« Ce monstre a ruiné nos vies et celle de mon enfant ! (…) Quand on est un homme, monsieur, on assume ses responsabilités ! » Chez le père de Céleste, qui termine son témoignage en jetant un regard sombre sur l’accusé, la colère est grande ce mercredi. Aussi profonde, peut-être, que la tristesse qui s’abat soudain sur le reste de cette « famille heureuse mais qui ne le sera plus jamais », depuis le 20 août 2020.
Cet après-midi, leur fille, sœur ou cousine de 15 ans a été violée puis tuée à Nantes, dans un immeuble abandonné situé à 150 mètres de son domicile. Sortie chercher un colis Vinted, l’adolescente fan de mode et de déco, décrite comme « un rayon de soleil » mais qui savait aussi être « méfiante », n’est jamais retournée chez sa mère pour essayer les jeans qu’elle avait commandés.
Un accusé qui reste une énigme
Depuis vendredi, son meurtrier présumé, François Vergniaud, un récidiviste de 50 ans, est jugé par la cour d’assises de Loire-Atlantique. Et parmi les gens soudés et soudés qui sont montés à la barre avec émotion ce matin, c’est aussi l’incompréhension qui domine. « Comment a-t-elle pu être piégée ? demande sa cousine en sanglotant. Le soutien de cet être sans âme était-il digne de ses ténèbres ? »
Prostré dans son box, la tête baissée révélant une légère calvitie, l’homme « à la froideur affective » reste une énigme : après avoir passé dix ans en prison pour neuf viols bénéficiant alors d’une réduction de peine, ni sa compagne avec qui il a mené une « vie épanouie », ni les professionnels qu’il rencontrait régulièrement dans le cadre de son suivi socio-judiciaire n’auraient imaginé qu’il puisse recommencer. Et pourtant.
« Une partie cachée de moi »
En secret, sans jamais en parler à son psychiatre ni à ses proches, François Vergniaud « s’était retombé » dans le visionnage de contenus pornographiques plusieurs mois avant le drame. De plus en plus souvent, avec des images de plus en plus violentes, dont certaines montraient des scènes d’enlèvement et de viol. Lorsque sa compagne n’était pas avec lui pour faire ses courses, il en profitait pour filmer de jeunes clients au supermarché. Les « envies » sont revenues.
« Petit à petit, j’ai senti que je n’étais parfois plus dans mon état normal », explique d’une voix monocorde l’accusé, chez qui aucune altération des facultés mentales n’a été décelée. Quand je m’y replonge, je ne suis plus l’homme prévenant et doux. Comme une partie cachée de moi : je retombe dans mes défauts mais je me mens, je suis persuadé que ça va. »
« Trouver un endroit pour attaquer »
Ce « voyage », comme il l’appelle, l’emmène jusqu’au 18 août 2020. Profitant d’un rendez-vous chez le dentiste à Nantes, l’accusé se rend rue Adolphe-Moitié avec un objectif : celui de « trouver un endroit pour attaquer un encore une fille. Caressez-la simplement. « Mais parfois je reprends conscience, je me dis de partir », poursuit-il de sa voix grave. C’est « une double personnalité » : je suis la même personne mais mon esprit parvient à déformer mes pensées. »
Deux jours plus tard, François Vergniaud revient dans la même petite rue pour « poursuivre ses repérages », équipé cette fois d’une bouteille d’eau de Javel pour « effacer ses empreintes ». Il découvre un immeuble vide en construction qui « correspond », ferme une fenêtre pour « étouffer d’éventuels cris » de sa future victime, puis sort sur le trottoir. Et tandis qu’il assure une nouvelle fois « reprendre ses esprits » et regagner sa voiture, la silhouette de Céleste apparaît au loin.
« Changer la loi »
« Quelque chose en moi bouge encore », souffle le quinquagénaire, avant de décrire, de manière parfois confuse, comment il l’a attirée dans le bâtiment, avant de l’attacher, de la violer puis de l’étrangler avec des liens qu’il aurait pu lui faire. trouvé là-bas. C’est dans le bâtiment en feu, éclairé par l’accusé avec des allumettes, que le corps de Céleste a été retrouvé quelques heures plus tard.
Ce mercredi matin, la grande sœur de la victime a également raconté le « cri déchirant » qu’elle a entendu ce jour-là dans la rue en toute fin d’après-midi. Celle de sa mère qui s’inquiétait de ne pas voir revenir sa fille, comprenant « tout de suite » que quelque chose de terrible lui était arrivé lorsqu’elle a vu la police bloquer la rue. Plusieurs membres de sa famille espéraient également que ce procès pourrait « changer la loi, avec des peines plus sévères pour les prédateurs sexuels ». L’accusé risque la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi.