EXCLUSIF. Pro D2 : Jean-Claude Maillard, le président de l’US Montauban, met la pression sur son équipe avant les six derniers matches décisifs

Discret depuis de longs mois, le président de l’Union Sportive Montalbanaise sort de sa réserve pour évoquer la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’équipe professionnelle de Pro D2. Les mots sont posés, pesés, mais le président, qui rencontrera les joueurs ce mardi matin, met la pression sur tout le monde. Et reste évasif sur son avenir à la tête de l’institution en cas de relégation.
Avez-vous bien dormi vendredi soir, après la défaite face à Béziers ?
Pas très bien, non. La situation que nous vivons est préoccupante, et me déçoit beaucoup. Donc on ne dort pas bien.
Ça aurait pu être une super soirée, mais c’était cauchemardesque, avec les autres résultats ?
Comme tu dis. On parvient à résister en première mi-temps, tournant en tête. Ensuite, on n’a pas su contenir des Biterrois qui sont restés collectifs, même à treize contre quinze.
Est-ce désespérant d’être supporter de l’USM cette saison ?
C’est ça. De toute évidence, nous n’avons pas fait ce qu’il fallait. Je suis déçu du comportement de l’équipe bien sûr. On a des individus, d’un niveau plus que correct pour la Pro D2, mais on n’a pas su se comporter comme une équipe unie, qui a des ambitions. L’absence de résultats s’explique par un manque de cohésion d’équipe. Quand je vois le match contre Béziers, je n’ai pas l’impression que ce soit le comportement d’une équipe qui veut sauver le club dans ce championnat. Il faut maintenant puiser toute l’énergie du plus profond de soi pour aller chercher les victoires et les points nécessaires. Je sais que ça va être très compliqué, mais j’espère, et je pense, que ça reste faisable.
Penses-tu que le groupe est totalement impliqué dans le projet ?
Les joueurs sont mécontents de voir ce qui se passe. Tout le monde s’accorde à dire qu’on n’a pas le comportement d’une équipe unie, face à Béziers, mais aussi tout au long de la saison. Nous avons quelques jours pour régler ce problème, et pas quelques matchs.
Cela ne s’est pas produit cette saison, alors vous croyez aux miracles ?
Non. Le seul levier pour se sauver, c’est que les joueurs, et tout l’environnement autour des joueurs, se concentrent sur le maintien. Ce n’est pas dans quelques jours qu’on va améliorer notre background, construire une nouvelle stratégie. Chacun doit être tenu responsable.
Le président que vous êtes a tapé du poing sur la table depuis vendredi ?
Je rencontre les joueurs ce mardi matin. Dans une telle situation, le président ne peut s’absenter. Je leur rappellerai tout ce qui a été fait, tout ce que j’attends d’eux. C’est d’une réaction collective dont nous avons besoin.
Un petit mot sur le recrutement, qui a généralement été un échec ?
C’est probablement une combinaison de facteurs qui nous a amenés à ce point.
Vous avez exigé un comportement exemplaire sur le terrain, mais aussi à l’extérieur. À quelle distance sommes-nous?
Exemplaire, certainement pas. Cependant, je ne pense pas que ce soit le comportement en dehors du terrain qui soit à l’origine de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Dès le début de la saison, on s’est dit qu’on était bien plus forts que ce qu’on était. On s’est mis trop vite dans la tête qu’on allait faire une belle saison, après des matchs de préparation assez réussis. Mais pour faire une belle saison, il faut d’abord gagner les matchs, plutôt que de se regarder, et de se trouver trop beau, en se disant que ça venait, et que ça n’est jamais venu. Après neuf matchs, David Gérard nous a quittés, car j’avoue que c’est certainement plus facile pour un président de changer un homme plutôt que plusieurs.
Dès le début de la saison, nous pensions que nous étions plus forts que ce que nous étions. Faut gagner les matchs avant de se trouver belle
Est-ce un choix que vous regrettez aujourd’hui ?
Non non. Nous n’avons pas réussi à changer cet état d’esprit, alors que d’autres travaillent beaucoup plus que nous, et surtout de manière plus solidaire.
Y a-t-il des clans dans l’équipe ?
Je ne vais pas rentrer dans les détails de la vie du groupe, mais quand on ne sent pas une forte capacité de rébellion, peut-être que l’unité ne suffit pas. Nous sommes dans un sport où la rébellion individuelle ne sert à rien.
Les décisions peuvent-elles encore être prises à six jours de la fin du championnat ?
Clairement pas. A part un recrutement de plus qui nous est autorisé, je ne vois pas comment cela serait possible. Changer d’hommes, c’est changer de staff ? Le responsable technique a déjà changé, nous n’allons pas recommencer maintenant. Accueillir un nouveau joueur, pourquoi pas. Notre marge de manœuvre est extrêmement limitée. Une mobilisation générale doit être décrétée, qui doit devenir indispensable.
Travaillez-vous sur une éventuelle relégation ?
Nous ne sommes pas dans la méthode coué ; nous sommes pleinement conscients que la situation est très grave. Aujourd’hui, nous ne pensons pas à la saison prochaine, car tout peut être déterminé le dernier jour.
Vous avez toujours dit que tant que vous n’auriez pas atteint vos objectifs, vous resteriez à l’USM. Pensez-vous déjà à la relégation ?
Bien sûr, cela fait réfléchir. Ce n’était pas du tout au programme. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation d’échec, il faut l’accepter. On n’accomplit pas tout dans la vie. Bien sûr, je le regrette; bien sûr je me demande ce que nous n’avons pas bien fait ; bien sûr je me remets en question personnellement, tout en remettant en cause tout ce qui fait le club. Mais l’heure n’est pas venue de dire ‘on lâche tout et on abandonne tout’, mais au contraire de décréter l’union sacrée autour du rugby à Montauban.
Les fans sont frustrés de voir une équipe avec un budget de 10 millions d’euros à ce niveau. Qu’en penses-tu ?
Qu’ils ont raison de s’agacer, dans une situation économique difficile, avec l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat. Je comprends aussi qu’ils soient agacés de voir des comportements insuffisants, par rapport à une masse salariale qui a augmenté.
En cas de maintenance, irez-vous dans les mêmes directions ?
Si nous parvenons à nous sauver, nous avons déjà une grande partie de l’effectif qui est déjà composé. Nous ne pourrons pas tout jeter, tout reconstruire, uniquement parce que nous avons très peur.
Vous avez peur de la DNACG, le gendarme financier du rugby tricolore, et d’une surprise de dernière minute ?
Non. Nous sommes toujours en bataille pour tenter de récupérer les deux points qui nous ont été volés. Les deux reproches de la DNACG sur la situation financière de l’année écoulée sont clairs mais ne méritent en rien les deux points qui nous ont été enlevés. La procédure continue. Nous considérons que nous avons été mal jugés, et j’espère que la justice nous rendra ces deux points.
Avant la fin de saison ? Qu’en est-il des trois points sur le temps emprunté ?
Un appel est pendant pour les deux points. Je ne m’inquiète pas pour les autres.
Recueilli par Laurent Lasserre.