La revue Biomedicine & Pharmacotherapy a décidé de rétracter une étude qui liait la mort d’au moins 17 000 personnes pendant le Covid-19 à l’administration d’hydroxychloroquine dans six pays.
L’étude publiée dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy Le 2 janvier 2024 a couvert la première vague de la pandémie de mars à juillet 2020.
Elle a démontré le danger que représentait l’hydroxychloroquine lorsqu’elle était prescrite contre le Covid-19, entraînant même la mort dans certains cas. Son auteur Jean-Christophe Lega, professeur de thérapeutique aux Hospices Civils de Lyon, a estimé dans l’émission de la RTS Tout un monde que la substance aurait dû être mieux étudiée avant de la recommander.
>> Lire l’article relatant les propos de Jean-Christophe Lega : Jean-Christophe Lega : « L’hydroxychloroquine aurait dû être incluse dans un essai » avant de la recommander
Le rédacteur en chef de Biomedicine & Pharmacotherapy explique que cette étude a suscité un débat important parmi ses lecteurs et que, compte tenu de l’ampleur des critiques, l’article a été envoyé à leur comité d’éthique, qui a émis une recommandation.
Deux raisons invoquées
Les rédacteurs de la publication ont ensuite décidé de retirer l’article pour deux raisons principales.
Premièrement, la fiabilité de certaines données utilisées et la manière dont elles ont été sélectionnées. En particulier, l’éditeur considère que les données de la Belgique n’étaient pas suffisamment robustes ou fiables et qu’elles reposaient sur des estimations.
Deuxièmement, l’étude a supposé que les patients entrant dans la clinique recevaient des traitements comparables, ce qui, selon l’examen, est incorrect.
Aucune prise de position sur les conclusions
L’éditeur ne prend pas position sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine comme remède contre le Covid-19, ni sur le lien entre l’administration du médicament et la mortalité.
« Biomedicine & Pharmacotherapy » ne prétend pas non plus que la substance apporterait des bénéfices cliniques contre le Covid-19. Il se contente de commenter la méthodologie utilisée et deux points de la démarche.
Sur les ondes de la RTS en janvier dernierLe directeur de l’étude Jean-Christophe Lega avait lui-même reconnu les limites de sa publication. La revue estime qu’en l’état actuel des choses, les scientifiques français ne peuvent pas tirer de conclusions fiables. Cela pourrait être vu comme une invitation aux chercheurs à réviser et consolider leurs données.
La RTS a contacté vendredi le responsable de l’étude et son institution, mais ils n’ont pas répondu à sa demande.
Cédric Guigon/vajo