Par Dominique Moisi (géopolitologue, conseiller spécial de l’Institut Montaigne.)
Les élections européennes du 9 juin n’ont pas pour le monde la même importance géopolitique que les élections américaines du 5 novembre. L’Amérique, malgré ses divisions et ses faiblesses, reste la première puissance militaire et économique mondiale. Mais à l’heure de la montée du populisme et du retour de la guerre en Europe, le vote européen n’en est pas moins essentiel. Tout comme aux États-Unis, ce vote reflétera sans doute la profonde polarisation des sociétés entre le côté de la raison et celui de l’émotion.
« Dis-moi ce qui te fait le plus peur et je te dirai qui tu es. » Pour aller droit au but, au risque de trop simplifier, il existe aujourd’hui deux camps en Europe en matière de peur. Ceux qui ont avant tout peur des migrants et plus généralement des phénomènes migratoires, pour des raisons de sécurité et d’identité. Et ceux qui, à l’inverse, considèrent que la guerre en Ukraine a radicalement transformé la situation sur le continent européen.
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