« Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un Etat souverain. Vous devez donc agir selon nos conditions si vous voulez enseigner ici », a prévenu le ministre turc de l’Education à la mi-juillet.
Son ministère est passé de l’avertissement à la sanction ce samedi en interdisant avec effet immédiat toute nouvelle inscription dans les classes de maternelle et de CP dans les écoles françaises.
Au cœur du litige, une demande persistante de « réciprocité » de la part d’Ankara, qui demande de pouvoir ouvrir en France des écoles turques reconnues par l’Etat français. Faute d’accord, la Turquie a répondu.
En vertu d’un accord intérimaire conclu après de « longues négociations », a indiqué le ministère turc de l’Education dans un communiqué, « aucun nouvel élève turc ne sera inscrit dans les écoles mentionnées jusqu’à ce qu’un accord international prévoyant un statut légal soit conclu ». « Aucun nouvel élève turc ne sera donc inscrit dans les classes de maternelle et de première année des écoles primaires Charles De Gaulle (à Ankara, ndlr) et Pierre Loti » à Istanbul, a-t-il précisé.
Alors que les négociations entre le ministère turc de l’Education et la représentation française étaient en cours « depuis janvier », la crise avait éclaté mi-juillet. A l’époque, le ministre, Yusuf Tekin, avait dénoncé « l’arrogance » de la France qui « ne daigne pas nous prendre comme interlocuteur ». « Donnons un statut légitime à ces écoles (françaises, ndlr). En échange, nous aurons certaines revendications pour les citoyens turcs en France », avait insisté le ministre.
Il a notamment insisté sur « des cours de langue et de civilisation turques » pour les étudiants de la diaspora en France, affirmant que Paris « bloquait » sur ce point. Cette fois, il semble en passe d’obtenir gain de cause. Son ministère affirme qu’un « accord global de coopération éducative, incluant l’enseignement du turc pour les étudiants turcs résidant en France » est actuellement en cours de négociation et appelle à « poursuivre les négociations pour le finaliser au plus vite ».
En attendant, les écoles françaises en Turquie se retrouvent de facto sous tutelle. « La liste des élèves turcs inscrits et les informations sur les écoles certifiées par l’Agence française pour l’enseignement à l’étranger (AEFE) seront transmises à notre ministère avant la rentrée prochaine », prévient cette dernière. Les élèves déjà inscrits dans les écoles et lycées français pourront y poursuivre leur scolarité, mais à terme, l’interdiction d’admettre des citoyens turcs dans ces établissements réduirait drastiquement leur nombre d’élèves et les mettrait en danger.
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