Européennes 2024 : l’AfD allemande, l’épine dans le pied du RN
Loin de la ferveur des meetings, la gêne est palpable au RN. Que faire de son gênant allié allemand, l’AfD, avec lequel il siège au sein du groupe Identité et démocratie (ID) au Parlement européen ? Outre-Rhin, les polémiques se multiplient et agacent le parti d’extrême droite français, obsédé par sa volonté de normalisation qui semble profiter à Jordan Bardella, largement en tête dans tous les sondages pour les élections européennes. Le RN affirme vouloir garder ses distances avec l’AfD et a prévu de se réunir après le 9 juin, jour du scrutin, pour clarifier sa position.
Pourtant, les faits parlent d’eux-mêmes. Après la révélation, en janvier dernier, par la presse allemande, d’une réunion tenue en présence de plusieurs cadres de l’AfD, pour discuter d’un « plan de remigration » censé permettre l’expulsion de plusieurs millions d’immigrés vers leur pays d’origine, l’eurodéputé allemand Maximilian Krah, son tête de liste européenne, fait désormais face à des accusations de corruption.
Soupçons
Suite à l’arrestation d’un de ses assistants parlementaires soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine, ce dirigeant bien connu fait désormais l’objet de deux enquêtes préliminaires ouvertes pour financement présumé en provenance de Chine et de Russie. De passage aux Etats-Unis, il est interrogé en décembre 2023 par le FBI américain pour les mêmes raisons. Invité à se tenir à l’écart de l’AfD, dont le lancement de campagne a eu lieu ce samedi, il n’a toutefois pas démissionné.
Ces accusations font ressortir les soupçons de collusion entre le RN et la Russie. En 2014, le parti de Marine Le Pen avait contracté un emprunt auprès d’une banque réputée proche du Kremlin, aujourd’hui remboursé. Au terme d’une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères commandée par le RN lui-même, il a été reconnu que le parti avait joué le rôle de « courroie de transmission » pour Moscou.
«Le mandat est terminé»
Avec 29% d’intentions de vote dans le dernier sondage Eurotrack OpinionWay-Vae solis pour « Les Echos », le RN voit d’un très mauvais oeil les éventuelles conséquences juridiques qui affecteraient directement ou indirectement les partis nationalistes en Europe, notamment ses proches alliés. Marine Le Pen elle-même doit être jugée le 30 septembre dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens pour des soupçons de détournement de fonds.
Au point de remettre en cause une alliance ? Dimanche, sur France 3, Jordan Bardella n’a pas caché sa réflexion à ce sujet, précisant que « la question des alliances et alliés que nous aurons dépendra des forces en présence », donc des scores nationaux. « Le mandat est terminé, nous discuterons de tout ça le 10 juin », assume l’entourage du candidat, pointant l’isolement de l’AfD dans les travées du Parlement européen.
« Nous n’irons pas là où nous ne voulons pas aller », prévient un député européen RN, avant de conclure : « Marine Le Pen a sorti son bâton pour écarter de l’AfD certaines choses qui n’étaient pas souhaitables. Ces dernières révélations nous rassurent sur le fait qu’il y a bien un problème.»