États-Unis : des étudiants pro-palestiniens de Colombie défient l’ultimatum universitaire – 30/04/2024 à 13:39
Un manifestant pro-palestinien passe devant des militaires à l’université du Texas à Austin (Etats-Unis), le 29 avril 2024 (AFP / SUZANNE CORDEIRO)
Des étudiants de l’université de Columbia à New York, où un mouvement étudiant pro-palestinien est né aux Etats-Unis, ont occupé un bâtiment dans la nuit de lundi à mardi, défiant un ultimatum leur demandant d’arrêter leur mouvement.
De son côté, l’ONU s’est dite mardi « préoccupée » par les actions de la police sur les campus universitaires aux Etats-Unis. « Je suis préoccupé par le fait que certaines mesures prises par les forces de l’ordre dans diverses universités semblent avoir un impact disproportionné », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Le Haut-Commissaire s’est dit troublé « par une série de mesures fortes prises pour disperser et démanteler les manifestations », soulignant que « la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique sont fondamentaux ».
Columbia a commencé lundi soir à sanctionner les étudiants refusant de quitter, « sauf par la force », un camp installé pour dix jours.
Du jour au lendemain, les manifestants se sont barricadés dans le bâtiment de Hamilton et d’autres l’ont encerclé en chaîne humaine à l’extérieur, selon une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
« Des membres de la communauté de Columbia ont investi Hamilton Hall juste après minuit », a déclaré le groupe étudiant Columbia University Apartheid Divest dans un communiqué. Ils l’ont rebaptisé « Hind’s Hall » en l’honneur d’une petite fille de six ans, Hind, tuée pendant la guerre de Gaza.
– « Sauf par la force » –
« Prendre le contrôle d’un bâtiment est un risque minime comparé à la résistance quotidienne des Palestiniens à Gaza », ajoute le groupe.
« Nous avons commencé à suspendre (administrativement) les étudiants, dans le cadre de cette nouvelle mesure visant à assurer la sécurité de notre campus », a annoncé lundi soir à la presse Ben Chang, vice-président des communications de Columbia.
Des étudiants pro-Gaza manifestent dans un campement à l’université de Columbia à New York, le 29 avril 2024 (AFP / TIMOTHY A. CLARY)
Après un week-end relativement calme sur le campus, où est installé un « village » de tentes, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a lancé lundi un ultimatum expirant à 18h00 GMT. Elle a exhorté les 200 occupants d’un campement à partir, après l’échec de cinq jours de négociations en vue d’une solution à l’amiable.
Ces étudiants et militants pro-palestiniens réclamant que Columbia, université privée, coupe ses liens avec des mécènes ou des entreprises liées à Israël, appelaient alors à « protéger le campement ».
Des étudiants pro-palestiniens sur le campus de l’université de Columbia, qu’ils refusent de quitter, le 29 avril 2024 à New York (AFP / TIMOTHY A. CLARY)
« Nous ne serons pas délogés, sauf par la force », a crié Sueda Polat, une dirigeante étudiante du mouvement, lors d’un point de presse. Un journaliste de l’AFP a dénombré une cinquantaine de personnes restées lundi soir dans le petit campement dans une ambiance détendue et sans présence policière.
Columbia a assuré vendredi qu’elle ne ferait pas appel à la police new-yorkaise pour évacuer les tentes.
Mais pour Joseph Howley, professeur à Columbia, l’ultimatum du président Shafik revient à « céder à la pression politique extérieure ».
– Viêt Nam –
La vague de protestation contre la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza se propage depuis dix jours dans les universités américaines. Le mouvement est parti de Colombie où une centaine de personnes ont été arrêtées le 18 avril.
Depuis, des centaines d’autres – étudiants, enseignants et militants – ont été interrogés, parfois arrêtés et poursuivis en justice dans plusieurs universités du pays.
Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires survenus aux Etats-Unis lors de la guerre du Vietnam.
Des étudiants pro-palestiniens sur le campus de l’université de Columbia, qu’ils refusent de quitter, le 29 avril 2024 à New York (AFP / TIMOTHY A. CLARY)
Les manifestations ont relancé le débat tendu depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, sur la liberté d’expression, un droit constitutionnel et les allégations d’antisémitisme.
Cet hiver, les deux présidents des universités de Harvard et de l’UPenn ont dû démissionner après avoir été accusés devant le Congrès de Washington de ne pas en faire assez contre l’antisémitisme.
D’un côté, étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer la libre expression politique, de l’autre plusieurs personnalités, dont des élus républicains, estiment que les militants alimentent l’antisémitisme.
Les étudiants juifs ont rejoint les rangs des mobilisations pro-palestiniennes.
– « Aucun campement » autorisé au Texas –
Au cours du week-end, plus de 350 personnes ont été arrêtées dans plusieurs universités du pays et le campement de Boston a été démantelé.
A l’Université du Texas à Austin, un camp a également été démantelé et quelques personnes arrêtées. Lundi, la police a utilisé du gaz poivré. « Aucun campement ne sera autorisé », a déclaré le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott, sur les réseaux sociaux.
L’avocat Paul Quinzi, qui défend les personnes détenues à Austin, a estimé pour l’AFP « le nombre d’arrestations » qui « continuent » à « au moins 80 ».
Manifestants pro-palestiniens sur le campus de l’université UCLA, à Los Angeles (Californie), États-Unis, le 29 avril 2024 (AFP / Frederic J. BROWN)
À la Virginia Commonwealth University (VCU), à Richmond (nord-est), la police a repoussé les manifestants, selon des images de la télévision locale. Les étudiants ont accusé la police d’avoir utilisé des gaz lacrymogènes.
La direction a déclaré le
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien qui a entraîné le massacre de 1.170 personnes, principalement des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34 535 morts, pour la plupart des civils, selon le Hamas.