Santé

Face à la montée des contaminations, l’OMS envisage un état d’urgence maximale

Vers un état d’urgence maximale ? C’est en tout cas la voie envisagée par leL’OMS préoccupée par la propagation d’une nouvelle souche de Mpox, ou variole du singe, en République démocratique du Congo (RDC). Une réunion se tiendra mercredi prochain, a indiqué l’organisation, pour discuter de cette éventualité.

 » Compte tenu de la propagation du Mpox en dehors de la RDC (République démocratique du Congo) et de la possibilité d’une propagation internationale supplémentaire à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique, j’ai décidé de convoquer un comité d’urgence (…) pour m’aviser si l’épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale. « , a déclaré mercredi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Une urgence de santé publique de portée internationale est l’alerte la plus élevée que l’OMS peut émettre. Elle peut être déclarée par le directeur général de l’OMS, sur avis du comité.

Au total, au moins 16 pays du continent, sur 55, ont déjà enregistré des cas de cette nouvelle souche de Mpox – découverte en septembre 2023 – avec 887 cas recensés rien que la semaine dernière, et cinq décès. Une poussée qui est due, en grande partie, au mode de transmission de ce nouveau variant.

Monkeypox : l’UE commande 170 000 doses de vaccin supplémentaires

Une mortalité plus élevée ?

Et si les autorités sanitaires sont particulièrement inquiètes, c’est parce que l’épidémie actuelle est provoquée par une nouvelle souche, appelée Clade 1b, transmise entre humains par les lésions qu’elle provoque, notamment au niveau des organes génitaux. Il s’agit d’une mutation du sous-type Clade 1, découverte pour la première fois chez l’humain en 1970 dans l’actuelle RDC (ex-Zaïre) et qui se transmettait des animaux infectés à l’humain. La nouvelle mutation qui change le mode de transmission rappelle la souche Clade 2b en 2022, qui s’était propagée hors du continent africain, touchant principalement les hommes homosexuels et bisexuels. L’épidémie avait fait quelque 140 décès sur environ 90 000 cas.

Monkeypox : premiers décès en Europe

La similitude de transmission de ce nouveau variant est la raison de la forte inquiétude de l’OMS. D’autant qu’il est plus mortel et plus transmissible que les précédents selon certaines institutions.Au 3 août, un total de 14 479 cas ont été confirmés ou suspectés en Afrique, entraînant 455 décès, soit un taux de létalité d’environ 3%, selon l’Africa CDC (Centres africains de contrôle et de prévention des maladies) de l’Union africaine, principalement au Kenya, au Burundi, au Rwanda et en Côte d’Ivoire. Mais pour l’heure, la RDC est le pays le plus touché. Des chiffres à nuancer, selon le professeur Antoine Gessain, directeur de l’unité de recherche « Epidémiologie et physiopathologie des virus oncogènes » à l’Institut Pasteur. :

 » Il est difficile de savoir si ce virus est plus mortel, car la population touchée est aussi plus vulnérable. En effet, il s’agit de populations sexuelles ayant de multiples partenaires, dont les professionnel(le)s du sexe et de nombreuses personnes atteintes du VIH. »

Le clade 1b provoque des éruptions cutanées sur tout le corps, alors que les souches précédentes se caractérisaient par des éruptions cutanées et des lésions localisées sur la bouche, le visage ou les parties génitales. La transmission entre humains, principalement par voie sexuelle, est très rapide dans ces populations, peu sensibilisées aux symptômes du virus.

15 millions de dollars pour prévenir les maladies

Face à cette recrudescence de cas similaires à ceux répandus hors d’Afrique en 2022, l’OMS veut réagir vite. Si l’organisation déclare le niveau d’urgence de santé publique, cela permettra de lever rapidement des fonds et de mobiliser les pays à l’échelle continentale. L’institution a chiffré à 15 millions de dollars le plan d’action régional pour prévenir la maladie. De leur côté, les États-Unis ont annoncé mercredi une aide de 10 millions de dollars pour la RDC, destinée à « soins de santé » pour répondre à l’épidémie actuelle.

Ce plan, comme dans les pays occidentaux lors de la contamination par le Clade 2b, devrait consister en une vaccination, la prise d’un antiviral appelé Tecovirimat ainsi qu’une connaissance de la maladie conduisant à une modification comportementale pour limiter la propagation. Toutes ces dispositions ont permis de stopper très rapidement la propagation du virus hors d’Afrique. Problème :  » À ce jour, il n’existe pas de vaccin contre la variole du singe disponible dans ces pays, à petite ou à grande échelle.  » regrette le professeur Antoine Gessain.

Au vu de la récente augmentation des cas, l’OMS a invité hier soir les fabricants de vaccins contre la variole à soumettre des dossiers pour une évaluation d’urgence afin d’accélérer la distribution.