être enterré à domicile, comme le souhaitait l'acteur, une pratique qui reste "exceptionnelle"
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être enterré à domicile, comme le souhaitait l’acteur, une pratique qui reste « exceptionnelle »

Alain Delon, légende du cinéma, est décédé dimanche à l’âge de 88 ans dans sa maison de Douchy, dans le Loiret. C’est là qu’il avait souhaité être enterré.

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La dernière demeure d'Alain Delon, à Douchy dans le Loiret, le 18 août 2024. (PHILIPPINE THIBAUDAULT/RADIO FRANCE)

Peut-on être enterré dans son jardin ? La question revient dans l’actualité après le décès d’Alain Delon, dimanche 18 août. L’acteur, âgé de 88 ans, en avait fait l’une de ses dernières volontés. Il souhaitait être enterré près de ses chiens dans sa propriété de Douchy, dans le Loiret. Ce n’est toutefois pas la première fois qu’un tel cas se produit : fin 2020, Valéry Giscard d’Estaing avait été inhumé sur un terrain privé à Authon dans le Loir-et-Cher. Brigitte Bardot souhaite également reposer dans sa propriété de La Madrague à Saint-Tropez.

La loi prévoit cette possibilité, mais à titre exceptionnel. « Juridiquement, le terme « exceptionnel » laisse une large marge d’appréciation »Louis Le Foyer de Costil, avocat public, a déclaré à franceinfo.

Ce spécialiste du droit funéraire explique que la loi impose en réalité plusieurs conditions. D’abord, le bien doit être situé hors d’une zone urbaine, à au moins 35 mètres du voisinage. Dans le cas d’une inhumation, un hydrogéologue doit donner un avis favorable sur l’absence de risque de pollution des sols et de contamination des eaux.

Enfin et surtout, le préfet doit donner son accord. Sur ce point, le cas d’Alain Delon est singulier selon Louis Le Foyer de Costil : « Si c’est M. ou Mme Michu qui veut être enterré sur sa propriété à la campagne, et que tous les critères sont réunis, normalement, c’est non. Alain Delon n’est pas un cas général car c’est une grande star internationale, mais normalement, ce n’est pas ce qui est pris en compte ».

« Sa vie est exceptionnelle mais sa mort est ordinaire, donc il sera intéressant de voir ce que dira le préfet. »

Louis Le Foyer de Costil, avocat public

à franceinfo

Pour que l’accord du préfet soit donné, cette décision doit « ça a du sens », selon l’avocat. Cela peut être le cas si « Le corps, par exemple, est extrêmement compliqué à rapatrier ou si, sur la propriété, il y a déjà eu des sépultures historiques parce que c’est un château. Si quelqu’un de très important ou même inconnu a déjà été enterré sur une propriété, on pourrait dire qu’il est logique d’y enterrer également sa veuve. S’il y a déjà une personne enterrée là-bas, on peut dire que cela n’ajoute aucun inconvénient à la société ».

Si le préfet refuse, il est extrêmement compliqué de contester. Il est toujours possible de saisir le tribunal administratif. « Si le préfet dit qu’une condition n’est pas respectée et que c’est faux, alors on pourrait la contester. Mais s’il dit juste : ‘Vous respectez toutes les conditions, mais je considère que votre cas n’est pas exceptionnel’, alors c’est très difficile à contester. Il faudrait justifier qu’on est dans un cas exceptionnel, car normalement, la seule volonté de la personne ne suffit pas », assure Louis Le Foyer de Costil.

Les permissions sont rares car les conséquences sont nombreuses. « Dans 50 ou 100 ans, on ne sait pas à quoi ressemblera le terrain. Est-ce que les gens voudront construire dessus ? Parce qu’on ne pourra pas construire de nouvelle maison. Et même si on dit « pas de nouvelle maison », imaginez qu’on doive exproprier pour construire un hôpital dans 100 ans ou qu’on doive faire fonctionner un réseau d’eau ou d’électricité. Cela pourrait être très compliqué, parce qu’on n’est pas censé déranger les morts », a-t-il ajouté. prend l’avocat comme exemple.

« Il faut protéger le territoire et les biens pour qu’il n’y ait pas des corps humains partout empêchant l’installation de réseaux ou la construction d’un métro. Il faut aussi protéger la dignité des morts. C’est pourquoi un cimetière est normalement sous le contrôle d’un maire, car il y a des garanties pour la dignité des restes humains.analyse le spécialiste du droit funéraire.

Cette approche comporte également une autre complexité. L’inhumation crée une servitude à vie, un droit de passage pour les proches du défunt qui pourront se recueillir sur la tombe, y compris après la revente du bien. De plus, lorsque le préfet donne ou non son accord, la décision n’est pas publiée officiellement.

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