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États-Unis : la Fed face à l’énigme du marché du travail – 20/08/2024 à 13h10

Le bâtiment de la Réserve fédérale à Washington

Le bâtiment de la Réserve fédérale à Washington

par Howard Schneider

Les responsables de la Réserve fédérale, réunis cette semaine à l’occasion du symposium annuel à Jackson Hole, dans le Wyoming, peuvent être satisfaits du fait que le taux de chômage aux États-Unis reste faible par rapport aux normes historiques, à 4,3 %.

C’est pourtant souvent le cas : depuis la fin des années 1940, le taux de chômage est resté la plupart du temps inférieur à sa moyenne historique de 5,7 %, à l’exception d’épisodes durant lesquels ce taux augmente rapidement et bien au-delà de cette tendance.

La Fed craint que ce phénomène ne se répète, d’autant que la tendance n’est pas claire.

En effet, la hausse du chômage depuis janvier 2023, où il a atteint 3,7 %, s’est accompagnée d’une augmentation de 1,2 million du nombre de personnes à la recherche d’un emploi. Une telle tendance est souvent considérée comme positive pour l’économie, même si elle peut soutenir le taux de chômage.

Ces derniers jours, les responsables de la politique monétaire américaine semblent de plus en plus préoccupés par l’affaiblissement du marché du travail et se préparent à abaisser les taux, maintenus depuis plus d’un an, à leur plus haut niveau depuis 25 ans.

« L’équilibre des risques a changé et il est devenu pertinent de discuter d’une baisse des taux en septembre », a déclaré le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, dans une interview au Wall Street Journal.

D’autres responsables politiques, dont la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, ont déclaré lors d’entretiens qu’ils étaient de plus en plus confiants dans le fait que l’inflation revenait à l’objectif et qu’ils étaient favorables à une baisse des taux.

La plupart des observateurs estiment que la Fed va abaisser ses taux de 25 points de base lors de sa réunion des 17 et 18 septembre. Cette réunion sera accompagnée d’une mise à jour du « dot plot », les prévisions de taux des membres du Comité de politique monétaire, et des projections économiques de la banque centrale jusqu’en 2025 inclus.

Le président de la Fed, Jerome Powell, devrait fournir davantage de détails sur la réunion de septembre lors d’une conférence prévue vendredi au symposium de Jackson Hole.

DOUBLE MANDAT

Les responsables de la politique monétaire espèrent que ces baisses permettront un « atterrissage en douceur » – un environnement économique caractérisé par un retour de l’inflation à l’objectif sans hausse brutale du chômage – car la plupart des cycles de hausse des taux ont détérioré les marchés du travail. Les cycles monétaires passés montrent que le chômage continue d’augmenter une fois qu’il commence à augmenter.

À l’inverse, le cycle actuel a été marqué par un ralentissement impressionnant de l’inflation, la hausse de l’indice des prix PCE passant de 7,1 % sur un an en juin 2022 à 2,5 % en juillet 2024, proche de son objectif de 2 %.

Le taux de chômage n’a cependant guère bougé, restant inférieur à 4 % depuis deux ans, tandis que le nombre de nouveaux emplois est bien supérieur à sa moyenne sur dix ans.

La tendance commence à s’inverser et les responsables de la politique monétaire commencent à accorder davantage d’importance à cet aspect de leur double mandat.

En juillet, le nombre de nouveaux emplois a été plus faible que prévu, à 114 000, poussant la tendance sur trois mois en dessous de ses niveaux d’avant la pandémie et provoquant un rebond du taux de chômage de 0,2 point de pourcentage, à 4,3 %.

D’autres indicateurs sont inquiétants : alors que le nombre de personnes actives continue d’augmenter, le temps nécessaire pour trouver un emploi s’allonge également.

Toutefois, les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté au même rythme que la croissance du nombre de personnes actives.

Alors que la consommation des ménages reste élevée et que la croissance ralentit mais reste positive, la Fed ne pense pas être confrontée à une crise de l’emploi, mais la banque centrale veut éviter d’en déclencher une.

Dans un commentaire au Financial Times dimanche, Mary Daly a déclaré que maintenir les taux élevés malgré la baisse de l’inflation « garantissait que nous obtiendrions les résultats que nous voulons éviter, à savoir des prix stables et un marché de l’emploi instable et affaibli ».

Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a fait écho à cette analyse dimanche sur la chaîne de télévision CBS : « Si les taux restent serrés trop longtemps, il y aura un problème avec le mandat de plein emploi de la Fed. »

(Reportage de Howard Schneider, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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