Etudes de médecine : baisse du nombre d’internes, premier choix pour la chirurgie esthétique… 2025, à un an d’intervalle ?
La chirurgie esthétique arrive en première position dans les choix de spécialités de la résidence en médecine, décidés fin novembre, alors que les secteurs en manque de « bras », les urgences, la médecine générale ou encore la psychiatrie sont loin derrière dans une année particulière où la promotion des internes sera être réduit d’un millier de médecins en France, une trentaine en Occitanie-est.
Chirurgie esthétique devant l’ophtalmologie et la dermatologie, la médecine générale en 37ème position, la médecine d’urgence 36ème et la psychiatrie 40ème : le choix des spécialités, décidé fin novembre par les futurs internes en médecine, pose-t-il problème dans un contexte de déserts médicaux, de tensions en services d’urgence et crise aiguë en psychiatrie ?
« Cette année, six spécialités n’ont pas réussi à pourvoir les postes vacants. La santé publique n’a pourvu que 26% des places disponibles, la médecine et santé au travail 61%, la biologie médicale 67%, la psychiatrie 76%, la gériatrie 79% »constate le magazine l’Étudiant, qui dresse un état des lieux sur la base de la liste des admissions publiée au Journal officiel, à défaut de liste lisible : 13 classements différents sont désormais établis autour de 44 spécialités.
Le contexte est particulier : il manque un millier d’étudiants pour 2024-2025, au niveau national, et 30 en Occitanie Est, « soit 8,5% de moins, bien en dessous des 15% annoncés », indique Isabelle Laffont, doyenne de la Faculté de médecine de Montpellier-Nîmes. Il s’agit d’un effet collatéral de la réforme des études de médecine : les étudiants ont préféré redoubler plutôt que « d’essuyer le plâtre » d’une classe confrontée à de nouveaux examens, les Ecos (examens cliniques objectifs structurés), en 2024.
« La médecine esthétique est aussi le choix pour la chirurgie des brûlés »
Rémi Salomon, chef du service de néphrologie pédiatrique à l’hôpital Necker à Paris, président de la conférence médicale d’établissement (il représente les médecins) de l’AP-HP à Paris, président national de la conférence des présidents de CME, ne cache pas son inquiétude : « Quand on voit ce classement des choix de spécialités en résidence, on peut se dire qu’il y a un problème. Les besoins en psychiatrie, gériatrie, médecine générale ou santé publique sont tellement importants et les postes ne sont pas tous comblés, loin de là. devons collectivement se poser la question de savoir comment ouvrir davantage de postes dans ces disciplines, et surtout inciter les étudiants à les choisir en les rendant plus attractifs.dit-il sur Linkedin.
« Il faut introduire des spécialités peu connues, comme la biologie médicale ou la santé publique. Nous n’y pensons jamais lors du choix de nos stages. Il ne faut pas se focaliser sur le choix de la chirurgie esthétique. » ajoute Killian L’Helgouar’h. Stagiaire à Montpellier, président de l’Isni (Assemblée générale de l’intersyndicale nationale des stagiaires), il rappelle qu’à peine « 20 postes de chirurgie reconstructrice sont à pourvoir en France »sans le nier « la spécialité est très demandée » par les 9 000 élèves qui entrent à l’internat.
« La médecine esthétique n’est pas seulement une voie d’accès à des établissements très lucratifs, c’est aussi le choix de la médecine reconstructive pour les brûlés »ombre Isabelle Laffont. Elle reconnaît que les futurs médecins sont néanmoins tentés par des activités moins contraignantes sur le plan personnel. « Un exercice qui permet de concilier vie professionnelle et vie personnelle, au sein d’un temps de travail encadré »ajoute Killian L’Helgouar’h.
« Nous n’aurons pas les mêmes problèmes qu’ailleurs »
Dans l’Est Occitanie, il n’est pas vraiment question de spécialités délaissées, assure Colin Azria, président du syndicat des stagiaires de Nîmes-Montpellier. « Nous avons un cadre d’enseignement et de vie attractif, le soleil et la montagne… les 325 stagiaires de cette promotion sont répartis harmonieusement, et les stagiaires les mieux classés au niveau national demandent à venir chez nous », assure l’étudiant. Même si « médecine générale, qui représente 50% des postes proposés », ne dispose pas d’un effectif complet.
« La médecine générale est une des spécialités qui ont perdu le plus de postes, comme la médecine d’urgence et la réanimation, mais ce sont des spécialités à effectifs importants ou très importants. Treize spécialités ont perdu une position, quatre spécialités en ont perdu une deux »explique la doyenne Isabelle Laffont, qui précise qu’ici, « La psychiatrie est la spécialité qui a gagné le plus de places ». Trois de plus.
Elle ajoute que la situation va évoluer « dans les deux prochaines années ». « Nous allons augmenter très rapidement ce nombre de postes, avec pour effet la suppression du numerus clausus de 2019 et l’augmentation progressive du nombre d’étudiants en médecine en deuxième année. Nous sommes passés de 260 étudiants en 2019 à 400 en 2023, soit une augmentation de 54 %.
« On n’aura pas les mêmes problèmes qu’ailleurs, mais on ne répond pas à la question de la présence de médecins dans les zones sous-densesexplique Colin Azria. Nous travaillons avec les autorités locales pour répartir les stagiaires sur tout le territoire..
Un leitmotiv. Aux Universités d’E-Santé, à Castres, les 26 et 27 novembre, Pascal Durand, directeur de projets à l’ARS, a rappelé la nécessité « installer environ 2 600 médecins généralistes en Occitanie d’ici dix ans alors que dans le même temps, 3 000 devraient être diplômés des facultés de Toulouse et de Montpellier ». Il y a urgence alors que « Le « mur » du vieillissement se profile dans la région d’ici cinq ans ».