Êtes-vous l’une des plus grandes victimes de l’inflation ?
Les consommateurs sont-ils vraiment devenus plus pauvres à cause de l’inflation ? Ont-ils raison de se sentir exploités par les chaînes d’épicerie ? Le logement est-il devenu aussi inabordable qu’on le prétend ?
L’inflation au Québec n’ayant été que de 2,3 % au cours des 12 derniers mois, cela signifie-t-il que nous n’avons plus aucune raison de nous plaindre de la hausse du coût de la vie ?
Je tiens à remettre les pendules à l’heure. En me basant sur les données de l’Indice des prix à la consommation compilées par Statistique Canada pour la période de trois ans allant de juillet 2021 à juillet 2024, je conclus qu’un très grand nombre de ménages québécois viennent de traverser une période très difficile.
Globalement, l’indice des prix à la consommation au Québec a augmenté de 14 % en trois ans. Durant cette même période, le salaire horaire des travailleurs québécois a augmenté de 17 %. Presque la même hausse pour les gains hebdomadaires, qui ont augmenté de 17,2 %.
Aux yeux de certains observateurs, non seulement nous ne sommes pas devenus plus pauvres, mais au contraire, nous sommes devenus un peu plus riches puisque les rémunérations ont augmenté plus que l’inflation.
Les dégâts
Mais dans la vie réelle, il est clair qu’un très grand nombre de ménages luttent pour survivre en raison des pressions inflationnistes subies au cours des trois dernières années.
Pourquoi ? Parce que, en fonction de leur panier de consommation et de leurs revenus, la hausse des prix les a davantage touchés.
En effet, il apparaît malheureusement que plusieurs composantes de l’indice des prix à la consommation ont dépassé l’augmentation générale des salaires. Pire encore pour les ménages qui n’ont pas bénéficié de cette augmentation générale des rémunérations.
Le logement
Le logement est la principale composante de l’indice des prix à la consommation. Il représente 29,2 % du panier de consommation, selon Statistique Canada. La moindre augmentation a un impact important sur le portefeuille des ménages.
Prenons le cas des loyers. Ils ont augmenté de 17,9 % entre juillet 2021 et juillet 2024. Il s’agit évidemment d’une moyenne où l’on tient compte d’une augmentation relativement faible pour les locataires stables, mais d’une augmentation importante pour les locataires qui ont quitté les immeubles ou emménagé dans de nouveaux immeubles résidentiels.
Pour les propriétaires, l’augmentation générale des coûts est estimée à 21 %.
Alors que les résidences chauffées à l’électricité bénéficiaient du plafond annuel de 3 % sur la hausse des tarifs d’électricité décrété par le gouvernement de François Legault, les ménages qui se chauffent au mazout ont vu leur facture de chauffage exploser. On parle d’une augmentation de 48,7 % en trois ans !
Concernant la facture de l’assurance habitation et de l’assurance prêt immobilier, les prix ont augmenté de 24,8%.
Les plus grandes victimes du secteur immobilier sont les propriétaires qui ont du mal à renouveler leur prêt. Le coût des intérêts hypothécaires a explosé de 60,6 % en trois ans. On comprend pourquoi de nombreux propriétaires ont actuellement des difficultés à gérer leur bien.
Nourriture
Presque à égalité avec les transports, l’alimentation représente 16,7 % du panier de consommation.
De juillet 2021 à juillet 2024, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 20,8 % au total.
Plus spécifiquement, voici les augmentations enregistrées pour les produits suivants : toutes les viandes (17,2%), bœuf (26%), poulet (16,2%), poisson (15,3%), tous les produits laitiers (18,8%), œufs (26,5%), fromages (21,7%), produits de boulangerie (23,9%), légumes (22,7%), fruits (15,0%), café (23%), thé (24,8%), céréales (21,3%).
La facture du restaurant ? Elle a augmenté de 21 %.
Transport
Occupant 16,9% du panier de consommation, le poste « transports » est lui aussi touché par l’inflation. Sur trois ans, l’inflation s’est globalement établie à 15,7% dans les transports.
Plus précisément, l’essence a bondi de 24,8 % depuis juillet 2021 et le coût d’exploitation des véhicules automobiles a augmenté d’environ 19,1 %.
C’est toutefois dans les transports publics que l’inflation a le plus frappé ces trois dernières années. Le sous-indice « transports publics » a augmenté de 28,3 %. Cela comprend une hausse de 19,6 % pour les « transports urbains par bus et métro » et pour les « taxis et autres transports locaux et suburbains ». Les « transports interurbains » ont enregistré une hausse de 31,4 %.
Dans le domaine des transports, c’est « le transport aérien » qui remporte la palme de l’inflation aiguë au Canada avec une hausse de 34 % en trois ans.
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