, selon le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. La troisième nouvelle enveloppe depuis fin avril, pour un total de plus de 7 milliards de dollars.

Les Européens recherchent de nouvelles ressources

L’enjeu est stratégique, car les États-Unis sont, de loin, le principal soutien militaire de l’Ukraine, qui ne peut pas attendre une aide aussi substantielle de la part de ses partisans européens. Fin avril, le Royaume-Uni a promis 500 millions de livres sterling d’aide militaire supplémentaire. Mais cette contribution porte le soutien annuel de Londres à Kiev à trois milliards de livres, une somme sans commune mesure avec l’enveloppe américaine.

Principal financier européen de l’Ukraine, l’Allemagne a également débloqué 500 millions d’euros supplémentaires à la mi-mars, mais refuse toujours d’envoyer des missiles de croisière Taurus, ces armes à longue portée demandées depuis un an par l’armée ukrainienne. La chancelière allemande, ainsi qu’une partie du Bundestag, estiment que leur utilisation en Ukraine nécessiterait la mobilisation de soldats allemands. « J’ai la responsabilité d’empêcher l’Allemagne de participer à cette guerre »a réaffirmé Olaf Scholz devant le Parlement à la mi-mars.

Le soutien de l’Union européenne est également compliqué par la difficulté des Vingt-Sept à se mettre d’accord sur une aide commune. Après des semaines de négociations, un accord a finalement été trouvé le 13 mars pour ajouter 5 milliards d’euros à un fonds commun destiné à rembourser les États membres pour les armes données à l’Ukraine. Mais les demandes de Paris et de Berlin sur la manière d’utiliser l’argent ont retardé la conclusion de l’accord.

Les Européens, conscients de l’urgence sur le terrain, cherchent des financements dans toutes les directions. Mercredi, ils sont parvenus à un accord « de principe » Pour utiliser les avoirs russes gelés dans l’UE pour armer les forces ukrainiennes, un sujet très débattu entre les Vingt-Sept. Mais si la valeur cumulée de ces actifs est estimée à 200 milliards d’euros, Bruxelles estime qu’elle peut en tirer une manne de 2,5 à 3 milliards d’euros par an en faveur de Kiev.

Des pays réticents à se séparer de certains équipements

Washington fait pression sur ses alliés en Europe pour qu’ils accélérer la livraison des fameux Patriot, ces systèmes de défense antiaérienne qui ont l’avantage d’être connus de l’armée ukrainienne. Le président Zelensky a déclaré le 19 avril que l’Ukraine avait besoin « sept Patriots supplémentaires ou systèmes de défense aérienne similaires » pour protéger ses villes.

Ces systèmes permettraient à l’Ukraine de « pour contrer les bombes russes, (Moscou) utilisé pour pilonner des positions défensives et des cibles civiles, telles que des centrales électriques », Marina Miron, chercheuse au département d’études sur la guerre du King’s College de Londres, a déclaré à la BBC.

Si ces missiles sont fabriqués par les États-Unis, plusieurs armées européennes en possèdent dans leur arsenal, comme l’Espagne, la Grèce, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne ou la Suède. Certains de ces pays hésitent à se séparer de ces équipements, indispensables à leurs plans de défense régionaux. Les médias espagnols rapportaient fin avril que le gouvernement de Pedro Sanchez aurait subi de fortes pressions de la part de l’Union européenne et de l’Otan pour faire don de ses systèmes de défense.

Eleon Lass

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