face à la « Glucksmania », les Insoumis voient rouge
Pire encore pour La France insoumise, l’essayiste et député européen de 44 ans avance une autre orientation, moins radicale que celle des Insoumis. « Il nous faudra une union de la gauche après ces élections, mais ce ne sera pas à la manière de Jean-Luc Mélenchon », avait-il même prévenu la semaine dernière.
« Vote utile » à gauche
Pour les Insoumis, remettre en cause leur figure tutélaire, avec ses 22% à la dernière présidentielle, équivaut presque à un crime de lèse-majesté.
« Si François Hollande donne de l’oxygène à la gauche, ce sera le désordre. Leur ligne considérera, à tort, que c’est à eux de prendre le dessus », prévient Manuel Bompard. Pour le coordinateur de LFI, le fondateur de Place publique, identifié comme mondain et parisien, n’est guère un homme de gauche. « S’il avance un peu, c’est en raflant les voix des macronistes », assure-t-il en demandant : « Quelle est la différence entre Glucksmann aujourd’hui et Macron de 2016 ? « .
« Ils tentent de le caricaturer », répond un cadre socialiste, tandis qu’un membre du parti rose estime que leur candidat « s’attribue beaucoup de mérite à Jean-Luc Mélenchon, un peu à Macron et un peu aux Verts », dont La campagne peine à décoller malgré un lancement en décembre.
Un « retour aux sources » du « vote utile » à gauche dont a bénéficié Jean-Luc Mélenchon en 2022, selon un candidat de la liste de Raphaël Glucksmann.
« Forêt » d’éléphants
Pour tenter de régler le duel avec son homologue socialiste, la tête de liste Insoumis, Manon Aubry, lui a écrit une lettre ouverte en début de semaine, comme François Ruffin l’avait fait en janvier, pour dénoncer la « désunion de la GAUCHE ». . Une lettre qui n’a pas encore reçu de réponse.
« Nous n’allons pas entrer en relation épistolaire avec Manon Aubry. Nous ne sommes pas dans une primaire de gauche», déclare la députée sortante Aurore Lalucq, reconduite sur la liste de Raphaël Glucksmann. Mais les piques passent aussi par des tweets bien plus acerbes que les lettres de Manon Aubry. « Aubry joue le bon flic, les autres sont tous des méchants flics », analyse un sénateur socialiste.
Le député LFI Thomas Portes a par exemple qualifié Raphaël Glucksmann de « porte-parole de l’Otan » et l’a qualifié de représentant de « la gauche au service de la finance ». La militante franco-palestinienne Rima Hassan, présente sur la liste LFI à la 7e place, l’a de son côté accusé de « bégayer très fort quand il s’agit de nommer les crimes commis par Israël » ou de « mépriser » la gauche.
« En voyant comment les rebelles ciblent Glucksmann, ils ont peur de lui. J’ai peur que ça s’intensifie, ils y vont déjà avec le canon à merde», constate le député socialiste, reprenant une expression de Jean-Luc Mélenchon.
Le centre de gravité va-t-il bouger ?
Reste à savoir si, en cas d’avancée large de Glucksmann sur les Insoumis le 9 juin, le centre de gravité de la gauche se trouverait dépassé et l’hégémonie insoumise ainsi menacée.
« Si Glucksmann arrive premier à gauche, c’est embêtant. C’est la vieille gauche qui revient», reconnaît en privé un cadre insoumis.
Mais Manuel Bompard, qui accuse Raphaël Glucksmann d’être « l’arbre qui cache la forêt des éléphants socialistes », prévient : « Le centre de gravité de la gauche doit épouser les préoccupations des classes populaires, qu’elles votent ou non ».