face à la déferlante Trump, la désillusion des « trois du Wisconsin »
Il y en a trois. Trois jeunes républicains du Wisconsin, convaincus, à la veille de l’élection présidentielle de 2016, que leur heure est venue. En 2010, Scott Walker a été élu gouverneur de l’État de Badger à l’âge de 43 ans lors du raz-de-marée républicain des élections de mi-mandat. Un an plus tard, Reince Priebus, jusqu’alors chef du parti dans le même Etat, prend à 39 ans la tête du Comité national républicain, la plus haute instance politique du Grand Old Party (GOP). Le troisième, Paul Ryan, qui siégeait déjà à la Chambre des représentants du Congrès américain, a été choisi en 2012, à seulement 42 ans, comme candidat à la vice-présidence par le républicain Mitt Romney.
Scott Walker est l’aîné du trio des quadragénaires. Sa jeune carrière a été portée par l’élan conservateur quasi-insurrectionnel du Tea Party, une vague de protestation soulevée après la crise financière des subprimes de 2008, en opposition aux gigantesques plans de soutien fédéraux. Clin d’œil à un épisode de l’histoire de l’indépendance des Etats-Unis (une révolte contre les taxes sur le thé imposées par la couronne britannique), le Tea Party stigmatise autant l’administration démocrate de Barack Obama que la direction du Parti républicain. Ce dernier est accusé d’avoir renoncé à ses principes en acceptant que des milliards de dollars d’argent public soient versés dans le secteur bancaire, l’immobilier ou l’automobile, pour les sauver de la ruine.
Paul Ryan est l’intellectuel du groupe, qui ne jure que par la romancière Ayn Rand, grande prêtresse du capitalisme et partisane d’un État fédéral réduit au strict nécessaire. Il compte parmi les plus ardents défenseurs du conservatisme budgétaire, en guerre contre les impôts et le déficit budgétaire aggravé par la crise des subprimes. Le Parti républicain repose sur ce pilier depuis des décennies, notamment depuis la révolution Reagan (1981-1989).
Reince Priebus est fier de sa stratégie. Après la désillusion républicaine de 2012, lors de la réélection de Barack Obama et de son vice-président, Joe Biden, il coordonne l’exercice d’introspection du GOP, qui tente de faire la lumière sur cette défaite que le conseiller de Mitt Romney, Karl Rove, persistait à nier. le soir des élections. Megyn Kelly, la présentatrice de la chaîne conservatrice Fox News, dont il était l’invité, a dû l’escorter jusqu’au salle de situationoù les experts électoraux l’ont confronté à des résultats sans équivoque.
Le rapport de Reince Priebus servira de feuille de route pour l’élection présidentielle de 2016. Sans renier ses principes, à commencer par le conservatisme fiscal, le Parti républicain doit s’ouvrir aux minorités ethniques et sexuelles, aux femmes et aux jeunes électeurs.
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