Face à l’incursion ukrainienne, le mécontentement grandit dans la population russe – Libération
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Face à l’incursion ukrainienne, le mécontentement grandit dans la population russe – Libération

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Guerre entre l’Ukraine et la Russiecas

Depuis l’attaque du 6 août dans l’oblast de Koursk, la méfiance et l’inquiétude à l’égard du Kremlin ont augmenté parmi les habitants de la région, sapant le récit officiel d’une « guerre contrôlée ».

Pour tout le monde, c’était une attaque inattendue. Le conflit, qui devait rester à distance, ont soudainement franchi la frontière russe, semant l’inquiétude au sein de la population. Depuis l’incursion des forces ukrainiennes dans l’oblast de Koursk, dans le sud-ouest de la Russie, le 6 août, au moins 121 000 personnes ont quitté ou ont été évacuées de la région. Cette attaque, qualifiée par Vladimir Poutine de « provocation majeure », a mis en évidence une divergence croissante entre la perception russe de la guerre dans la région et ce que le gouvernement en dit.

Dans les rues de Koursk, l’inquiétude est grande. « Nous sommes partis parce que la vie de nos enfants est trop précieuse pour rester là-bas », explique une mère de trois enfants dans une vidéo postée sur le réseau social russe VKontakte. Dans les commentaires, un internaute demande : « Pourquoi Poutine ne s’est-il pas adressé à la nation ? (…) Quels sont les délais et les plans pour reprendre le contrôle de la situation et rouvrir les écoles le 1er septembre ? (date de la rentrée scolaire en Russie, ndlr) « Cette attaque a été une surprise totale », Tandis que la peur et la désillusion prédominent parmi les citoyens russes, Vladimir Pastukhov, politologue et chercheur russe associé à l’University College de Londres, observe un autre phénomène : « Ce qui m’inquiète, c’est de voir des gens complètement perdus, qui ont l’impression d’avoir été abandonnés.il analyse dans une interview sur la chaîne YouTube Khodorkovsky Live. Mais je ne vois aucune lueur de réflexion dans leurs yeux. Ils ne font pas le lien entre leur situation désespérée et la guerre, et encore moins avec le fait que cette guerre a été déclenchée par leur propre chef.

Compromettre le récit officiel

La réponse tardive et jugée insuffisante du Kremlin n’a fait qu’amplifier l’incertitude au sein de la population. Sur X, un utilisateur s’indigne : « La Russie est désormais envahie, et Poutine, caché dans son bunker, n’a même pas pris la peine de parler de ce qui s’est passé, qualifiant simplement l’invasion de « provocation ». Un autre utilisateur critique le président russe pour son prétendu manque d’intérêt pour l’attaque : « Alors que les forces ukrainiennes ont capturé la moitié de la région de Koursk, le chef d’état-major a été pratiquement remplacé par le directeur du FSB (le service de renseignement intérieur)(…) Poutine, de son côté, inaugure en grande pompe le « Forum militaire international 2024 » et nous parle à nouveau d’un « monde multipolaire » que la Russie est censée construire. Le forum militaro-technique est une exposition internationale annuelle de l’industrie de l’armement, qui accueille cette année plus de 120 entreprises internationales dans la région de Moscou.

Les critiques viennent également des cercles ultra-patriotiques. Beaucoup accusent les autorités russes de préférer instaurer un régime « antiterroriste ». Les autorités russes ont décidé de lancer une offensive dans les régions de Koursk, Briansk et Belgorod, plutôt que de déclarer officiellement la guerre. Selon des blogueurs militaires et d’autres observateurs de la Russie, cela aurait permis aux autorités d’adopter des mesures plus radicales, comme l’interdiction des manifestations, l’imposition d’un couvre-feu ou la mobilisation de la production industrielle à des fins militaires. Mais le Kremlin a opté pour une approche plus limitée. L’Institute for the Study of War, un think tank basé aux États-Unis, a émis l’hypothèse que ce choix visait à minimiser l’ampleur de l’invasion aux yeux de l’opinion publique et à limiter les réactions négatives. Selon les médias russes indépendants, Verstka, Selon certaines informations, Poutine aurait évité d’utiliser la terminologie militaire lors d’une réunion avec le gouverneur par intérim de Koursk, Alexeï Smirnov, le 8 août.

Malgré la répression de Poutine contre l’opposition et son emprise de fer sur la Russie, les récentes attaques de Koursk menacent de saper le récit officiel d’une « guerre sous contrôle », observe le journal américain La collineSelon Alena Kudzko, experte du think tank Globsec, la situation pourrait accroître la pression sur le Kremlin : « Il y aura plus de mécontentement parmi la population envers le gouvernement. Même ceux qui soutiennent la guerre en principe ne seront pas contents des conséquences du conflit sur leur vie quotidienne.

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