États-Unis : les fusillades en Géorgie vont-elles bouleverser la campagne ?
Au rythme effrayant de plus de deux fusillades de masse par jour recensées selon les chiffres officiels (650 sur toute l’année 2023), la litanie des tragédies qui fauchent des milliers de citoyens « ordinaires » se poursuit imperturbablement aux États-Unis. Le 3 septembre, dans l’État de Géorgie, c’est, une fois de plus, en milieu scolaire qu’a eu lieu un massacre aussi gratuit qu’absurde et disproportionné. Un adolescent de 14 ans a vidé le chargeur de son AR 15, ce fusil semi-automatique qui fait figure de best-seller sur le marché libre de la vente d’armes. Bilan : 4 morts, deux élèves âgés eux aussi de 14 ans et deux enseignants.
Parmi les élèves du lycée Apalachee, dans la petite ville de Winder, dans la banlieue d’Atlanta, on compte également près d’une dizaine de blessés, dont certains grièvement blessés. Traumatisés et choqués au dernier degré, les quelque 1 900 élèves de l’école ont été confinés toute la journée du 4 septembre par les autorités. Le jeune homme, neutralisé sur les lieux de son crime par un agent de sécurité, « sera poursuivi pour meurtre et jugé comme un adulte »a déclaré Chris Hosey, directeur du Bureau d’enquête de l’État de Géorgie.
« Mettre fin à l’épidémie »
Le meurtre a provoqué une vague d’indignation dans le pays et a suscité une controverse sur le rôle du FBI, qui avait traqué l’adolescent après la publication en ligne de photos d’armes à feu et de plusieurs menaces anonymes de fusillade dans une école. Mais compte tenu des dénégations de l’adolescent et de son père, la police fédérale n’a pas jugé bon de maintenir une quelconque surveillance du jeune homme.
De nombreux observateurs déplorent une répétition sans fin comme au lendemain des tragédies les plus retentissantes, du lycée Columbine dans le Colorado (15 morts) en 1999 à celui de Parkland en Floride (17 victimes) en 2018, en passant par les enfants de l’école élémentaire de Newtown dans le Connecticut (26 morts) en 2012 à ceux d’Uwalde au Texas (21 morts) en 2022. Car rien ne bouge jamais malgré l’émotion et les réactions de tout un pays horrifié. Plusieurs syndicats ou associations d’enseignants et de parents d’élèves demandent aux pouvoirs publics « de ne pas s’exposer à des violences physiques ou psychologiques ». être à la hauteur de la situation « , qu’ils légifèrent enfin contre la prolifération des armes.
Joe Biden, comme à son habitude, a demandé au Congrès d’agir contre la vente de fusils d’assaut, soulignant dans un communiqué : « La violence armée continue de détruire la vie de nos concitoyens. » Kamala Harris, la candidate démocrate à la présidentielle de novembre, a appelé à « mettre fin à l’épidémie. » Même Donald Trump s’est lamenté : « Ces enfants bien-aimés nous ont été enlevés par un fou.. »
Mais toutes ces belles déclarations peuvent être considérées avec beaucoup de scepticisme. La redoutable National Rifle Association (NRA), le lobby pour la vente libre des armes, a les moyens de bloquer toute véritable initiative législative sur ce sujet. La NRA dispose en effet de redoutables relais au Congrès parmi les élus républicains mais aussi du camp démocrate. En vertu du rôle devenu majeur des puissances de l’argent dans le financement des campagnes électorales. Ce qui alimente une terrible crise de la démocratie américaine. Quand les lobbyistes les plus riches, bien plus que les citoyens, pèsent sur les décisions essentielles.
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