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Étudiants en journalisme, nous exigeons un meilleur traitement médiatique du conflit israélo-palestinien

Étudiants en journalisme, nous exigeons un meilleur traitement médiatique du conflit israélo-palestinien

Etudiants en journalisme, nous exigeons un traitement médiatique à la hauteur des enjeux du conflit israélo-palestinien. Depuis des mois, nous observons avec horreur, dans ces médias où nous travaillerons plus tard, de graves fautes éthiques qui contribuent à la déshumanisation du peuple palestinien et à la normalisation des crimes de guerre.

Peut-on prétendre couvrir sérieusement ce conflit tout en ignorant les bombardements continus de civils, contribuant à leur invisibilité ?

Si nous prenons la parole, c’est parce que nous croyons au rôle fondamental du journalisme, mais nous ne nous reconnaissons pas dans ces pratiques. Après sept mois d’horreur dans la bande de Gaza, nous appelons à un renouveau éthique dans la profession.

Nous ne sommes pas seuls à ressentir ce malaise. En interne, les syndicats et les entreprises de journalistes s’inquiètent du traitement pro-israélien du conflit par leurs médias. Une réalité qui s’étend aux titres de droite comme de gauche, publics et privés. Et quand ce n’est pas de la censure, c’est de l’autocensure. Par peur de perdre de l’audience ou de trop parler d’un sujet suceptible », les journalistes et rédactions ne se saisissent pas du sujet.

Le traitement biaisé du conflit par la plupart des grands médias a été documenté par Arrêt sur Images et l’association Acrimed. Nous déplorons ce cadrage médiatique biaisé, qui fausse la compréhension des enjeux et occulte le désastre humanitaire.

Trou noir journalistique

Quasiment aucun journaliste occidental n’a pu fouler ce territoire en guerre, résultat d’un blocus de l’information organisé par Israël. Nous appelons les médias français à dénoncer cette atteinte à la liberté de la presse, et non seulement à la constater.

Selon un bilan de Reporters sans frontières, au moins 103 journalistes palestiniens ont été tués par l’armée israélienne entre le 7 octobre 2023 et le 7 mars 2024. Un bilan que l’on sait provisoire et qui ne prend pas en compte la des réparateurs sur place, qui sont tout autant en danger. Parlons-en. Où est notre solidarité » envers nos sœurs et frères, inscrite dans la charte mondiale de déontologie des journalistes ?

Nous avons l’habitude dans les médias français d’entendre parler de « Réponse israélienne « , de  » frappes chirurgicales « , de  » droit d’Israël à se défendre  » ou même  » Boucliers humains du Hamas » : autant d’éléments de langage de l’armée israélienne qui tendent à légitimer son action.

Les attentats sans précédent du 7 octobre n’ont pas été un coup de tonnerre dans un ciel calme. Ils s’inscrivent dans un contexte de colonisation et d’occupation qui dure depuis plusieurs décennies. La situation actuelle doit être historicisée.

Trop souvent, la hiérarchie de l’information favorise les polémiques au détriment de la couverture de la situation à Gaza. Les polémiques autour de Sciences Po ont par exemple relégué au second plan la découverte des charniers de Khan Younès. Cela s’accompagne d’une sous-médiatisation des voix palestiniennes et de ceux qui les défendent, régulièrement accusés d’antisémitisme.

Dans les médias, la guerre est constamment commentée et débattue sans que l’on se rende compte de la gravité de la situation. Cette éditorialisation accorde une importance égale aux opinions et aux faits. Sur ce sujet, le public mérite des experts.

Nos écoles ont également un rôle à jouer. Par le passé, ils ont pu s’exprimer clairement sur les enjeux médiatiques d’actualité, comme le 5 juillet 2023 : « la CJCE (conférence des écoles de journalisme) s’inquiète de la situation dans le Journal du Dimanche », ou en signant un « Charte pour un journalisme répondant à l’urgence climatique ».

Nous appelons aujourd’hui les directeurs des écoles de journalisme à adopter une position claire sur le traitement médiatique de ce conflit au sein de la CJCE.

La profession doit prendre conscience de l’importance d’un traitement équilibré des conflits. Il en va de notre crédibilité auprès du public et de la confiance qu’il nous accorde.

Nous, journalistes en formation, craignons pour notre futur métier.

685 journalistes en formation à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ), au Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg (CUEJ), au Centre de Formation des Journalistes de Paris (CFJ), au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), à l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA), à l’École de journalisme de Grenoble (EJDG), à l’École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), à l’École de journalisme de Sciences Po Paris (EDJ), à l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), à l’Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine (IJBA), à l’École de journalisme de Toulouse (EJT), à l’Institut Pratique de Journalisme de Dauphine-PSL (IPJ), à l’École de journalisme de Cannes (EJC), à l’IUT de Journalisme de Lannionà l’Institut français de la presse (SI P), au Master de Journalisme de Sciences Po Rennes et le Master en journalisme bilingue de la Sorbonne Nouvelle.


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