Etat de crise entre la direction du BHV et ses fournisseurs
Lorsque Stéphane Cognault a franchi les portes du BHV Marais lors du vernissage, samedi 15 juin, ce n’était pas pour faire des achats. Le directeur et fondateur de la marque de guirlandes lumineuses tissées La Case de Cousin Paul s’est précipité au quatrième étage et, d’un geste agacé, a enroulé une corde autour des 36 mètres carrés du stand qu’il occupait au rayon luminaires du grand magasin parisien. Au personnel alentour et aux clients médusés, il a répondu que son espace de vente était fermé pour la journée.
Depuis plus de dix ans, les suspensions colorées de M. Cognault sont distribuées dans ce temple du shopping emblématique de la rue de Rivoli, dans le 4eet Le quartier de la Porte de Versailles, fréquenté par 13 millions de visiteurs par an – dont seulement 15 % sont des étrangers –, n’a jamais connu une telle situation. Il fonctionne, comme de nombreux fournisseurs, sous le régime de la concession, une pratique courante dans les grands magasins. Les enseignes gèrent elles-mêmes leurs ventes (personnel, stock…) sur les mètres carrés attribués. Le grand magasin encaisse les recettes et les reverse, commission déduite, généralement dans un délai de quinze jours après la fin du mois.
Mais les factures impayées s’accumulent pour La Case de cousin Paul : environ 50 000 euros, correspondant à ses revenus de mars, avril et mai. Au risque de mettre en péril la PME basée à Tours. « J’emploie trois personnes chez BHV, je livre les marchandises, je paie les salaires avec les charges. Pour une PME, c’est difficile »dit le patron.
Menaces de poursuites
L’opération choc lui a ensuite permis de se faire entendre auprès de la direction et d’obtenir, au coup par coup, le paiement de ses trois mois de chiffre d’affaires. Le tout accompagné d’un mail explicatif justifiant les retards par des problèmes informatiques. « BHV est un distributeur important pour nous, il représente entre 7% et 9% de notre chiffre d’affaires selon les années. Nous aimons cette marque et notre stand est rentable. »se lamente-t-il. Mais nous revoilà cet été, pour sa recette de juin qu’il a reçue avec deux semaines de retard.
Et il n’est pas le seul dans cette situation. De nombreux fournisseurs et prestataires de services (sécurité, cantine, etc.) se plaignent, depuis le changement de propriétaire du BHV au début de l’année, de ne pas être payés à temps. Certains ont menacé d’engager des poursuites par l’intermédiaire de leur avocat, d’autres ont ralenti les livraisons de marchandises, d’autres encore ont fermé leurs stands… afin d’obtenir ce qui leur est dû. Le 4et étage du magasin, celui de Madura a rouvert début septembre après avoir fermé ses portes pendant plusieurs jours.
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