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Face à la crise du logement, la proposition de loi sur la location de meublés de tourisme examinée par le Sénat

Face à la crise du logement, la proposition de loi sur la location de meublés de tourisme examinée par le Sénat

Adopté par les députés en janvier dernier, le projet de loi vise à renforcer les règles et les contrôles.

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Les règles régissant l’offre d’hébergements touristiques en location seront-elles encore renforcées ? Le Sénat examine mardi 21 mai un projet de loi pour tenter d’atténuer la crise du logement. Les maires de zones très touristiques, comme la Bretagne ou le Sud-Ouest, déplorent les difficultés croissantes de leurs habitants à se loger, car de plus en plus d’appartements et de maisons sont mis en location courte durée sur des sites comme Airbnb. Le texte transpartisan arrivé au Sénat a déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Il vise notamment à fournir une boîte à outils à ces élus pour renforcer les règles et les contrôles.

Ce texte prévoit d’abord un meilleur recensement des locations touristiques. S’il est adopté, tous les propriétaires devront inscrire leur logement meublé sur une plateforme nationale dédiée. Pour l’instant, cette déclaration ne concerne que quelques villes. Avec cet élargissement, les élus locaux auront accès aux données locatives sur leur territoire. Cela devrait permettre un meilleur contrôle de ces locations touristiques, comme cela se fait déjà pour les hôtels ou les campings.

« Trouvons les bonnes mesures, ciblons-les, et en particulier ciblons les spéculateurs potentiels. »

Clément Eulry, directeur d’Airbnb en France et en Europe

sur franceinfo

Les maires pourront également limiter le nombre de jours pendant lesquels un propriétaire est autorisé à louer sa résidence principale. La limite nationale est fixée à 120 jours par an maximum. Avec cette loi, les élus pourraient plafonner cette limite à 90 jours. Mais cette disposition est contestée par le directeur d’Airbnb en France et en Belgique, Clément Eulry, invité de franceinfo mardi : « Quand on limite le nombre de jours pendant lesquels une résidence principale peut être louée, on voit que cela n’aura aucun impact sur le logement. Aucun logement ne sera libéré. En revanche, cela va s’attaquer au pouvoir d’achat des Français et à l’accueil touristique. Aujourd’hui, il existe un million de meublés touristiques en France, plus de 9 de ces logements sur 10 sont loués occasionnellement. Ce sont des résidences principales ou des maisons familiales. Les parlementaires qui soutiennent le texte répondent qu’au contraire, le plafond sera pertinent pour limiter la fraude aux résidences principales.

L’autre mesure phare du projet de loi vise une fiscalité avantageuse sur ces locations touristiques, ce que l’on appelle la « niche fiscale Airbnb ». Les propriétaires qui louent de courte durée bénéficient d’une réduction de 50 %, si les revenus locatifs ne dépassent pas un certain seuil. Dans de rares cas, cette réduction peut atteindre 71 %. Il s’agit d’une taxe bien plus avantageuse que celle sur les logements non meublés.

Les parlementaires à l’origine du texte dénoncent une injustice. Parmi eux, Iñaki Echaniz, député socialiste des Pyrénées-Atlantiques, invité de franceinfo mardi : « Quelqu’un qui loue à l’année à des résidents qui soutiennent les quartiers, les écoles, les commerces locaux, n’a qu’une réduction de 30 %. Alors que quelqu’un qui loue beaucoup plus et participe à une forme de spéculation, il aura 71% de réduction. Il ne participera pas à l’effort collectif. Donc aujourd’hui, c’est une mesure de justice fiscale et j’espère que cela encouragera les propriétaires. faire de la location longue durée car aujourd’hui nos territoires sont vides. »

« C’est une mesure qui va rééquilibrer la fiscalité. »

Iñaki Echaniz, député socialiste des Pyrénées-Atlantiques

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Mais, sur ce dossier, il existe un imbroglio législatif : la niche a déjà été supprimée, dans la loi de finances pour 2024, contre l’avis du gouvernement. Et Bercy souhaiterait aborder la fiscalité lors des débats sur le prochain budget, pour 2025, et non devant le Sénat lors de l’examen du projet de loi.

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