Il fallait les deux tiers des voix pour lancer un arrêt de travail. Et le taux a été largement dépassé : 96 % des plus de 33.000 syndiqués de Boeing dans la région de Seattle aux Etats-Unis – sur les quelque 170.000 salariés du groupe – ont voté, jeudi 12 septembre, en faveur d’une grève dès que leur convention collective actuelle, vieille de 16 ans, expirera à minuit. Une première depuis 2008, où le mouvement avait duré 57 jours.
Auparavant, 94,6% des salariés avaient rejeté le nouveau contrat proposé par l’avionneur, a indiqué Jon Holden, président du syndicat des machinistes IAM-District 751. Et, selon l’agence Bloomberg, des centaines de travailleurs ont entamé dans la nuit un piquet de grève à l’usine de Renton, près de Seattle, où est produit le 737 Max, l’avion phare de l’avionneur américain.
La mobilisation paralyse depuis vendredi les deux grandes usines d’assemblage d’avions de la région de Puget Sound et la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons accumulent les retards. La production sur d’autres sites, dont une usine de pièces détachées à proximité de Portland (Oregon), a également été stoppée, tout comme la remise à neuf de dizaines de 787 Dreamliners réalisée à Everett depuis plusieurs mois. En revanche, l’assemblage du Dreamliner n’est pas perturbé à ce stade car l’usine est située en Caroline du Sud (est) et n’est pas concernée par cette convention collective.
« Nous avons été vendus »
Vendredi soir, le Service fédéral de médiation et de conciliation (SFMC) a annoncé que les parties allaient « reprennent leurs réunions au début de la semaine prochaine ». Il a salué leur volonté de travailler pour trouver une solution. « solution mutuellement acceptable » avec « l’objectif ultime est de prévenir les perturbations économiques et de créer une relation de travail positive ».
« Nous restons déterminés à reconstruire nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord », avait assuré la veille, dans un communiqué, le groupe Boeing qui avait proposé une augmentation salariale de 25% sur quatre ans ainsi qu’un engagement d’investissements dans la région et la construction du prochain avion – annoncé pour 2035 – dans son berceau historique.
Invoquant les difficultés depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et 2019, qui a coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de production, il a espéré que ces concessions seraient suffisantes pour éviter une grève. « Ce n’est un secret pour personne que notre entreprise traverse une période difficile, en partie à cause de nos propres erreurs passées. (…) Une grève mettrait en péril notre redressement commun. »avait ainsi menacé mercredi soir Kelly Ortberg, qui a succédé le 8 août à Dave Calhoun au poste de PDG de l’avionneur américain.
Mais ces propositions ne sont pas jugées à la hauteur par les salariés, dont le syndicat – qui a changé d’avis face à la colère des salariés – réclame une augmentation de 40% et une amélioration du volet de l’accord relatif aux retraites, qu’il juge insatisfaisant.
« Nous avons été vendus » Kamie Bryan, employée de Boeing depuis 18 ans, s’est exprimée jeudi auprès de l’AFP après avoir voté contre l’accord et pour la grève. « Nous ne devrions pas prendre ces quelques centimes qu’ils nous donnent et être reconnaissants », elle a noté, soulignant l’ampleur de la « revenu du patron ».
« Ils parlent d’une augmentation de 25 %, mais ce n’est pas le cas », a déclaré Paul Janousek, un électricien d’Everett qui a voté pour la grève après avoir estimé que la présentation de Boeing était « trompeur ». Selon l’homme de 55 ans, qui travaille chez Boeing depuis 13 ans, son augmentation ne serait en réalité que d’environ 9%, compte tenu de la suppression du bonus annuel.
Après la grève victorieuse des ouvriers de l’automobile aux États-Unis, un nouvel affrontement commence.
Aux côtés de ceux qui combattent !
L’urgence sociale est la priorité quotidienne de l’humanité.
- En dénonçant la violence des employeurs.
- En montrant ce que vivent ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En fournissant aux salariés des clés de compréhension et des outils pour se défendre face aux politiques ultra-libérales qui dégradent leur qualité de vie.
Connaissez-vous d’autres médias qui font cela ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.
New Grb1