Etat, départements, communes… Le « millefeuille administratif » français coûte au moins 7,5 milliards d’euros par an
Un rapport remis ce mercredi au gouvernement tente pour la première fois de chiffrer le gaspillage de l’argent public induit par les compétences partagées entre plusieurs collectivités et l’Etat.
Une potentielle source d’économies pour l’État ? Le coût de « millefeuille administratif » Le français, lié à des compétences partagées par l’État et les collectivités, « peut être estimé à 7,5 milliards d’euros »précise un rapport remis au gouvernement ce mercredi 29 mai. Alors que l’exécutif a déjà procédé à 10 milliards d’euros de coupes dans les dépenses de l’État en 2024 et cherche 10 milliards d’économies supplémentaires, le coût de l’enchevêtrement des compétences «peut être réduit», note le gouvernement dans un communiqué. Mais ils « ne peut pas tous être supprimés ».
Le chiffre est issu d’un rapport commandé fin 2023 au maire de Charleville-Mézières Boris Ravignon. Il existe en France « trop de tas : vous avez des services de l’Etat, des opérateurs, des agences, quatre niveaux de collectivités, parfois des syndicats, des entreprises d’économie mixte… Ce qui ne va pas, c’est que sur une politique publique, nous sommes quatre ou cinq autour de la table »» a déploré le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave lors du lancement de la mission.
Les collectivités perdent plus que l’État
Le rapport de Boris Ravignon précise que le coût de « millefeuille administratif » pèse essentiellement sur les collectivités (6 milliards d’euros), l’État supportant une charge financière quatre fois moindre (1,5 milliard d’euros). Dans le détail, le coût de l’enchevêtrement des compétences est estimé à 4,8 milliards d’euros pour les communes, 696 millions d’euros pour les intercommunalités, 355 millions d’euros pour les départements et 117 millions pour les régions.
« Cette évaluation reste un ordre de grandeur, et sans doute un minimum, étant donné que les opérateurs » de l’État (France Travail, Agence nationale du logement, etc.) n’ont pas été inclus dans le calcul, souligne l’auteur du rapport. Pour arriver à ce chiffre, la mission a interrogé plus de 200 communautés et préfectures par questionnaire et identifié trois types de coûts induits par le partage de certaines compétences entre administrations (multiplication des comités, coordination et traitement des demandes de financement).
Les coûts liés à la coordination entre les différentes administrations qui exercent conjointement la politique publique représentent à eux seuls 85% des 7,5 milliards d’euros. Parmi les compétences dont le partage coûte le plus cher, la mission cite l’éducation (1,2 milliard d’euros), l’urbanisme (819,5 millions) et la voirie (566 millions).
Supprimer un niveau ?
Cependant, « La France n’a pas une catégorie de collectivités à éliminer, une strate d’élus à liquider pour que tout s’arrange »insiste Boris Ravignon en conclusion de son rapport. « Le souhait le plus vif de la mission est que la réflexion se poursuive, pour examiner toutes les responsabilités que notre État, enfin recentré et stratégique, pourrait déléguer en toute confiance aux collectivités françaises »il continue.
Le maire de Charleville-Mézières plaide également pour un « projet de simplification des normes », un autre cheval de bataille du gouvernement ces derniers mois en plus du contrôle des dépenses publiques. Parmi les pistes à explorer, Boris Ravignon suggère de simplifier la gestion des ressources humaines dans les collectivités ou de revoir les règles et l’organisation de la commande publique pour la rendre plus efficace. « plus efficace et efficient ».
Selon Thomas Cazenave, cité dans le communiqué du gouvernement, ce rapport est un « contribution à la réflexion plus globale souhaitée par le président de la République » autour de la décentralisation, thème sur lequel une autre mission a été confiée au député de la majorité Eric Woerth. Le rapport Ravignon « alimentera la future concertation avec les associations d’élus »ajoute Thomas Cazenave.