États-Unis, France, Suisse, Canada… Le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne à Gaza s’étend dans le monde
Le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne dans la bande de Gaza continue de s’étendre. Parti des campus américains, rappelant la mobilisation contre la guerre du Vietnam et faisant parfois l’objet d’une répression policière, il atteint Paris, Lausanne, Montréal, Mexique et même Sydney.
Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, dans une quarantaine d’universités, de la côte atlantique jusqu’en Californie, évoquant des manifestations contre la guerre du Vietnam. Au total, près de 2 000 personnes ont été arrêtées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.
Ces derniers jours, la police a procédé à une série de démantèlements manu militari de camps pro-palestiniens. Les manifestants barricadés dans la prestigieuse université de Columbia, épicentre de la mobilisation étudiante, ont été chassés dans la nuit de mardi à mercredi. À l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), des dizaines d’étudiants ont été arrêtés.
Contrairement à d’autres institutions, l’université Brown (Rhode Island, Est) s’est mise d’accord avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d’un vote sur un éventuel « désinvestissement » des « entreprises qui rendent possible et profitent le génocide à Gaza ».
L’ONU s’est dite mardi « préoccupée » par les actions de la police sur les campus universitaires aux Etats-Unis. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit troublé « par une série de mesures sévères prises pour disperser et démanteler les manifestations », soulignant que « la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique sont fondamentaux ».
Le mouvement étudiant pro-palestinien s’est implanté dans plusieurs villes dont Vancouver, Ottawa, Toronto et Montréal. Le premier et le plus grand camp érigé, celui de la prestigieuse université McGill à Montréal, a débuté le 27 avril et s’est agrandi. Des centaines de manifestants ont fortifié leur camp ces derniers jours sous la menace d’un démantèlement par la police.
Ils se disent déterminés à occuper les lieux aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce que McGill mette fin à tous ses liens financiers ou académiques avec Israël. Mercredi, la direction de l’établissement a indiqué souhaiter que le camp soit démantelé « sans délai », affirmant qu’il s’agissait d’une demande « non négociable ». Selon elle, « un certain nombre de manifestants ne font pas partie de la communauté étudiante ».
La police de Montréal, qui dit prôner une issue « pacifique » de la situation, n’est pas encore intervenue pour démanteler le camp. Plus tôt cette semaine, un tribunal du Québec a rejeté une demande d’injonction déposée par deux étudiants de McGill qui exigeaient que les manifestants quittent le campus.
La police est intervenue vendredi pour évacuer des manifestants pro-palestiniens rassemblés devant l’université Humboldt à Berlin, au centre de la capitale. Environ 300 personnes ont rejoint la manifestation, selon la police, dont quelques dizaines qui ont tenté un sit-in dans la cour de l’université.
Certains manifestants ont été expulsés « de force » après avoir refusé un autre lieu, a déclaré la police de Berlin sur X. Le maire de Berlin, Kai Wegner, a critiqué la manifestation en évoquant des situations comme aux Etats-Unis ou en France.»
A l’université de Sydney, des centaines de manifestants pro-palestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face à face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n’est pas intervenue.
Des militants pro-palestiniens campent depuis dix jours sur une pelouse en face du tentaculaire bâtiment gothique de l’université de Sydney, bastion du savoir universitaire australien. Comme leurs homologues américains, les manifestants souhaitent que l’Université de Sydney rompe ses liens avec les institutions israéliennes et refuse les dons des fabricants d’armes.
Le vice-président de l’université, Mark Scott, a écrit aux étudiants et au personnel pour exprimer son « engagement en faveur de la liberté d’expression » et n’est pas allé jusqu’à demander à la police de démanteler le camp.
À Mexico, des dizaines d’étudiants pro-palestiniens de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont installé jeudi leur camp dans la capitale, scandant « Vive la Palestine libre ! » et « Du fleuve à la mer, la Palestine va gagner ! » « . Ils ont notamment demandé au gouvernement mexicain de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec Israël.
Une centaine d’étudiants pro-palestiniens ont occupé jeudi en fin d’après-midi le hall d’entrée du bâtiment Géopolis de l’Université de Lausanne (UNIL), réclamant un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat et permanent. , a rapporté l’agence de presse Keystone-ATS.
Les locaux principaux de la prestigieuse école parisienne Sciences-po, qui accueille 5.000 à 6.000 étudiants dans la capitale, resteront fermés vendredi, la police française ayant débuté vendredi une intervention pour évacuer plusieurs dizaines de militants pro-palestiniens qui occupaient les locaux de l’école depuis la veille.
Après un débat interne sur le Moyen-Orient organisé jeudi par la direction de Sciences-po Paris, auquel ont participé professeurs et étudiants, l’administrateur provisoire de l’école, Jean Bassères, a répété qu’il n’était pas question, comme le réclament certains étudiants, de « enquêter » sur les relations de Sciences-po avec les universités israéliennes.
VIDÉO. La police a évacué 91 étudiants pro-palestiniens qui occupaient Sciences-po
Les actions menées par les étudiants en faveur de Gaza se déroulent principalement dans les établissements de Sciences-po partout en France, mais peu au sein des universités. A Lille (nord), l’Institut d’études politiques restait fermé jeudi et l’accès à l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) était bloqué.
La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi aux présidents d’université d’assurer le « maintien de l’ordre public », en utilisant « toute l’étendue des pouvoirs » dont ils disposent, notamment en matière de sanctions. des mesures disciplinaires en cas de troubles ou de recours à la police.