Fabien Canu : « L’Insep sera le camp de base olympique exclusif de l’équipe de France »

Comment l’Insep prépare-t-elle cette année pré-olympique ?
Nous n’avons pas attendu que l’objectif des Jeux évolue. C’est un moment unique pour l’établissement, pour ceux qui y vivent et y travaillent (1). Les Jeux changent la donne. Les services liés à la performance, tels que la préparation mentale et physique, l’entraînement, la nutrition, l’éducation, la recherche et autres, ont été étendus et élargis avec de nombreux spécialistes ces dernières années. Ceci est pour toutes les fédérations, basées ici ou non. Nous voulons que les athlètes et les entraîneurs puissent s’entraîner avec nous avec tous les services, mais surtout ne pas les couper du reste. Ce serait une erreur. Nous n’allons pas faire les Jeux avant les Jeux.
Il reste un peu plus de cinq cents jours (2). C’est beaucoup et peu à la fois…
Le budget annuel de l’Institut est de 38 à 40 millions d’euros. Rien qu’en 2023, avec la bulle pour le basket 3×3, le bâtiment médical et la climatisation des salles, nous avons atteint 8 millions d’euros de travaux. C’est une course contre la montre pour être prêt. Nous serons un camp de base exclusif pour l’équipe de France début juillet 2024. Nous pourrons accueillir entre 300 et 400 personnes.
Nous collaborons avec des sports qui n’ont jamais été avec nous et même avec ceux qui ont choisi de créer leurs propres structures.
Les fédérations pourraient-elles choisir de rester à l’Insep pendant les Jeux plutôt qu’au village olympique ?
C’est considéré. Le basket et le water-polo veulent y séjourner, au calme, dans un environnement qu’ils connaissent parfaitement. Deux ou trois autres disciplines sont en cause, comme le triathlon.
La perspective des Jeux redonne-t-elle à l’Insep un rôle majeur dans le sport français ?
Ce n’est pas faux. Cela nous donne une position plus centrale. Même s’il existe d’excellents centres français en province (Montpellier, Font-Romeu, etc.), nous ne sommes en concurrence avec personne. Nous collaborons avec des sports qui n’ont jamais été avec nous et même avec ceux qui ont choisi de créer leurs propres structures. On s’inspire aussi beaucoup des meilleurs à l’étranger, on reste à l’affût pour rester à la pointe de la performance. En sport, ceux qui réussissent sont ceux qui sont curieux d’aller voir ailleurs.
Lors de la création de l’Agence nationale des sports (ANS) en 2019, Claude Onesta, directeur général de la performance, avait rayé l’Insep, jugée inapte au très haut niveau…
La création de l’ANS a changé les choses. Je sais que c’était tendu avec l’Insep sur nos prérogatives respectives. J’ai pris mes fonctions en septembre 2021 et j’ai dit à Claude (Onesta) : « Les Jeux, c’est dans moins de trois ans, il faut travailler ensemble. En interne, j’ai aussi passé le message aux équipes qui étaient un peu énervées. Je trouve que nous travaillons en bons termes avec l’ANS aujourd’hui.
Pour les Jeux, douze programmes de recherche prioritaires ont été lancés par l’Agence nationale de la recherche.
Dans quel domaine, par exemple ?
L’ANS voulait que nous nous concentrions sur les données et leur collecte dans tous les domaines. Nous étions très, très en retard. L’ANS finance l’Insep à hauteur de 1,5 million d’euros par an. Nous y avons mis tellement d’argent. Une dizaine de personnes y travaillent ici. Nous avons une énorme base de données. Dans le cadre du plan d’investissements d’avenir en 2019, il a été décidé d’allouer 20 millions d’euros à la recherche dans le sport en lien avec les Jeux. Douze programmes de recherche prioritaires ont été lancés par l’Agence nationale de la recherche (ANR). L’Insep est impliquée dans 7 des 12 programmes. Les laboratoires, c’est 50 personnes qui travaillent ici pour les Jeux.
La présence des disciplines paralympiques est encore cantonnée à l’Insep, alors qu’on parle d’une seule équipe de France, valides et handicapés. Comment l’expliquer ?
Le Comité Paralympique et Sportif Français a son siège à l’Insep et y organise bien d’autres stages, même si le Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive de Vichy reste son centre d’accueil pour les collectifs. A l’Insep, les sportifs s’entraînent déjà avec les valides. C’est le cas de deux malvoyants en judo. Le para-taekwondo est là, l’escrime, le football aveugle aussi. Un centre para-athlétisme se développe. En 2024, les dix jours précédant les Paralympiques, une délégation de 200 personnes, athlètes et staff, y séjournera. Nous allons mettre les chambres à la norme PMR (3). Une de nos faiblesses est que tout est loin à l’Insep, pour les déplacements en fauteuil roulant par exemple. Nous travaillons sur des solutions. Il y a encore beaucoup de place à l’amélioration.
Grb2