Européennes 2024 : en rendez-vous à Marseille, « rien n’est joué » pour les communistes
Marseille (Bouches-du-Rhône), envoyé spécial.
« Jusqu’au coup de sifflet final, rien n’est fini. » Il reste une semaine de campagne et, pour les communistes, pas question de baisser la garde. Sigrid Gérardin, en deuxième position de la liste menée par Léon Deffontaines, se mobilise donc pour la dernière ligne droite. Fabien Roussel insiste à son tour : « Chaque vote comptera. » Dans la friche de la Belle de Mai, les communistes ont battu le rappel.
Au moins 2 000 personnes font la queue une demi-heure avant l’ouverture des portes, tandis que des bus en provenance des villes des Bouches-du-Rhône et des départements environnants déposent militants et sympathisants venus écouter Léon Deffontaines pour ce dernier grand rendez-vous. D’une certaine manière, c’est aussi le moment de faire le point sur cette campagne, même si rien n’est joué d’ici le 9 juin.
Le défi « mobiliser les abstentionnistes »
Tout le monde a un horizon en tête : 5%. « Nous pouvons les atteindre »assure Michel Lafelice, militant à Berre-l’Étang. « À condition de mobiliser les abstentionnistes »précise-t-il aussitôt, « des gens qui en ont marre des excès de la FI ou du libéralisme de Glucksmann ». « Si je me réfère à ce qu’on vit entre nous, on gagne »plaisante Jean-Claude. « Mais avec l’ambiance générale, il y a de quoi avoir les cheveux gris »tempère le militant.
L’investissement dans la campagne est total. « J’essaie de faire le maximum, j’ai tout fait pour éclairer les gens sur la vraie nature du RN en rappelant ses votes à l’Assemblée »explique un autre militant de La Ciotat. « Sa politique patronale, antiféministe, antisociale, raciste… » crie-t-il. A ses côtés, Maryse exprime ses doutes. « Je rencontre des gens qui restent indifférents. D’autres qui prennent volontiers nos dépliants et nos programmes. Nous verrons ce qui se passera dimanche prochain. »elle dit.
Quel que soit le résultat dimanche 9 juin, les communistes venus écouter leur tête de liste se disent fiers du chemin parcouru. « Léon a fait une belle campagne. Ce garçon est bon », affirme Christian, originaire de Marseille, qui affiche sa confiance dans son parti. « On peut avoir les 5%, et envoyer cinq députés de gauche supplémentaires. Heureusement, le parti dispose d’un solide réseau de militants. Et si nous ne dépassons pas les 5 %, nous continuerons. Le PCF en a vu d’autres »il dit.
«Envoyer les héritiers de Jaurès au Parlement européen»
Sur la scène de la réunion, le secrétaire national du PCF rappelle les enjeux de ces élections européennes. « Le vote du 9 juin, c’est envoyer les héritiers de Jaurès au Parlement européen ! » » clame le leader communiste, évoquant « le génocide en cours » à Gaza, le « crimes contre l’humanité » commis contre les Palestiniens et la guerre en Ukraine. Dans la métropole méditerranéenne, il s’en prend vivement au trafic de drogue, tandis que le sénateur local Jérémy Bacchi dénonce « les mafias » et défend « l’appel de Marseille » lancé il y a quelques mois.
« Nous voulons que toutes les familles n’aient plus peur de laisser leurs enfants sortir en paix. Nous voulons mettre fin au marché de la drogue ! » lance Fabien Roussel, qui appelle à « de grandes opérations de nettoyage dans les banques, où transitent des milliards d’euros de drogue et de prostitution ». Des banques qui, à l’échelle européenne et mondiale, n’hésitent pas à organiser la fraude et l’évasion fiscale contre lesquelles l’UE doit et peut faire bien plus.
Léon Deffontaines insiste plus tard sur la raison de la liste qu’il mène : « Face à la brutalité de la situation sociale de ce pays, nous n’avons d’autre choix que d’être porteurs d’espoir, porteurs de l’ambition d’une France souveraine, dans une Europe heureuse. » Une nouvelle fois, il s’en prend à ceux qu’il considère comme ses véritables adversaires, les RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella. « Je ne les laisserai pas partir, car ils mentent et trahissent les Français »promet-il en rappelant leurs votes contre le monde du travail. « Face à eux, nous nous opposons à notre projet. Celle d’une France républicaine, laïque, sociale et universaliste. »
Léon Deffontaines se projette également sur l’après-9 juin. « Il est temps d’écrire une nouvelle page pour la gaucheil a dit, captif de deux offres politiques qui ne nous permettent pas de gagner. » Sous les ovations de la salle, au terme de ce parcours de campagne, il a annoncé la mobilisation.
« Je ne vous ferai pas croire que, le 9 juin, nous allons bouleverser l’ordre établi », explique la tête de liste. Mais « Si nous nous donnons la force de poursuivre le processus que nous avons engagé, alors ce sera cinq sièges que nous perdrons au profit de Jordan Bardella et Emmanuel Macron ».
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